Ognon, nénufar et iglou: le Québec et la (pas si) nouvelle orthographe

Rassurez-vous: nul besoin d’utiliser l’accent circonflexe en cachette à partir de maintenant. Il n’y aura pas non plus de marché noir pour la touche de clavier qui permet de l’utiliser. 

dictionnaire-largeEn France, à partir de septembre, les manuels scolaires prendront pour référence une nouvelle orthographe, qui préconise notamment la suppression de l’accent circonflexe sur les lettres i et u lorsqu’il n’a pas pour fonction de distinguer des sens. «Adieu, accent circonflexe», a rapidement titré le site de la chaîne de télévision BFMTV.

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, c’est avec colère, consternation et un brin de nostalgie que la francophonie a accueilli la mort annoncée de l’accent circonflexe, entre autres innovations de ce qu’il convient d’appeler l’orthographe rectifiée. Les internautes ont été prompts à créer le mot-clic #JeSuisCirconflexe pour partager leur peine, avec parfois un certain talent comique.

Rassurez-vous: nul besoin d’utiliser l’accent circonflexe en cachette à partir de maintenant. Il n’y aura pas non plus de marché noir pour la touche de clavier qui permet de l’utiliser. L’accent circonflexe n’est pas près de disparaitre disparaître, puisque l’orthographe actuelle reste d’usage. Pourtant, elle n’est plus enseignée qu’au bon vouloir des enseignants français et québécois depuis des années.

Surpris(e)? Rembobinons l’histoire.

Il y a 26 ans de cela, l’Académie française a approuvé les recommandations du Conseil supérieur de la langue française au sujet de la rectification orthographique d’environ 2 000 mots, dans le but de faciliter l’apprentissage du français et de suivre l’évolution de la langue. Les modifications ont été publiées le 6 décembre 1990 dans le Journal officiel de la République française, mais ce n’est qu’en juin 2008 que le Bulletin officiel de l’Éducation nationale a fait de l’orthographe révisée «la référence».

Toutefois, rien n’a alors vraiment changé, puisque les enseignants n’étaient pas tenus d’inculquer la nouvelle orthographe de ces mots aux élèves. Jusqu’à ce jour funeste du 3 février 2016, où l’accent circonflexe a vu son sort scellé, du moins dans les manuels scolaires français.

«Visiblement, certains éditeurs dont la liberté est totale ont décidé de la suivre alors qu’ils ne l’avaient pas fait précédemment», a indiqué au Figaro une source au ministère de l’Éducation nationale.

Sylvie Marcé, présidente de l’éditeur Belin, a pour sa part expliqué à l’Agence France-Presse que les nouveaux manuels arboreront un macaron mentionnant l’utilisation d’une nouvelle orthographe car, a-t-elle dit, «on ne voulait pas qu’on pense qu’il y a des fautes». Cocasse! Pourtant, l’orthographe rectifiée est présente dans certains manuels du primaire «depuis au moins une dizaine d’années», a-t-elle précisé.

10 mots rectifiés
août → aout
céleri → cèleri
événement → évènement
igloo → iglou
micro-onde → microonde
oignon → ognon
renouvellement → renouvèlement
sécheresse → sècheresse
téléphérique → téléférique
va-nu-pieds → vanupied

Ces fameuses rectifications sont diverses; elles visent à simplifier des règles, à supprimer des exceptions voire à corriger des aberrations, et portent notamment sur le trait d’union, le tréma et les accents, les marques du nombre, les consonnes doubles, les mots empruntés ou encore le participe passé des verbes pronominaux (voir encadré plus bas).

Certaines tournures provoquent des haussements de sourcils, alors que d’autres sont déjà familières. Rien de plus normal: les deux graphies cohabitent depuis des années! En effet, si (vraiment) peu de gens utilisent l’orthographe rectifiée paélia au lieu de paëlla, ils sont nettement plus nombreux à avoir délaissé cuiller pour employer la formulation cuillère. Ce flottement dans l’emploi des graphies traditionnelle et nouvelle démontre, selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), que «nous sommes dans une période de transition».

Dès 1991, l’OQLF s’est montré favorable à l’application de ces rectifications orthographiques, avant de jouer de prudence. Il a finalement emboîté le pas de l’Académie en française en affirmant, dans un communiqué publié le 3 mai 2004, que «ni les graphies traditionnelles ni les nouvelles graphies proposées ne doivent être considérées comme fautives».

Pendant ce temps, la confusion régnait au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Comme l’a attesté Mathieu-Robert Sauvé dans L’actualité, en 2007, le ministère a longtemps refusé de prendre une position officielle sur le sujet, tout en tolérant l’utilisation de l’orthographe rectifiée dans les examens officiels, du primaire à l’université. C’est une note de service datée du 7 octobre 2009 qui a finalement rendu la chose officielle.

«Veuillez prendre note qu’à la suite d’une décision des autorités ministérielles, les élèves qui utilisent les graphies traditionnelles ou les nouvelles graphies ne seront pas pénalisés dans le contexte des corrections effectuées par le Ministère. Nous encourageons donc les directions d’écoles et de centres à prendre en considération cette orientation lors de l’approbation des normes et des modalités d’évaluation des apprentissages de l’élève.»

Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur n’impose toujours pas l’apprentissage de la nouvelle orthographe, pas plus qu’elle ne l’interdit. «L’Université du Québec à Montréal enseigne l’orthographe rectifiée dans ses cours de grammaire du français écrit et l’Université de Montréal le fait, notamment, dans les cours s’adressant aux futurs enseignants», précise l’OQLF. Quant aux maisons d’édition, elles peuvent décider de l’intégrer ou non dans le matériel pédagogique qu’elles produisent – certaines l’ont d’ailleurs fait. La décision des éditeurs de manuels scolaires français aura-t-elle des répercussions au Québec?

En attendant de le découvrir, l’accent circonflexe peut continuer à être utilisé, tout comme le i dans oignon. Ou pas. Le choix vous appartient. Après tout, l’Académie française a elle-même écrit, dans son désormais fameux rapport de 1990, qu’«il ne peut être évidemment demandé aux générations antérieures de désapprendre ce qu’elles ont appris, et donc l’orthographe actuelle doit rester admise». Tellement vrai que, 26 ans plus tard, l’orthographe rectifiée est apparue comme une nouveauté pour bon nombre de francophones. Il reste à voir quelles seront les conséquences de sa généralisation dès la rentrée prochaine, en France.

Si vous souhaitez vous entraîner/entrainer, participez à ce quiz réalisé par Libération, ou consultez la liste alphabétique des mots rectifiés.

Les nouvelles règles orthographiques résumées par l’OQLF:

• le trait d’union dans les numéraux formant un nombre complexe (lier par des traits d’union tous les éléments des nombres écrits en lettres : mille-trois-cent-vingt-et-un, par exemple);
• le singulier et le pluriel des noms composés comportant un trait d’union (écrire un abat-jour, des abat-jours; un après-midi, des après-midis, par exemple);
• le tréma et les accents grave et circonflexe (déplacer le tréma : aigüe; remplacer l’accent aigu par l’accent grave sur certains temps de certains verbes : je cèderai, je considèrerais, par exemple; supprimer l’accent circonflexe sur le i et le u lorsqu’il n’a pas pour fonction de distinguer des sens ou des temps de verbes : connaitre, voute, par exemple);
• les verbes en -eler, -eter (pour qu’ils s’écrivent tous, sauf appeler et jeter, avec un accent grave et un seul l ou un seul t, sur le modèle de peler et acheter : j’étiquète, elle ruissèle, par exemple);
• le participe passé du verbe laisser suivi d’un infinitif (qui devient invariable : je les ai laissé partir, par exemple);
• le singulier et le pluriel des mots empruntés (auxquels on fait suivre la règle générale : un scénario, des scénarios; un graffiti, des graffitis, par exemple);
• certaines graphies de mots composés (dont on soude les éléments : piquenique, hautparleur, chauvesouris, pingpong, par exemple);
• certaines anomalies (qui se trouvent rectifiées : assoir, nénufar, charriot, exéma, ognon, joailler, par exemple).

Source : OQLF

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La langue française est plutôt complexe…inutilement complexe mais ce qui me désespère le plus, c’est de lire les commentaires sur les blogues de certains journaux où on peut très facilement déceler une ou deux fautes par phrase…quand il y a une phrase (i.e.: sujet, verbe et complément).

50% de notre population est analphabète fonctionnelle!!!

Ça en dit long sur la qualité de notre enseignement public non? Et dire que certains ont déjà dit que l’enseignement était trop important pour laisser ça entre les mains du privé.

« 50% de notre population est analphabète fonctionnelle!!! »

Il faut cesse de brandir cet épouvantail comme si cela était une exclusivité québécoise. La notion d’analphabète fonctionnel regroupe les populations se situant au niveau 1 et 2 de l’échelle de littératie de l’OCDE. Or, les résultats de la dernière mouture de l’enquête PEICA (2012) se lisent comme suit:

Canada niveau 1 +2 = 49%
Québec niveau 1+2 = 53%
France niveau 1+2 = 58.3%

Souhaitez-vous également faire le procès de l’enseignement public au Canada et en France?

Les données pour le Canada et le Québec dans ce document du gouvernement fédéral:
http://www.statcan.gc.ca/pub/89-555-x/89-555-x2013001-fra.pdf

Les données pour la France directement sur le site de l’OCDE:
http://www.oecd.org/site/piaac/Country%20note%20-%20France%20(FR).pdf

Et???

Se comparer à pire vous inspire? Pas moi!!!

L’éducation au Québec est une compétence exclusivement provinciale et nous payons actuellement pour toutes ces années de nivellement par le bas qu’ont entraîné les réformes totalement pétées.

On a tous appris et voilà que maintenant ,je dis bien à cause de certains paresseux qui ne veulent plus faire d’efforts,on se retrouve avec des mots écrits à la va comme je te pousse. C’est honteux !
Je continuerai à écrire avec ce dont je suis fière : oignon,nénuphar et igloo. Merci pour les nouveaux paresseux qui vont diriger notre pays .

JE PROTESTE!!!

Hier je buvais tranquillement mon café en lisant les nouvelles. Un article m’a tellement troublé et va malheureusement changer ma vie à jamais. Des grands penseurs de ce monde ont décidé sans nous consulter de changer à jamais notre orthographe. Quoi???
Comment???
Pourquoi??
Sous le prétexte de l’évolution de ce monde on s soudainement choisi de nous retirer le i tant adoré du mot oignons???? Mais pourquoi????

Apparemment certains grands penseurs en sont arrivés à la conclusion après avoir fait maintes et maintes Études que cette décision serait la meilleure pour le futur de notre société.

Ben oui, bien sûr!!! Les guerres, la pollution, le manque d’aimer, la pauvreté, la malnutrition, l’équité sur terre sera apparemment rétablie ou éradiquée et tout cela grâce à ce petit i qui sera retiré du mot oignon, car il semble qu’il déstabilisait tant notre planète!!!

Eh bien moi j’ai bien hâte de voir tout cela. La vie sera-t-elle vraiment idyllique et mieux structurée grâce à cette Nouvelle orthographe? Est-ce que le fait d’écrire ognon plutôt que oignon va régler tous les problèmes de notre terre?

Eh bien moi je ne veux pas y croire, je proteste!!! Je me battrai jusqu’à la fin pour protéger mon oignon oignon oignon!

Et je suis sûr que je ne suis pas le seul. Avez-vous seulement songé À ce que deviendra maintenant le goût de notre hamburger maintenant qu’on lui mettra des OGNONS plutôt que nos oignons traditionnels? Moi je suis certain que le goût de notre met tant adoré deviendra soudainement tout fade est privé de saveur.

Mes chers amis s’il vous plaît je vous en conjure protégez cette voyelle qui sous le coup de la censure et vouée à disparaître de notre société.

Protégez ce i mal-aimé c’est aussi protéger notre-hamburger À ce goût unique au monde.

Ensemble nous vaincrons et nous protégerons ce légume qui donne toute la saveur à nos mets

Après je suis Charlie, lançons la campagne je suis oignon!!!

Sauvons notre histoire. Protégeons notre hamburger

Merci pour cet article qui résume bien les modifications.

Comme n’importe quoi, la langue doit évoluer. Il ne s’agit pas d’un nivellement par le bas comme certains semblent le croire; il s’agit plutôt d’enlever les anomalies (ognon sans i pour être sur la même logique que le mot rognon!).

Enfin, la règle grammaticale se tient pour les verbes en -eler et en -eter (même s’il subsiste encore quelques exceptions…)! Enfin, fini les accents circonflexes inutiles (contrairement au mot «drôle» puisque le o se prononce différemment)!

Je parle couramment trois langues et je considère que rectifier les mots pour les adapter/corriger est un bon pas vers l’avant pour rendre le français plus attrayant et logique.

Et les règles/conventions qui existaient en 1535 ( ou 1608 pour les plus modernes), on les oublient elles? Pourtant c’était bien pour l’époque. . . . Bravo à l’Académie d’enfin rationaliser ce qui doit l’être. Poursuivez messieurs!

C’est pourtant bien orthographe parce que ça vient du grec. En fait, c’est un des changements proposés les plus logiques. En fait le « ph » indique l’origine grecque d’un mot et il a été longtemps utilisé dans des mots qui n’ont rien de grec. Nénufar vient du persan. Les mots qui garderont le « ph » montreront ainsi plus clairement leur origine.

Je me souviens de ma première année à l’école primaire, c’était la première « réforme de l’éducation »d’un gouvernement Péquiste fraîchement élu. Cette belle réforme que certains appelaient « ça s’écrit comme ça se prononce » avait pour but d’enseigner le français d’une façon simple et ensuite de corriger ou de rectifier plus tard l’orthographe.

Ils avaient enlever cette hérésie deux ou trois ans pus tard, car ils se sont rendu compte de leurs erreurs.

Encore aujourd’hui, j’ai un orthographe de misère, j’ai surtout de la difficulté avec les homonymes, principalement avec les mots en » ant ou ent ».

Je n’ai pas été capable de désapprendre ce que j’avais appris, ça prend un coup de fer à repasser pour faire un faux-pli et même après dix coups de fer à repasser, le faux-pli a tendance à revenir.

De toute façon, ça n’a pas d’importance il y a un auto-correcteur sur ma machine.

Il reste à réapprendre à compter, en éliminant les soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix, pour les remplacer officiellement par septante, octante (ou huitante) et nonante.

Et que fait-on de AUJOURD’HUI, qui est la contraction de trois mots? Peut-être devrait-on utiliser AUJOURD’HIER pour uniformiser cette contraction inutile. Ou, plus logiquement, utiliser HUI comme on dit HIER.

Et j’éliminerais MONSIEUR, MADAME et MADEMOISELLE, pour revenir à l’orthographie initiale SIEUR, DAME, DEMOISELLE.

Il reste donc du chemin à faire pour avoir une langue plus logique et pour corriger les fautes de nos ancêtres qu’on a incorporé dans la langue écrite et qu’on propage depuis quelques siècles.

Igloo est un si joli mot pas question de changer ma façon de l’écrire. Microonde sans trait d’union paraît si horrible mes yeux en pleurent!