Le gouvernement de Justin Trudeau est à cheval sur la clôture quand il s’agit du chemin Roxham. Il faut dire qu’il ne doit pas directement composer avec les migrants qui y transitent. L’essentiel de son engagement sur le terrain consiste en la présence d’agents de la Gendarmerie royale du Canada qui y appréhendent symboliquement les nouveaux venus avant de les envoyer à Montréal.
Le gouvernement du Québec n’a pas le luxe, lui, de détourner le regard, puisqu’il doit offrir un soutien financier et l’accès aux services publics aux gens qui arrivent sur son territoire.
Il n’a pas non plus le loisir de faire comme bien des analystes de mon espèce, qui tiennent à placer la petite pièce que représente le chemin Roxham dans le vaste casse-tête des migrations internationales.
Ah, nous avons la part belle, nous, Occidentaux ! La planète est notre terrain de jeu. En tant que touristes, nous sommes acceptés dans quasi tous les pays ; en tant que consommateurs, nous profitons des ressources naturelles et ouvrières des pays démunis ou aux gouvernements corrompus. Et quand nous manquons de personnel dans nos champs, dans nos hôpitaux, dans nos garderies, nous allons piger dans les forces vives du Mexique, du Maroc, du Cameroun, d’Algérie…
On s’étonne ensuite de voir des gens fuir l’exploitation et la misère, sans oublier les guerres et les désastres naturels. En 2022, cela s’est traduit par 103 millions de personnes déplacées, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés — plus du double d’il y a 10 ans.
Cela n’ira pas en s’améliorant, puisque les pays d’accueil s’attaquent aux conséquences de ces déplacements sans s’attarder aux causes. Et les tensions qui en découlent se transforment en affrontements, comme on le voit en Grèce, en France, en Suède, en Turquie, aux États-Unis…
Au Québec, on reste au moins dans une philosophie d’accueil, ce dont témoignent les reportages consacrés au chemin Roxham. Cela ne change rien à la situation précaire des nouveaux arrivants, mais humainement, la nuance nous distingue.
Tout cela étant posé, il reste que, si j’étais première ministre du Québec, je me demande ce que je ferais concrètement de ce bout de chemin là…
Eh bien, je dois admettre que ça finirait par une lettre semblable à celle que le premier ministre François Legault a envoyée dimanche à Justin Trudeau ! Moins pour l’intransigeance quant à la solution immédiate (envoyer dans les autres provinces tous les demandeurs d’asile entrés ici de manière irrégulière) que pour la phrase qui en résume le sens : « Le chemin Roxham devra être fermé un jour, qu’on le veuille ou non. »
François Legault a raison : comment peut-on rester dans pareille fiction ? Surtout qu’elle découle d’une rivalité politique dans laquelle les migrants n’avaient que le rôle de figurants.
Il faut se rappeler que l’Entente sur les tiers pays sûrs, signée entre le Canada et les États-Unis, est en vigueur depuis 2004. Elle exige que toute demande d’asile soit faite dans le premier des deux pays où un migrant arrive. Or, ce n’est que depuis 2017 qu’elle est associée au chemin Roxham.
Cette année-là, Donald Trump, nouvellement élu à la présidence américaine, décide de resserrer les mesures migratoires. Pour bien marquer son contrepoids politique, Justin Trudeau riposte en vantant l’accueil du Canada sur les réseaux sociaux.
Son message est aussitôt entendu : 4 440 migrants passent par le chemin Roxham ; l’année suivante, ils seront 16 220. L’an dernier, on a compté 39 000 passages. Depuis, on a constaté que les réseaux de passeurs et l’encouragement des autorités américaines ont renforcé ce système parallèle d’entrée au Canada.
Qu’on l’aborde du côté du cœur ou de la raison, c’est une incongruité.
Le cœur, c’est que la situation crée une inégalité entre les réfugiés. D’un côté, il y a ceux qui ont suivi les procédures et qui attendent la permission d’entrer ici ; de l’autre, ceux qui, parce qu’ils sont en mesure de traverser la frontière à pied, peuvent aussitôt s’installer. L’injustice a aussi cette forme.
La raison, c’est ce que le premier ministre Legault énonce dans sa lettre de trois pages. Le chemin Roxham étant le point d’entrée non officiel le plus facile d’accès de la très longue frontière entre le Canada et les États-Unis, cela fait que le Québec prend en charge « une part complètement disproportionnée des demandeurs d’asile au Canada ». Ce qui se répercute sur le réseau scolaire, les services de garde, les services de francisation, le système de santé, les organismes communautaires…
Certains s’insurgent : le dérèglement de nos services publics n’est pas dû aux migrants ! Ils rappellent que ceux-ci y occupent les plus durs emplois : aux cuisines, à l’entretien ou comme préposés aux bénéficiaires. Ce constat a pourtant ses limites.
Il faut d’abord noter que si l’immigration permanente monopolise nos débats publics (quel seuil est acceptable ?), l’immigration dite temporaire est trois fois plus élevée, comme le soulignait un dossier du Devoir le mois dernier. Cette immigration temporaire relève toutefois de différents programmes qui permettent de la gérer, ce qui inclut la catégorie des demandeurs d’asile.
Or, le chemin Roxham nous amène dans une autre dynamique, qui entrave désormais la capacité du gouvernement de prévoir l’arrivée de réfugiés et d’y faire face. Ce sont plutôt des passeurs qui sont à la manœuvre et ils n’ont pas intérêt à voir la manne se tarir. Il est dès lors vraisemblable que la popularité croissante du célèbre passage continue sur sa lancée. Voulons-nous réellement que nos politiques démographiques soient dépendantes de pratiques douteuses contre lesquelles nous sommes impuissants ?
Bien sûr, la vraie réponse au passage par le chemin Roxham serait que le sujet soit pris au sérieux par le premier ministre canadien et le président américain. On y arrivera un jour, mais visiblement pas sous les administrations actuelles. D’ici là, on ne peut que répartir les efforts d’accueil, ce qui est de responsabilité fédérale. C’est affaire de raison autant que de cœur.
Il faut absolument que les demandes d’immigration aient lieu dans le pays d’origine. Comme autrefois.
Bonne analyse et faudrait peut-être arrêter d’en faire une question de crédit politique.Je me pose une question:N’y aurait-il pas lieu d’accélérer l’analyse de leurs dossier pour savoir s’ils sont réellement en danger et retourner chez eux, ceux qui ne le sont pas?
C’est Michel Rocard en 1989 qui disait:¨« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde… »¨ eh bien, le Québec non plus. Il faudrait cesser de culpabiliser l’occident de tous les maux de la terre, mais plutôt chercher à aider les migrants non pas à se déraciner, mais à tenter de régler leurs problèmes à la source avec leur aide. Combat de la corruption, combat du totalitarisme, combat de l’exploitation, etc.
Personne ne veut, sauf pour des raisons graves, quitter son sol natal. C’est là qu’il faut agir, non pas ici quand le problème se déplace avec les migrants eux-mêmes. Et il ne faut pas non plus interchanger les mots ¨réfugiés¨ et ¨immigrants¨ ordinaires.
Un réfugié est une personne dont la vie est menacée par un régime quelconque; exemple, ¨Salman Rushdie¨ (et bien d’autres) dont la tête a été mise à prix par une ¨fatwa¨ du régime islamiste iranien. Un immigrant se déplace dans le but d’obtenir la possibilité d’une vie meilleure ailleurs sans nécessairement que sa vie soit en danger.
Dans le cas de Roxham, ce sont des immigrants qui contournent ( donc, illégalement) le système en place au détriment de ceux qui suivent les règles. C’est donc, dans les faits, inacceptable et la situation doit être corrigée par le principal (ir)responsable qui est le P.M. du ¨plus meilleur pays du monde¨, Justin Trudeau.
Je n’ai malheureusement aucun espoir de voir ce dossier se régler dans un avenir rapproché. M. Trudeau a maintes fois démontré que sa gestion de dossiers “chauds” et complexes est défaillante. Son manque de leadership est désolant et la situation continuera de se détériorer, à mon avis.
Toujours hors de contrôle en nombre et en manque de ressources, ce qui n’est pas durable. Cela n’augure rien de bon pour le confort et la sécurité contemporains. Les politiciens sont irresponsables et stupides. Les dirigeants mondiaux devraient s’en prendre aux dictateurs des pays d’où viennent les réfugiés plutôt que de les serrer dans leurs bras.
Les frontières existent entre autres pour qu’un pays puisse encadrer le sort de ses habitants, qu’il soit démocratique ou autre. Considérant le chemin Roxam, pourquoi chercher une solution compliquée comme modifier l’entente sur les pays tiers alors qu’on pourrait tout simplement fermer ce chemin. Il appartient sûrement à quelque municipalité ou est privé. Puisqu’on exproprie des maisons pour des projets pas toujours intelligents, pensons Mirabel, pourquoi le gouvernement provincial ou autre ne pourrait-il pas le faire, en créant un parc, une clôture ou tout autre moyen de le fermer. On l’a fait pendant la pandémie…alors c’est faisable.
Et qu’on ne m’ invoque pas qu’on agirait ainsi comme Trump à la frontière sud ou que les immigrants iraient ailleurs pour traverser. Pourquoi des frontières alors?
C’est que ce chemin profite à bien du monde. Voilâ pourquoi on ne le ferme pas!
Vos deux dernières phrases résument très bien la situation. Pour faire taire quelqu’un, on va le traiter de ¨Trump¨ (pour ne pas dire Schtrumpff), et de xénophobe, mais de ça, on s’en fout. Pour ce qui est d’aller traverser ailleurs, ce serait en soi une bonne chose, la frontière ontarienne n’étant pas si loin, ou ailleurs vers l’ouest. Ils comprendraient peut-être un peu plus alors.
Et que ce chemin profite à bien du monde, là aussi vous avez parfaitement raison, car on pourrait même douter de certaines personnes en autorité dans ce dossier.
« L’impasse du chemin Roxham » Josée Boileau, L’Actualité. Commentaire : À croire que tous les chemins de traverse en immigration illégale ou à tout le moins irrégulière ramèneraient à un Roxam démultiplié sur toute la ligne de la frontière ! J’appelle cela une démonstration par l’absurde de celui qui tente de s’en laver les mains, moi. Quand « la journée Porte Ouverte » perpétuelle prendra fin une bonne fois pour toutes, les aventuriers du champ gauche vont avoir trop la chienne de fuir au Nord comme en temps de pandémie généralisée. Pervertir, détourner le vrai droit d’asile ne mérite aucune fausse et hypocrite empathie. Il doit y avoir des règles claires et nettes, définitives, ou alors entonnons tous en chœur le chant libertarien du Parti populaire de Bernier et Cie qui a été repris à l’envers par le projet irréaliste du PLC/NPD/PCC de masser 100 millions de personnes sur la mince lisère de zone habitable au sud du Canada jusqu’aux rivages du fleuve Saint-Laurent ! Le Canada a déjà trouvé son point d’équilibre démographique viable, idéal à très long terme avec ses 38 millions d’habitants.