Je peux écrire une chronique de sport ? Alors qu’on s’est déjà fait éliminer y a quelque temps et que je connais autant de choses au sport qu’aux jeux vidéo ? Dans les deux cas, c’est pas faute d’en entendre parler. J’ai un fils de 11 ans qui passe sa vie à me détailler en long et en large les aventures qu’il vit dans son jeu. Les armes. Les armures. Les méchants. Les géants. Les cris magiques qu’il faut éructer pour anéantir l’ennemi. Repousser les dragons. Réduire leur règne en miettes. J’en entends parler. J’entendais parler du hockey aussi. Surtout par mon homme. Mais surtout au début. Il y a 13 ans. Il a grandi comme moi, ici. Et quiconque est québécois ou, encore plus, montréalais a le Canadien de Montréal d’inscrit quelque part dans son ADN. Qu’il le veuille ou non. Je répète que j’ai les connaissances d’un manche de pelle en matière de hockey, et pourtant, c’est là.
Il est impossible d’ignorer la présence du CH. Ça serait comme s’obstiner à ignorer l’hiver. C’est là. Après, ton degré de passion et d’attention pour ladite chose te regarde. Tu peux subir l’hiver comme tu peux t’en servir. Tu peux même y avoir hâte.
On avait hâte, hein, qu’ils « rejousent » ? Moi oui. J’ai beau rien comprendre, le rythme, le son, l’engouement, les chicanes, les désaccords, les insultes à l’arbitre. Tout. J’aime tout du hockey. Je comprends rien, mais j’aime tout. C’est peut-être ce que je préfère dans le sport. Ne rien comprendre. Juste, l’émotion. Être décérébrée. Je m’obstine à ne pas comprendre. Je ne suis pas débile ; si on prenait le temps de m’apprendre ce que veulent dire les lignes bleues et rouges, les diverses règles qui s’imposent dans ce sport de glisse (c’est un sport de glisse ?) et pourquoi les arbitres ont un numéro, je suis sûre que je comprendrais. Mais je fais exprès. Je fais exprès de ne pas comprendre, parce que je ne veux surtout, surtout, surtout pas qu’une réflexion intelligente sur le hockey occupe mon espace mental. Je veux rester la moins calée possible là-dessus.
On était dans le bois, imaginez-vous. Dans le bois où il n’y a rien, où nos cellulaires nous regardent avec un air de « mais qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse pour vous ici ? », où le réseau n’a même pas encore été inventé. Y a rien. Des pierres. MAIS on avait une voiture. À la belle étoile, imaginez-vous qu’on a allumé la radio de la voiture pour, au coin du feu, en famille, sales, écouter une game des séries en plein mois d’août. Des souvenirs impérissables. Et pour moi, le hockey, j’ai pas besoin de le comprendre, c’est juste ça.
On a perdu, mais merci, les Canadiens. Ces temps-ci, je prends tout le bonheur qui passe.