
Les parents qui refusent de vacciner leur enfant ont la tête dure. Selon une importante étude publiée dans la revue Pediatric, non seulement tenter de convaincre les «anti-vaxxers» des bienfaits de l’immunisation n’aurait aucun effet, cela irait même jusqu’à renforcer leur croyances.
Les chercheurs ont présenté à 1 759 parents américains quatre messages provaccins, dont trois reprenaient l’information transmise par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).
Les résultats sont sans équivoque : aucun parent n’a voulu reconsidérer son opposition aux vaccins. Dans plusieurs cas, les messages ont même eu l’effet inverse, comme accentuer la croyance selon laquelle la vaccination cause l’autisme (une croyance qui a d’ailleurs été maintes fois discréditée).
Le constat est d’autant plus inquiétant quand on sait qu’une vague antivaccination envahit l’Amérique du Nord.
«Depuis la fin des années 1990, un nombre croissant de parents américains s’est convaincu — à l’encontre de toutes les preuves scientifiques — que les risques de l’immunisation dépassaient ses bénéfices», écrit The Week.
Dans certains États, de 5 % à 8 % des parents qui souhaitent ne pas vacciner leur enfant pour des raisons religieuses ou philosophiques utilisent l’exemption pour croyance personnelle. Et ce, malgré le retour inédit de la coqueluche en 2012, qui a touché 50 000 personnes dans le pays et causé la mort de 18 d’entre elles. Selon des statistiques fédérales, depuis 2007, 128 000 Américains ont contracté des maladies en raison de l’absence de vaccination, et 1 336 en sont décédés.
Les vaccins n’ont pas plus la cote au Canada. Un récent rapport de l’Unicef sur le bien-être des enfants dans les pays industrialisés révèle que le taux de vaccination infantile au Canada est particulièrement bas, pour ne pas dire l’avant-dernier d’un palmarès de 29 pays. Seulement 84 % des enfants canadiens auraient reçu le nombre de vaccins recommandés contre la rougeole et la polio, de même que le DTC3 (diphtérie, coqueluche et tétanos), destiné aux bambins âgés entre 12 et 23 mois.
Selon le Globe and Mail, ces résultats pourraient être faussés par l’absence de registre national d’immunisation au Canada, ou un ensemble complet de registres provinciaux et territoriaux.
Impossible, donc, de savoir quel enfant a reçu quel vaccin. Ce qui n’est guère plus rassurant.
Le manque de suivi a d’ailleurs donné lieu à des dérapages. En Nouvelle-Écosse, par exemple, un médecin de famille — qui a été suspendu — a récemment administré des cocktails de plusieurs vaccins incompatibles à ses patients.