Là, là, Noël approche. Nous avons eu collectivement une année de merde. Et c’est un euphémisme. Je pense qu’il est grand temps de retrouver notre sens de l’humour. C’est tendu. Tout le monde est tendu. Je le vois à vos réponses sur les médias sociaux. La saison de la chasse semble ouverte, le gagnant étant celui qui trouvera la petite bête.
Je publie une photo de la mère du premier ministre, dont c’est l’anniversaire, je décris de manière humoristique sa cuisine touchante et à mon sens parfaite, je me fais demander pourquoi je ne me concentre pas sur la personne au lieu de l’apparence de sa cuisine.
Je publie une photo de la fameuse Gisèle Lévesque, première femme au Canada à s’être fait vacciner, je note au passage le collier qu’elle a enfilé, la tenue qu’elle a soigneusement choisie pour ce grand jour, je me fais répondre : « Et si c’était votre grand-maman ! »… Comme si je m’étais moquée d’elle.
C’est tendu. Ça va pas. Et alors là, comble du comble, c’est la fameuse campagne de Noël du Bloc québécois. La cerise sur le sundae de cette année ridicule, le clin d’œil de la vie qui veut absolument qu’on s’accorde une bulle d’air dans le chaos ambiant, la possibilité de se servir un grand verre de lait de poule pour faire passer notre tourtine et qu’en passant on rie de nous-mêmes. De nous tous. Qu’on remette un peu de sourire dans nos combats.
La bourde du Bloc québécois, de cet innocent « Bonjour-Ho ! » avec un père Noël bleu et joyeux, n’avait rien de méchant. Ça n’avait rien de mesquin, c’était tout à fait sur la ligne du parti, un petit sourire aux combats de l’année, à notre fameux « Bonjour-Hi ! » montréalais, une manière festive de rappeler l’importance de défendre le français. Est-ce que c’était complètement déconnecté de la réalité de beaucoup de gens qui comprennent l’anglais ou cette partie-là de l’anglais ? Oui. Et le résultat est délicieux. Le résultat revient à être en pleine bataille astreignante, au beau milieu de la mêlée de poissons pas frais dans Astérix, à voir des boucliers, des bouts de jambes, des bras, des poings revoler, et qu’à un moment donné, il y en ait un qui glisse sur un poisson et se retrouve les quatre fers en l’air.
Rupture de rythme, pause… Fou rire. La caméra recule et on voit en grand angle un portrait plus complet de la scène. Tous les protagonistes du bordel qu’est une société sont là. Le cirque au complet qui d’habitude est occupé à se taper sur la gueule, à vouloir tirer la couverture de son bord, tous obtiennent la possibilité d’une pause. De rire. De rire du sérieux avec lequel on débat de certains enjeux, de rire du fait que sur le plus haut des trônes, comme disait Montaigne, on n’est jamais assis que sur son cul.
Voilà sur quel attribut se retrouve le Bloc avec cette campagne. Est-ce que le français doit être défendu au Québec ? Bien sûr. Est-ce qu’il recule ? Selon des études, à Montréal en tout cas, oui. Est-ce que la présence de l’anglais partout sur Internet s’immisce dans notre syntaxe ? De jour en jour. Mais pendant les Fêtes, peut-on au moins enterrer les haches de nos guerres et prendre quelques jours pour avoir de l’autodérision ? Tous. Les anglos, les francos, les allos, les prudes et les hoes, on en a tous besoin. Il ne s’agit pas de se moquer, il s’agit de prendre un peu de recul. Nous avons tous vécu des situations graves cette année, nous avons tous eu peur, nous avons tous été plongés dans une dose d’inconnu beaucoup plus intense qu’à l’habitude. Cette turbulence a été traumatisante. Et nous ne savons pas vraiment ce que l’année à venir nous réserve. Mais au moins, on sait que dans tout ça, on nous annonce quelques jours de répit. Quelques jours pour souffler. Se promener. Remettre quelques pendules à l’heure. Et se souvenir qu’on est tous dotés d’un sens de l’humour. Heureusement.
Notre sens de l’humour
Rafraîchissant, votre texte! Merci!
Et oui : tâchons de rigoler un peu. Sans méchanceté, pour une fois!
Et zoomons-nous les uns les autres!
Un cadeau. Tenons-nous loin des Pères Noël qui voudraient faire de nous des noëlidiots!!
Quoi offrir en cadeau (cas d’eau), un parapluie!
En cadeaux, pour nous les VIEilles personnes :
Moins de Nouvelles continues, et pas de ces Nouvelles continues entre 20H00 et 07H00!
Et les écouter, pas les regarder.
Merci pour ce texte, Léa. Écrire, c’est s’offrir un cadeau, et à autrui.
VIEux Yvon 75 salutations!
La pratique de l’autodérision est un peu comme la pratique de autoflagellation, ça fait mal au début, puis on y prend goût, on ne peut plus s’en passer en quête permanente que nous sommes d’une rédemption qui n’arrive jamais.
Vous avez bien raison … et les mots pour le dire. Bravo!
« Quelques jours pour souffler. » Oui, vous avez bien raison. Allez, joyeux Noël et un grand merci pour vos chroniques, dont je suis fan.
Aucun rassemblement permis pour les Fêtes en 2020. Rions un peu. C’est encore permis.
* Je confine, tu confines, il confine. Mais c’est quand confinit?
* J’ai le moral à zorro. C’est comme le moral à zéro mais je suis masqué.
* A force de faire des apéros seul, j’ai attrapé le verre solitaire.
* Encore 3 dodos et c’est Noël. Encore, 3 confinements et c’est l’été.
* Connaissez-vous la blague sur le confinement? Non, normal, elle n’est pas sortie.
* Cette année, ne m’offrez pas un calendrier de l’avent. J’en veux un de l’après.
* Et vous, vous ne faites pas quoi pour le nouvel an?
Très raffiné comme jeux de mots ! Ça tire un sourire.
Bonjour Léa, je vous ai écouter au radio avec Dan ce matin et j’ai tout de suite lu sur internet un de vos article. J’ai bien aimé.
Bonne journée