Moins compétentes, vraiment ?

Si on obligeait les partis politiques à faire une plus grande place aux femmes par l’intermédiaire de quotas selon le sexe, la qualité des élus s’en trouverait-elle amoindrie ? La question a été étudiée dans de nombreux pays.

En 2007, le premier ministre Jean Charest nommait autant de femmes que d’hommes à son cabinet. Une première au Québec. (Photo : Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

L’idée d’imposer des quotas selon le sexe pour accélérer l’atteinte de la parité en politique fait grincer bien des dents, y compris chez les politiciennes. La ministre québécoise de la Condition féminine, Lise Thériault, refuse d’obliger les partis à présenter au moins 40 % de candidatures féminines, par exemple, comme l’a proposé en mars dernier un groupe d’anciennes parlementaires. Des mesures incitatives, d’accord, a-t-elle dit. Mais une loi contraignante ? Pas question.

Des quotas seraient un affront aux principes de la méritocratie, affirment leurs détracteurs. Sous un régime pareil, des candidates de second ordre risqueraient de prendre la place d’hommes plus qualifiés qu’elles, craint-on, et l’ensemble de la classe politique s’en trouverait affaiblie. Les élus doivent être choisis pour leur compétence, et non en fonction de leur sexe.

Voyons voir. Une centaine de pays ont déjà adopté des quotas pour leurs élus, sous une forme ou sous une autre. Des équipes de recherche en ont profité pour vérifier si l’argument de la compétence tenait la route. Les candidates élues dans de tels systèmes sont-elles à la hauteur ? L’obligation pour les partis de recruter davantage de femmes a-t-elle eu pour effet de remplir les parlements de politiciennes médiocres ?

Tim Besley, économiste à la London School of Economics, a entrepris, avec des collègues suédois, d’évaluer le calibre des élus municipaux en Suède, avant et après l’entrée en vigueur d’un quota. Leurs travaux seront publiés sous peu dans la revue American Economic Review.

En 1993, le Parti social-démocrate, principale formation politique de la Suède, s’est volontairement astreint à présenter un nombre égal de candidatures féminines et masculines lors de chaque élection, y compris au niveau municipal. La mesure s’est avérée efficace : dès 1994, la proportion de femmes élues sous la bannière sociale-démocrate dans les conseils municipaux a augmenté de 10 %, pour se situer entre 45 % et 50 %.

Mais qu’en est-il de leurs compétences ?

Tim Besley et ses collaborateurs ont comparé les conseillers municipaux que le parti a fait élire en 1991, avant l’adoption du quota, à ceux qui ont été élus au cours des six élections suivantes, de 1994 à 2014, dans les 290 municipalités du pays.

En Suède, les conseillers municipaux (à l’exception des maires) sont bénévoles, et la majorité occupent un emploi en plus de leurs fonctions politiques. Les chercheurs ont obtenu des données sur la rémunération que les élus tirent de ces emplois. Ils se sont dit que les politiciens particulièrement compétents auraient des revenus plus élevés que la moyenne des gens ayant un métier, une scolarité, un âge et un lieu de résidence comparables. C’est sur cette base qu’ils ont évalué la qualité des élus. (Ils sont convaincus d’avoir trouvé un bon baromètre, puisqu’ils ont remarqué que les municipalités qui ont de tels conseillers au pouvoir ont aussi des résidants plus satisfaits et des finances plus saines.)

Leurs résultats mettent en échec l’un des arguments les plus souvent invoqués pour s’opposer à la parité obligatoire. La classe politique n’est pas devenue moins compétente avec l’adoption du quota. Au contraire, elle l’est devenue davantage. Comment ? Parce que les politiciens médiocres, les hommes en particulier, ont été chassés du pouvoir.

Les hommes n’ayant désormais accès qu’à 50 % des sièges ou à peine plus, le nombre de places disponibles pour eux s’est resserré, et un processus d’écrémage s’en est suivi. Ce sont les politiciens les moins qualifiés qui en ont payé le prix, et les plus doués qui en ont bénéficié.

Les économistes ont calculé qu’après l’entrée en vigueur du quota, la proportion d’hommes compétents parmi les élus municipaux avait progressé de manière significative par rapport à 1991. L’effet s’est fait sentir spécialement lors des trois élections qui ont suivi, en 1994, 1998 et 2002, et s’est estompé par la suite.

Les femmes, en revanche, n’ont pas subi de contrecoups semblables. Les candidates élues à partir de 1994 n’étaient pas plus qualifiées que celles qui s’étaient fait élire auparavant sans quota. Mais elles n’étaient pas moins qualifiées non plus. De toute évidence, il n’y a pas eu pénurie de candidates de qualité une fois que les organisations politiques ont été forcées d’en recruter en plus grand nombre.

Tim Besley et ses collègues ne sont pas les premiers à constater que non seulement les quotas selon le sexe n’attirent pas en politique des candidates inférieures, mais que ceux-ci peuvent même élever la qualité de la classe politique tout entière. En Italie, un quota de candidatures féminines aux élections municipales, en vigueur de 1993 à 1995, a entraîné une hausse du niveau de scolarité de l’ensemble des élus, notamment parce que les hommes moins scolarisés ont été écartés, selon une étude publiée en 2014 dans le Journal of Public Economics.

En France, les femmes élues à l’Assemblée nationale après l’adoption, en 2000, de la loi sur la parité se sont avérées tout aussi performantes que leurs homologues masculins et pas moins efficaces que les femmes élues avant elles sans quota, que ce soit en matière de nombre de projets de loi présentés, de rapports rédigés ou de questions posées, selon les travaux de la politologue britannique Rainbow Murray.

En Grande-Bretagne, lors des élections générales de 1997, où le Parti travailliste avait réservé certaines circonscriptions à des candidatures féminines, les femmes entrées au Parlement grâce à ce stratagème étaient tout aussi qualifiées que leurs collègues, hommes ou femmes, élus sans quota, d’après une étude parue l’an dernier dans la revue Political Studies.

Alors, il peut y avoir des motifs valables de contester l’imposition de quotas selon le sexe aux partis politiques. Mais il serait temps de cesser d’entretenir le mythe que ces mesures provoqueraient une dégradation de la qualité des élus et discréditeraient les femmes.

Admettons enfin que nous ne vivons pas dans une méritocratie parfaite : si les hommes sont depuis toujours surreprésentés en politique (ils occupent en ce moment 70 % des sièges à l’Assemblée nationale du Québec et 73 % à la Chambre des communes), ce n’est pas parce qu’ils sont fondamentalement plus méritants. C’est parce que des facteurs historiques, sociaux et culturels qui n’ont rien à voir avec le « mérite » leur facilitent l’accès aux lieux de pouvoir, comme le vent dans le dos d’un coureur le fait gagner plus aisément la ligne d’arrivée. Les quotas neutralisent ces facteurs pour mieux permettre à chacun — et à chacune — de s’illustrer à la hauteur de ses talents véritables.

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Personnellement, je me fous du sexe de nos députés et ministres. Que le ou la meilleur gagne SANS l’aide de quiconque et/ou de quelque machination que ce soit.

Marine Le Pen, Sarah Palin, Margareth Tatcher, Ivanka Trump, Golda Meir, etc… sont des femmes de pouvoir qui n’ont eu besoin d’aucun stratagème pour gagner leurs combats respectifs…

Prenons un exemple concret, la ville dans laquelle j’habite (Longueuil pour ne pas la citer). À la tête de cette ville nous avons depuis presque huit ans une mairesse (Caroline St-Hilaire pour ne pas la citer). Parce que notre mairesse est féministe, de nombreux postes clefs ont été confiés à des femmes.

Si on se veut PC (Politiquement Correct), on peut dire qu’au cours de ces huit années, notre mairesse a mené une politique de « discrimination positive », donc avantager les femmes pour toutes sortes de fonctions.

Voici peu de temps, lors d’une élection partielle, elle a confié une circonscription occupée initialement par un homme, à une de ses « fidèles » adjointes (Josée Latendresse pour ne pas la citer), qui a remporté l’élection partielle, pratiquement sans opposition.

Au cours de son mandat notre mairesse, a réduit drastiquement le nombre des membres du Conseil municipal, ce qui disons-le ne facilite pas la parité puisqu’il y a moins d’élu(e)s, qui plus est, elle est parvenue à créer une situation de parti « quasi » unique, si bien qu’elle gouvernait « sa » ville depuis quatre ans « pour ainsi dire » sans opposition.

Malgré tout, elle n’est pas parvenue avec son parti (Action-Longueuil pour ne pas le citer) à présenter autant de candidats que de candidates aux dernières élections.

Voici quelques semaines, notre chère mairesse, nous informe qu’elle ne briguera pas un troisième mandat. Les membres du parti de la mairesse choisissent une nouvelle cheffe, il y avait deux candidates (pas de candidats) ; une conseillère municipale gagne (Sylvie Parent pour ne pas la citer), une perd de quelques dizaines de voix (Josée Latendresse) qui n’encaisse pas sa défaite.

Elle claque la porte du parti de la mairesse, accompagnée de plusieurs conseillers municipaux en vue de former son propre parti. En novembre prochain, il n’y aura pas à Longueuil une candidate à la mairie mais au moins trois candidates ou peut-être quatre puisque l’opposition s’est également choisie une candidate pour les représenter (Sadia Groguhé [ex-députée NPD] pour ne pas la citer) et Carole Lavallée (ex-députée BQ et actuelle présidente de la CSMV) qui évalue ses appuis et ses chances de remporter la mairie. Aux dernières nouvelles aucuns candidats (hommes) ne semblent avoir démontré le moindre intérêt pour cette charge pourtant prestigieuse et bien rémunérée.

À l’autre bout du spectre, nous aurons prochainement une élection provinciale partielle dans la circonscription de Gouin. Je relève que pour succéder à l’excellente Françoise David, il n’y aura pas une seule femme candidate pour briguer ce poste de député. Un parti pourtant (en principe) progressiste comme Québec-solidaire préfère se choisir une « vedette » (Gabriel Nadeau-Dubois pour ne pas le citer) pour représenter la circonscription plutôt que de confier à une femme le soin de poursuivre le travail remarquable initié par Françoise David.

Ainsi qu’en est-il précisément des compétences, du talent, du mérite dans tout cela ? À noter encore que pour les « sprinters » on tient compte du facteur vent pour homologuer un record ou alors bien pas.

— En conclusion, quoiqu’on dise quoi qu’on fasse, ce qui guide l’âme humaine (en général), ce sont : l’intérêt, l’ambition, la vanité. Lorsque rien n’indique (à ma connaissance) que les âmes soient sexuées.

On remarquera que l’image et le texte de Noémi Mercier ne sont pas au même diapason. On connaît le sort de ces dames et comme dans l’image, je garde un large sourire.

Toutes choses étant égales par ailleurs, un nombre égal de femmes au pouvoir (parlement, sénat, haute fonction publique) devrait entraîner une hausse générale du niveau de compétence, parce que les femmes étudient plus longtemps (connaissance), lisent plus (ouverture, curiosité, culture), et doivent démontrer plus de détermination que la gent masculine pour réussir.

Vous écrivez: « Les élus doivent être choisis pour leur compétence »… Je me suis demandé si c’était un texte humoristique… C’est généralement le plus fort en gueule qui est élu et c’est justement ce que notre système électoral produit. On s’accuse mutuellement et on déchire notre chemise devant les électeurs et celui qui « gagne » au match du plus fort en gueule a de grandes chances de gagner l’élection, pas le plus compétent. En fait ce sont les électeurs eux-mêmes qui entretiennent cet état de choses en votant pour ce type de candidats.

C’est aussi confirmé par la qualité des élus, en particulier ceux qui ont une responsabilité ministérielle, qui très souvent laisse à désirer. Dans un milieu de travail normal, ces gens seraient congédiés mais en politique ça ne dérange personne car c’est le parti qui compte. Par contre si un politicien admet ses erreurs, il y a fort à parier qu’il va perdre lors de l’élection subséquente.

Comme, en général, les femmes cherchent plus le consensus et font souvent preuve de moins d’agressivité, elles sont nécessairement désavantagées par un électorat qui valorise l’agressivité. Il y a certes des exceptions et ça ne veut pas dire non plus que les femmes plus agressives et combattives qui gagnent en politique ne sont pas plus compétentes, bien au contraire et il y a plusieurs femmes qui ont eu du succès en politique et qui sont très compétentes, mais elles demeurent l’exception qui confirme la règle.

Lorsqu’on survole vos brulots on ne s’étonne pas de vos propos féministes des années 1970 et 80. Non seulement avant l’argument était :
« Elles ont des compétences »
« Elles sont aussi compétentes »
« Elles ont des compétences distinctes »
Et maintenant, « Elles sont plus compétentes ». C’est ce genre d’articles qui crées des clivages homme femme, basé essentiellement sur des visés militants et non la véritable recherche de l’accès à l’égalité qui ne réside pas dans le nombre. Lisez sur ces notions pour un peu de nuances et moins de clivages.
Votre fond de commerce est le militantisme féministe et l’immigration comprenant des analyses avec plusieurs biais et à contre-courant d’une partie importante de plusieurs femmes intellectuelles Québécoises qui font la promotion d’un féminisme éclairée moderne.
Vous devriez prendre le temps de lire leurs écrits « Pour les droits des femmes du Québec ».

Ce n’est pas le sexe qui donne la compétence. Par ailleurs, la présence féminine assure une plus grande diversité de point de vue.

Il est quand même intéressant de remarquer que sur cette photo, deux femmes ont eu des démêlés avec la justice: une a eu une condamnation pour utilisation frauduleuse des fonds de l’état et une autre dont le procès est sur le point de commencer.

Elle est bien bonne celle-là , on ne peut constater de telles énormités de quotas féminins imposés qu’aux divers palliers de gouvernement , allons-y gaiement c’est le trésor public qui paie donc oublions le mérite . On ne verra jamais de telles façons de faire dans le privé , les femmes sont égales aux hommes au niveau QI et sont de grandes travailleuses alors pourquoi des quotas ,elles n’ont qu’à faire et prendre leur place, fini les petites oies blanches sans défense , le Québec est une société matriarcale n’est-ce pas?

Encore du gnan-gnan feministe.
Pourquoi se compliquer la vie avec des quotas ?
Il suffit d’obliger les femmes (qui forment plus de la moitie de l’electorat) a voter pour une femme !!

Pourquoi pas des quotas pour les introvertis (des deux sexes) et ceux qui ont de la difficulte a s’exprimer ?
Pourtant rien n’indique qu’ils sont moins competents que les autres.
Personnellement je trouve qu’ils ne sont pas assez nombreux !