Olivier Niquet a étudié en urbanisme avant de devenir animateur à la radio de Radio-Canada en 2009 dans les émissions Le Sportnographe et La soirée est (encore) jeune. Il est aussi chroniqueur, auteur, conférencier, scénariste et toutes sortes d’autres choses. Il s’intéresse particulièrement aux médias mais se définit comme un expert en polyvalence.
Je suis passionné de science-fiction. J’ai l’air terre à terre comme ça, mais ma consommation culturelle est composée à 50 % d’histoires postapocalyptiques, de voyages dans le temps ou d’exploration interstellaire. Ça me permet de m’évader du tumulte de l’actualité, je suppose.
Mon niveau de tolérance à un mauvais film ou à une mauvaise série est bien plus grand lorsqu’il s’agit de science-fiction. J’aime voir comment les gens imaginent le futur, même quand ils manquent d’imagination. Je trouve aussi que la science-fiction, par les questions qu’elle aborde, parle beaucoup plus de notre époque que des mondes parallèles qu’elle décrit.
C’est pourquoi j’ai été titillé par les déclarations des responsables américains autour des objets volants qui ont récemment été détruits. J’ai également été titillé par les déclarations de Justin Trudeau, mais c’est parce que sa syntaxe ne tient pas debout et qu’il invente des mots. Des équipes cherchent à faire la « recouverte » de l’objet abattu au Yukon, vraiment ?
Pour en revenir aux États-Unis, samedi, à la question d’un journaliste (visiblement amateur de science-fiction lui aussi) qui lui demandait s’il était exclu qu’on ait affaire à des extraterrestres, le général Glen VanHerck, commandant du NORAD, a répondu qu’il n’excluait aucune hypothèse pour l’instant. De quoi mettre la zone 51 en ébullition (ainsi que quelques amateurs de complots qui ont vu dans cette évocation des extraterrestres une façon de nous faire peur pour mieux nous manipuler).
Depuis, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a assuré dans un point de presse qu’il n’était pas question d’invasion extraterrestre. Merci de la précision. Il reste que la réponse du général a semé une graine dans l’esprit de bien des gens, et si la situation n’était pas si farfelue, on aurait pu y voir une habile technique de diversion.
Parfois, évoquer une chose, même si elle est totalement fausse, est suffisant pour la mettre au centre du débat. La légende veut que le président des États-Unis Lyndon B. Johnson ait demandé à un directeur de campagne électorale de répandre une rumeur selon laquelle son adversaire baisait des truies. Quand le directeur a répondu qu’il ne pouvait le faire parce que c’était faux, Johnson aurait riposté : « Évidemment que c’est faux, mais je veux forcer ce fils de pute à le nier. » Véridique ou pas, l’histoire illustre le point suivant : l’important, c’est que l’idée reste dans la tête des gens.
Le linguiste George Lakoff affirmait quant à lui que si on vous dit de ne pas penser à un éléphant, il y a bien des chances que vous pensiez à un éléphant. C’est pourquoi certains politiciens tentent de cadrer le débat sur des thèmes qui frappent l’imaginaire même si leurs bases sont fallacieuses.
Je ne prétends pas que la réponse du général ait été planifiée, au contraire. J’ai l’impression que son esprit cartésien de de militaire n’a pas eu le réflexe d’offrir la réplique qui allait de soi, c’est-à-dire : « LOL. » Il n’en demeure pas moins que sa réponse a permis à bien des gens de réagir et de faire du chemin sur cette idée. Comme je suis en train de le faire en ce moment.
Pendant ce temps, en vertu de la très forte influence qu’elles exercent sur les médias, les autorités chinoises peuvent semer n’importe quelle théorie sans trop s’inquiéter qu’elle soit contestée. La Chine a par exemple prétendu qu’elle avait intercepté une dizaine de ballons-espions américains récemment, ce que les États-Unis nient. Les Américains espionnent sûrement les Chinois. Avec des ballons ? Je ne sais pas. Mais en évoquant cette idée, la Chine sème le doute, et c’est déjà plus crédible que cette histoire d’extraterrestres.
De toute façon, ma théorie sur les extraterrestres (oui, j’ai une théorie) veut que, s’ils existent, ils ne soient pas assez nonos pour se faire repérer. Ils restent probablement chez eux, dans le confort de leur planète, parce qu’ils savent que de se révéler au grand jour pourrait causer leur perte.
D’ailleurs, il y a quelques années, le grand physicien Stephen Hawking insistait pour qu’on ne diffuse pas les coordonnées de la Terre à tout vent dans les messages radio que nous envoyons dans l’Univers : « Si les extraterrestres nous rendaient visite, le résultat serait plus important que quand Christophe Colomb a débarqué en Amérique, ce qui n’a pas bien réussi aux Amérindiens. Des extraterrestres évolués pourraient devenir nomades et chercher à conquérir et coloniser les planètes qu’ils atteindraient. »
Je suis contre le doxxing (la divulgation de données personnelles sans consentement) intergalactique. J’aimerais qu’on me consulte avant d’envoyer mon adresse dans l’espace.
Un avion de combat ultramoderne est néanmoins allé péter la baloune de l’invasion extraterrestre, et cette théorie ira rejoindre quelques recoins obscurs que fréquentent des amateurs qui oublient parfois qu’il y a le mot « fiction » dans « science-fiction ».
Ça reste une histoire inspirante. J’ai hâte que le film sorte. J’irai le voir même s’il est mauvais.
Je ne crois pas à l’invasion extraterrestre. En fait, je ne crois pas non plus le contraire, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’OVNI d’origine extraterrestre.
Le rapport du Pentagone publié finalement en 2022 laisse planer le doute sur 171 incidents dont les militaires et les scientifiques n’ont pas encore trouvé d’explication. Alors, pour quelqu’un qui croit à la science, c’est mieux d’entretenir le doute avant de se lancer dans une affirmation dans un sens ou l’autre.
Je serais inquiet plutôt pour l’incapacité de l’Aviation royale canadienne d’abattre ces objets repérés sur le Yukon et le Lac Huron. Merci, les Américains, de protéger notre espace aérien. On devrait peut-être « scraper » les vieux CF-18 et laisser les Américains ouvrir des bases aériennes au sol canadien. Quand les Russes décideront d’attaquer l’Orange Julep avec un escadron de Migs… ça serait plus rassurant de savoir que les F-22 et F-16 de nos voisins vont s’en occuper.
« Des extraterrestres évolués pourraient devenir nomades et chercher à conquérir et coloniser les planètes qu’ils atteindraient. »
C’est un bon réflexe de le penser, c’est assurément ce que nous ferions, nous, hélas.
Les spécialistes des l’armées US/Can n’ont-ils pas pris de photos des engins volant à basse altitude et à la vitesse du vent par un soleil radieux, avant d’abattre ces objets . Ils ont pourtant l’habitude de faire des portraits de leurs exploits. Des comiques.
Quand vous dites :¨ D’ailleurs, il y a quelques années, le grand physicien Stephen Hawking insistait pour qu’on ne diffuse pas les coordonnées de la Terre à tout vent dans les messages radio que nous envoyons dans l’Univers :¨ ça sous-entend que les extra-terrestres existent. La question que je me pose suite à cette phrase, c’est: Qu’est-ce qui vous laisse croire que les extra-terrestres auraient le même modèle de coordonnées que nous les terrestres ? Notre système est basé sur notre planète et non sur une carte de l’infini céleste. On a de la misère à trouver par où entrent les souris dans nos maisons, même si ces dernières pouvaient nous envoyer leurs coordonnées dans leur langage à elles.
Les seuls extra-terrestres que je connaisse sont au sud de notre frontière. LOL.
Par cette phrase Stephen Hawking ne voulait pas dire qu’il y a des extra-terrestres, il a dit cela au cas ou il y en aurait, il faut être prudents, au cas ou ils auraient des idées guerrières s’ils existent.
Je félicite l’Intelligence de Josée Boileau.
Que cette analyse fasse du chemin ! Que Trudeau fasse ses devoirs et l’apprenne par coeur plutôt que de parler « heu heu » (sans doute sa langue natale).
Sa langue maternelle à Justin c’est l’anglais. Mais il faut reconnaitre qu’il a deux langues.
A propos de langues, ceci me fait penser que j’ai lu récemment dans une petite revue près du trône de ma salle de toilette un proverbe Turc.
La forêt disparaissait, mais les arbres continuaient de voter pour la hache parce que celle-ci, maligne, les avait convaincus que puisque son manche était en bois elle était des leurs.
Eh bien, moi je crois que les arbres c’est nous, québécois francophones, et la hache c’est Justin.