Pourquoi avoir accepté un autre mandat très difficile ?
On commençait à s’attaquer sérieusement aux inégalités, mais ces avancées sont menacées par la conjoncture mondiale actuelle, avec la montée du populisme et le démantèlement des approches multilatéralistes. J’avais le choix : ou bien aller jardiner, ou bien réagir.
J’ai accepté de faire un autre effort, à la demande du secrétaire général. C’est un dossier où, si on progresse un peu, on peut avoir une grande incidence sur la vie de millions de personnes.
Cette conjoncture est-elle un obstacle à l’État de droit ?
Un État de droit, c’est un État dans lequel les lois sont justes et appliquées de façon juste. Il y a beaucoup de reculs depuis le début du siècle. Après le 11 septembre 2001, les politiques alimentées par la peur nous ont fait faire de très mauvais choix. Ces choix, au lieu d’améliorer notre sécurité, restreignent nos libertés et celles des autres. C’est là-dessus qu’il faut engager un discours public qui nous remettrait sur la bonne voie.
Dans les semaines suivant votre nomination, vous avez appelé à tenir un discours basé sur les faits, pour éviter de servir le mépris ou la haine des populations en détresse. Quels faits voudriez-vous mettre en avant ?
D’abord, les gens qui fuient le désespoir, la famine, le manque d’accès à des soins de santé ne sont pas considérés comme des réfugiés au sens du droit. Or, ils représentent 250 millions de personnes qui se déplacent dans le monde et ne peuvent pas obtenir l’asile politique. Ceux qu’on voit se noyer dans la Méditerranée sont majoritairement des migrants. Ce terme est toutefois devenu très péjoratif, comme si c’étaient des gens qui auraient dû rester chez eux, mais qui se déplacent par appât du gain. Ce n’est pas le cas.
On oublie trop vite que ces travailleurs vont contribuer à l’économie de leur pays de destination en payant des loyers et des taxes. Ils envoient aussi une part monumentale de leur salaire dans leur pays d’origine : quatre fois plus d’argent que l’aide étatique aux pays en développement. C’est le visage positif de la migration, qui est complètement occulté par la perception négative alimentée par la peur.
Faites-vous confiance aux prochaines générations ?
Oui, beaucoup. Les jeunes ont une compréhension bien supérieure de la mondialisation. Ils ont un regard sur le monde, et des instruments beaucoup plus avancés pour communiquer, apprendre, évaluer, réfléchir. L’avenir leur appartient. On devrait seulement reconnaître qu’on aurait pu faire mieux pour leur laisser un environnement en meilleur état.
SON PARCOURS
- Représentante spéciale pour les migrations à l’Organisation des Nations unies
- Haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme de 2004 à 2008
- Juge à la Cour suprême du Canada de 1999 à 2004
- Procureure en chef du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et de celui pour le Rwanda de 1996 à 1999
Cet article a été publié dans le numéro d’octobre 2017 de L’actualité.
Vous avez tellement raison Mme Arbour, je suis marié avec une imigrante, qui contribue au Canada et fait vivre sa famille à Cuba, en plus de leur avoir construit une maison et de les vestir, les gens n’ont aucune idée du désespoir de certaines populations et du bien qu’apporte à ces familles un migrant accueillit au Canada et accepter comme résident et éventuellement citoyen, bravo pour votre implication.
Bravo Mme Arbour pour votre bon travail, les migrants sont importants pour l’économie canadienne et donne beaucoup à leurs familles à l’étranger, toute personne qui s’est déjà trouvé en position précaire dans sa vie comprend que recevoir un peut d’aide peut faire la différence entre se nourrir ou non quand on a un membre de sa famille nous envoyant un peu d’argent chaque mois, la majorité des migrants aident à leur famille à l’étranger et participe à l’essor économique du pays qui les accueillent.
Aidons-les sur les lieux, non pas en les forçant sur des terres étrangères qui ne sont pas propices à leurs cultures.