
Jean-Philippe Décarie-Mathieu est cofondateur de Crypto.Québec, un regroupement qui sensibilise la population aux enjeux relatifs à la vie privée sur le Web et à la sécurité informatique. Écoutez leur émission en baladodiffusion, enregistrée chaque semaine dans les locaux de L’actualité.
L’été 2016 passera à l’histoire comme l’été Pokémon! Pas seulement parce que le premier jeu en réalité augmentée destiné aux cellulaires s’est retrouvé en tête des applications gratuites sur l’App Store dès sa sortie, appli que des millions de personnes ont téléchargée depuis. Plutôt parce que sous ses airs ludiques, Pokémon Go ajoute sa pierre à l’édifice de la société de surveillance. Position par GPS, accès à l’historique des endroits visités, à la fréquence et aux habitudes de jeu… Chaque fois qu’un joueur chasse les Pokémon, il alimente son empreinte numérique unique, mise à jour en temps réel et archivée pour une période indéterminée, pour le meilleur et pour le pire.
L’entreprise qui a développé l’application, Niantic, accumule des quantités incroyables d’informations personnelles sur les utilisateurs dès l’enregistrement. Les conditions d’utilisation qui s’affichent précisent que la société californienne collecte votre adresse Google ou Facebook (si vous les utilisez comme identifiants), et par ricochet l’ensemble de vos informations publiques. Elle note votre adresse IP (l’équivalent sur Internet de votre adresse de maison), votre positionnement géographique par satellite lors de l’enregistrement, le nom et la version de votre système d’exploitation. Elle recense la page Web que vous visitiez juste avant de vous inscrire à Pokémon Go, les mots clés que vous avez utilisés pour y arriver, ainsi que l’ensemble de vos journaux, qui contiennent les informations techniques générées dès qu’un utilisateur fait quoi que ce soit.
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Votre compte, en soi, est lui aussi une mine d’informations: vos nom et date de naissance, le nom du pays dans lequel vous êtes… et l’ensemble des messages que vous envoyez à d’autres utilisateurs de Pokémon Go. Les témoins (cookies) et les pixels-espions (Web beacons, des images minuscules qui permettent de suivre vos comportements d’un site à l’autre) permettent eux aussi une collecte impressionnante: statistiques sur la consommation et le trafic Web, tendances d’utilisation à long terme, temps passé sur les différences sections de l’application et du site Web de Niantic.
Le positionnement géographique étant essentiel au bon fonctionnement de Pokémon Go, normal que Niantic utilise tous les outils à sa disposition, notamment la géolocalisation par satellite (le fameux GPS), pour déterminer très précisément le lieu qu’occupe le joueur tout au long du jeu. Rien n’indique que l’entreprise ait des intentions malveillantes. Les métadonnées qu’elle récolte sont probablement rendues anonymes, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une entreprise privée, et donc qu’aucune surveillance externe n’est possible.
Dans ses conditions d’utilisation de Pokémon Go, Niantic se dégage de toute responsabilité en cas de partage des données, notamment avec son partenaire Pokémon Company. En cas de liquidation ou de rachat de Niantic, l’ensemble des données collectées (décrites comme des «actifs» dans la politique de vie privée) pourraient se retrouver dans les mains d’une entreprise qui aurait gros à gagner à acquérir un tel trésor numérique. Un utilisateur peut toujours demander un retrait de ses informations personnelles des serveurs, mais elles demeurent dans les copies de sauvegarde.
Au départ, l’application était encore plus gourmande. Pour jouer à Pokémon Go, vous deviez littéralement ouvrir votre compte Google à Niantic, qui se réservait le droit de modifier l’ensemble de vos données: l’application pouvait lire tous les courriels de votre compte Gmail, apporter des modifications à vos documents sur Google Drive, consulter votre historique de recherche, accéder à vos photos personnelles, etc. Et aucune fenêtre n’apparaissait, au moment de son installation, pour vous en prévenir.
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Niantic — une ancienne filiale de Google — prétend que cet accès total au compte Google était un «accident». Et elle a rectifié le tir. L’ouverture d’un compte Pokémon Trainer ou un simple Google ID suffit maintenant pour l’authentification du joueur.
L’application mise au point par Niantic n’est pas la première à recueillir autant de renseignements. Mais ce qui dérange dans son cas, c’est l’ubiquité de la collecte de métadonnées tous azimuts, inhérente au bon fonctionnement de l’application.
Force est de constater que l’utilisation de Pokémon Go contribue à la société de surveillance, en plus de créer une couche supplémentaire d’espionnage orwellien. Le pistage d’informations devient non seulement socialement acceptable, mais attrayant, puisqu’il s’accompagne d’une récompense instantanée. L’ensemble des déplacements d’un joueur, son âge, ses habitudes Web valent leur pesant d’or dans l’univers de la publicité ciblée.
Pas étonnant que Pokémon Go soit gratuit. Le produit, ici, n’est pas le jeu. C’est le joueur. À cogiter.
Bonjour,
Petite précision. Les telephones intelligents, style Android ou iOS utilisé la géolocalisation par GSM, pas la géolocalisation par satellite, mentionné. Aucun telephone Android ou iOS ne possède récepteur GPS satellitaire.
Reference: https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9olocalisation .
Bien sûr que les téléphones ont des puces GPS… Pourquoi dire de la merde quand on sait pas? Je comprendrais jamais…
Monsieur Dufresne devrait retirer la carte sim pour constater le positionnement GPS
désolé M. Dufresne, tout les téléphones Iphone, android ou MS ont des puces GPS et souvent compatible avec plusieurs système GPS mondiaux ! comme A-GPS, GLONASS, BDS, GALILEO
https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_positionnement_par_satellites
C’est bien mais un peu léger comme article, un des vrai objectif est de filmer là ou les voitures Google n’ont pu le faire et cela inclut à l’intérieur des maisons des gens lorsqu’ils sont tout fier d’y capturer des Pokemons!
Chaque fois que vous utilisez votre téléphone « intelligent » que ce soit pour donner ou recevoir un appel, prendre une photo, consulter Internet, utiliser une application ou jouer, votre position est enregistrée ainsi que vos données relatives à l’utilisation. Ce n’est pas exclusif à Pokémon Go.
J’avais une opinion mitigée de ce jeu! Maintenant, c’est une opinion négative. Pokemon Go is a NO GO!
Article (éditorial?) pertinent… mais quelle occasion ratée de faire une meilleure pédagogie au détriment d’un article sensationnaliste et ne présentant qu’un côté de la médaille. Pas que j’approuve les pratiques de Niantic. Mais d’autres applications prennent des libertés beaucoup plus grandes concernant notre vie personnelle. Par exemple, l’application collecte notre position GPS lorsqu’on joue. Doit-on s’en offusquer? C’est le principe même du jeu! La question plus préoccupante est: L’application continue-t-elle à récolter ces informations lorsque le jeu est fermé comme d’autres applications peuvent le faire!? Voilà une question plus préoccupante et à laquelle l’auteur, à l’instar de l’EFF, aurait pu répondre compte tenu de ses connaissances techniques.
Bref, on regrette que l’auteur n’ait pas pris la peine de comparer Pokémon Go avec d’autres applications plus ou moins évasive. On regrette aussi que, tant qu’à avoir l’attention du public, l’auteur n’ait pas pris le temps d’éduquer sur les moyens de mieux controller l’information qu’on partage avec ces compagnies.
Oh et par ailleurs, qu’en est-il des données collectés par l’Actualité et Rogers? Pourquoi tous ces pisteurs placés sur cet article et le site de l’Actualité!? Rogers offre du ciblage comportemental et revend les données… non? Soulever le tout et offrir des moyens pour s’en protéger aurait été un complément intéressant.
Du pur sensationnalisme doublé d’une bonne dose de théorie du complot. Bravo! Voilà un article qui va sûrement être repris par TVA, avec un titre trop accrocheur… Oops, c’est déjà fait…
Ouais…
Bon, il y a rien de nouveau. La plupart des données recuillis sont plutot logique et en lieu avec liens avec le développement du produit ou d’un futur produit. Ce n’est pas comme si Pokemon Go enregistrait tout, tout et tout ce que vous faisiez.
La plus part des gens achête des comptes sur flameaccounts.com… Le jeu est rendu trop facile.