Pierre Potvin : Éloge du tiraillage

À l’école primaire des Quatre-Vents, à Saint-Apollinaire, les jeunes ont le droit de se chamailler dans un coin de la cour de récréation. Une idée inspirante, estime l’expert en psychoéducation et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Photo : D.R.

Ce type d’initiative est-il répandu ?

Dans la plupart des écoles, c’est l’inverse. Le tiraillage est interdit, pour éviter les blessures, tout comme le jeu du roi de la montagne (qui consiste à demeurer au sommet d’une butte de neige malgré les assauts). Pourtant, c’est un beau jeu.

Pourquoi ? Ça permet de se dépenser physiquement ?

Oui, mais pas uniquement. Le tiraillage, c’est un jeu de rôles pour se mesurer les uns aux autres. Au primaire, ça fait partie de la construction de l’identité, surtout pour les garçons. Le jeune peut ainsi tester sa force en présence d’un adversaire et répondre aux questions : suis-je fort ? Jusqu’à quel point suis-je capable d’endurer ? Il s’agit de bien encadrer l’activité, dans un lieu délimité, avec des règles claires et sous la surveillance d’un adulte.

Ce serait une bonne façon d’adapter l’école aux garçons ?

Oui. Les garçons construisent plus souvent leurs apprentissages de manière concrète. Cela dit, il y a des filles intéressées par les sports de combat et des garçons que ça n’intéresse pas du tout. C’est aussi une question de tempérament et de personnalité.

Quelles doivent être les règles à suivre ?

Pas de coups de pied ni de coups de poing. Du tiraillage, c’est se prendre par les épaules, par les vêtements, se pousser, se bousculer, rouler par terre à plusieurs. Ce n’est pas une bataille entre deux jeunes. On peut choisir un mot, comme « rouge » ou « banane », qui sert de code pour indiquer aux autres qu’on veut arrêter. Comme les jeunes crient souvent « arrête ! » pendant un tel jeu, il n’y a alors pas de confusion.

Une étude citée par Psychology Today montre que les femmes confondent plus facilement que les hommes le tiraillage et les vraies bagarres. Or, le personnel éducatif est surtout féminin…

Il est possible que les femmes qui n’ont pas été en contact avec ce jeu pendant leur enfance ne connaissent pas les indicateurs pour faire la distinction. Les surveillants doivent être formés pour distinguer le tiraillage de la violence.

Comment éviter que ça dérape ?

Le tiraillage peut se transformer en bataille quand un des jeunes, sans faire exprès, donne un coup à un autre, qui réplique. S’il y a des signes d’agressivité ou de colère, qu’un des jeunes se met à trembler, à crier ou à donner des coups, ce n’est plus du jeu.

Les élèves ayant des troubles de comportement devraient-ils y participer ?

Cela demande une plus grande supervision, parce qu’ils ont plus de difficulté à maîtriser et à gérer leurs émotions. Mais avec une surveillance adéquate, cela peut servir d’outil d’apprentissage de la maîtrise de soi.

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C’est à peu près temps qu’on se réveille là. Pas besoin de chercher de midi à quatorze heures pour comprendre ça. Il faut dire également que le minouchage des enfants, surtout des garçons, est venu avec l’arrivée des petites familles (1 gars 1 fille, ou 2 filles ou 2 garçons). Ce n’est pas le psychoéducateur qui a trouvé cette bonne idée; elle existait depuis des siècles. On l’avait juste mise sous le tapis pour plaire aux nouveaux bien-pensants de l’éducation des années 70-80. Il faut juste déplorer que bien des dommages ont été subis par un maudit paquet de gars depuis les 40 dernières années, et sans chercher plus loin, certaines tueries ont peut-être une source de réponse la dedans. À bon entendeur, salut.

Un de mes trois fils était un peu plus actif que la moyenne. Son école primaire me contacte pour une rencontre concernant ses comportements inacceptables. Lors de la rencontre avec la directrice et la travailleuse sociale, elles m’expliquent qu’il pousse dans les rangs et qu’il a même jouer au roi de la montagne. Attendant la suite, je réalise qu’il n’y a rien d’autre. Après discussion, elles me proposent de lui parler évidemment, de lui couper quelques récréations et de regarder coté médication. J’ai accepté de lui parler mais refusé catégoriquement qu’on lui coupe ses récréations en argumentant n’en avait pas assez et proposé d’en parler à son entraineur de hockey pour qu’il lui en glisse un mot. Je n’en ai plus entendu parler.
En passant, l’énorme montagne de neige dans le coin de la cour d’école m’a rappelé de bons souvenirs.

@ Mario Barrette;
Avez-vous remarqué que cette vacuité de testostérone a augmenté au fur et à mesure que les hommes quittaient le domaine de l’enseignement et que les femmes prenaient de plus en plus leur place (celle des hommes je veux dire) ?
Si on a peur de dire les vraies choses, moi, je ne me gênerai pas, au risque de déplaire aux bien pensants de ce monde.
Qu’on ré-embauche plus de profs. masculins, surtout au secondaire, et qu’on laisse aller les choses un peu plus, et je puis vous assurer que les choses vont s’améliorer, surtout du côté RITALIN.

Bizarre, on passe d’un extrême dans l,autre et en plus on vire dans le burlesque. De mon temps (oui, il y a 60 ans au moins) on bougeait et on se challengeait et…ce, sans avoir le besoins de se tirailler. Il y avait des jeux de récréation comme: jouer aux gendarmes et aux voleurs, ça consistait à faire 2 groupes dont l’un faisait, vous l’avez deviné, la chasse à l’autre. Il y avait aussi le jeu des 4 coins, un mélange d’habileté et de stratégie (ça se jouait à 5, 4 amis occupent les 4 coins d’un endroit et se doivent d’échanger leur place , celui du milieu lui, surveille les 4 et pique la place du moins rapide quand il change de place . Bref, pas besoin de se tirailler avec le risque que le costaud n’épanouisse son complexe de supériorité. Pour ça, il y avait les bagarres dans la cour qui étaient inévitables malheureusement mais qui se réglaient vite car un costaud ne fait pas le poids contre plusieurs moins forts qui intervenaient si il y avait de l’abus car nous avions le sens du groupe (on avait des parents dans le temps; concept disparu de nos jours semble-t-il). Bref, tout ce qu’il faut c’est du respect et le tiraillage …pas sur que ça va donner quelque chose…c’est de l’élucubration de psy en manque de notoriété.

Eh! Oui quel bon temps! Aujourd’hui ce n’ est plus la même chose ; ça ne fait plus partie de la tâche de l’ enseignant(e) ! Les ptits gars surtout sont trops dangeureux pour les petites filles ! Qu’ on fasse un tas de neige pour les filles, les gars, les non genrés, les homosexuels etc.… En plus qu’ on change la convention collective des profs et ajoutée une clause de plein air qui fait partie de l’ enseignement ! Hi!Hi!

Je me souviens de cette époque pas si lointaine ou on se lançais des mottes de neige en revenant de l’école (20 minutes / 1 KM de marche…) et ou on ne se préoccupais pas des pédophiles bien qu’il y en avait dans les églises de ma paroisse également (un cas me reviens en tête, ayant fait la manchette, mais dont je tairai le nom).
Peut-être justement que le fait d’avoir pu nous confronter entre écoliers, de parfois s’insulter (avec des mots qui seraient évidemment « politically incorrect maintenant ») de se tirailler, bref de gérer nos conflits d’enfants, nous permettait aussi d’asseoir notre identité et notre confiance en nous, nous permettant justement de tenir tête à un agresseur potentiel.
J’ai encore mémoire d’un alcoolique notoire et sinistre dans notre cartier dont nous ne nous gênions pas d’invectiver de bêtises. Il a d’ailleurs un jour failli heurter mortellement quatre de mes amis (qui marchaient sur le chemin de l’école) alors que son véhicule s’est retrouvé suspendu sur un poteau de cloture, 200m plus loin. Il faisait 3 fois la limite permise de taux d’alcool…
Oui j’ai recu des tapes sur la gueule, et oui j’ai donné des « Bobs* » à d’autres enfants, mais je pense être un bon citoyen, honnête et un bon père de famille, études supérieures, salarié, marié, sportif, des excès de vitesse comme seuls délits en 50 ans.
*Frotter le visage dans la neige de force.

Et nous passions notre temps dehors à jouer en vrai (pas virtuellement) à des jeux qui nécessitaient de l’organisation, des règles, de l’inclusion ou exclusion (chose qui doit également se vivre, car certains comportement l’entrainent)…
Nous avions un large rayon d’action, et certaines de nos activités douteuses, mais pas nécessairement marginales (faire sauter des bonbonnes aérosol, jouer à la fronde ou à la carabine à plombs dans un édifice désaffecté, bâtir des « camps » clandestins en forêt) alors seraient considérées comme extrêmes maitenant. C’est maintenant presque au stade du fantasme, au point ou nous ayons besoin de regarder des télé-réalité de type « Fear Factor ». J’ai hâte au retour du balancier pour mon fils. Nous somme définitivement dans l’autre extrème du spectre comportemental.
La santé physique, comme mentale de nos enfants serait probablement plus saine si on leur imposait moins de contraintes…

SJ

La recherche montre que lorsque le père s’implique à se chamailler régulièrement avec ses enfants, gars et filles, ceux-ci/celles-ci apprennent plus facilement à s’affirmer dans la vie et surtout à vivre les limites et le respect dans une relation qu’elle soit sociale ou intime.

Quand j’enseignais en maternelle, je n’empêchais Pas les garçons de se chamailler (doucement). Ça me faisait penser à des chiots qui s’amusent.

Exactement
Et je me souviens avoir jouer au roi de la montagne et le plus fort ne se servait pas devra force pour terrasser tout les autres mais souvent il avait le rôle de « garocher » de facon bienveillante ses amis en bas de la montagne de neige.
Que de joyeuses culbutes j’ai eu!
Oui on se faisait mal des fois… Mais en jouant c’est tellement moins pire.
On se relevait
On recommencait

Si on laissait juste les enfants être des enfants.
Il arrive que des enfants s’écorchent le bout du nez ou un genou, aux dernières nouvelles ce n’était pas mortel.

Je réalise, seulement maintenant, combien il aura fallu d’années de rectitude politique, (anti violence à tout prix) pour laisser leur place à l’exubérance physique des garçons. Encore aujourd’hui, on en parle avec des gants. Et on se demande toujours pourquoi ils ne réussissent pas à l’école. Si je m’écoutais, je dirais: un modèle scolaire fait pour des filles obéissantes, et fortes en langage (un caractéristique innée) et qui ne valorise en rien l’apprentissage manuel, et physique.

Rien de nouveau sous le soleil. Le tiraillage est très mal vu de la DPJ et des écoles primaires surtout si nous sommes autochtones. C’est un jeu nécessaire. Nous les mamans nous apprenons à nos garçons à se tirailler en ours avec la maman. La maman est en boule comme une ours et le petit garçon fait semblant de se tirailler. Il apprend a se tirailler en douceur et ne pas faire mal aux femmes. Le jeu est l’habilité de faire semblant sans utiliser de force ni d’un côté ou de l’autre. C’est très amusant avec notre petit garçon. Mais on n’en parle pas aux non autochtones. On croirait encore que nous sommes violents.