Vous avez eu toutes ces belles conversations, là ? À savoir qui vient quand à Noël ? Les cas de COVID-19 augmentent, ou se stabilisent, ou montent un peu, redescendent, remontent de plus belle. Le manège de la courbe que l’on est rendus habitués à suivre. Las, mais habitués. Plus le nombre de cas augmente, moins on entretient l’espoir de passer Noël en famille. De toute façon, à quoi bon ? Pour faire semblant que l’on traverse une période normale ? Voler à cette pandémie des moments de bonheur malgré tout ? À quel prix ? Au prix de devoir s’enfermer sept jours sans rien faire avant et après les Fêtes ? Avec des enfants mous et de mauvaise humeur parce qu’ils n’ont rien à faire ?
Je le redoute déjà. Noël vient avec son lot habituel de stress, même si généralement je suis la cadence s’en trop m’en créer. Je fais ce que j’aime. Au rythme que j’aime. J’apporte un dessert parce que c’est ce que je sais faire. Je décore un petit sapin, je fais emballer les cadeaux au magasin de jouets, je mets le reste dans des sacs ou dans des emballages que j’aime faire… Et il faut dire que je suis encore à l’âge où ce sont mes parents ou mes beaux-parents qui reçoivent. Donc, je suis.
Mais cette année, comme si Noël ne réveillait pas déjà « l’éléphant dans la pièce » de toutes les familles, on se tape en plus de joyeuses conversations de planification pour essayer de respecter les restrictions du gouvernement. J’ai du mal à voir comment ça va être possible. Chez nous, on est 13, chez mon mari, 23. Donc, des deux bords, y a rien qui reste dans les limites. Après, de chaque côté, il y a des gens séparés. Donc avec des gardes partagées. Donc avec des enfants qui voyagent. Va essayer de contrôler la quarantaine de tout le monde et t’assurer que personne dans tous ces contacts potentiels n’a côtoyé sans le savoir le virus. Va organiser un calendrier où on arrive à se voir en faisant comme si c’était Noël… Va dire aux uns : ah non, vous ne pouvez pas venir ce jour-là, y a déjà machin et machine qui viennent, alors on sera trop !
Bref, oh le beau potentiel de chicanes, de non-dits et de conversations dans le char ! Ça m’épuise déjà et je n’ai même pas acheté un seul cadeau. Mais bon, ça sera sûrement mieux que ce que j’anticipe. Pour l’instant, je boude un peu le fait qu’on veuille nous faire croire à un sentiment de normalité de quatre jours en sachant très bien que ça sera tout sauf normal. D’après moi, quoi qu’on fasse, la dinde va goûter la COVID.
Conclusion? Probablement jamais, plus que cette année, aura-t-on (eu) l’occasion de vérifier si « la magie de Noël » peut agir, positivement…, indépendamment des circonstances.
Comme cela fut institué dès 336 par nôtre mère, la Sainte église catholique romaine et la Sainte inquisition….
Euh ! N’est-ce pas le Christ roi, Jésus-Marie-Joseph, enfant-mère et père de Dieu, nôtre sauveur que nous devrions laisser entrer dans tous nos foyers ?
N’est-ce pas le sens de la célébration de Noël ? N’est-ce pas la nativité que nous célébrons ? Est-ce que ce ne sont pas les petits enfants qui viennent a nous ? Ne devrions-nous pas laisser nos portes closes indéfiniment aux connes et aux cons de toutes générations ?
Laissons venir à nous, entrer en nous la lumières et non point les ténèbres. Quelque part sur Terre entre l’âne et le bœuf.
Oublions donc la dinde ! Savourons plutôt un morceau de vieux pain béni accompagné d’un plateau de moules à l’escabèche arrosé comme il se doit de vin de champagne Veuve Clicquot consommé avec modération comme il se doit pour ainsi plaire toujours comme il se doit à notre vice première ministre en charge de la sécurité publique.
L’essentiel ne se résume pas en terme et en nombre de participants, il doit aller chercher tout ce qui se trouve de meilleur en nous. Voici qui vient quand et pourquoi, ni plus, ni moins.
Chose certaine, ce Noël va être « différent ». Et, pour une fois, il pourrait répondre aux attentes d’antinoëllien.ne.s, d’anoëllien.ne.s, en incarnant relâche ou répit pour ces personnes que Noël rebute ou exaspère.
Mais il ne faut pas escompter pour autant que grâce à « ça » (covidixneuf), pourrait-il y avoir véritable renouveau, renouvellement, Renaissance eu égard à « l’esprit de Noël ». Cela n’adviendra point. L’« en-‘laisse pris’ » de Noël prévaudra. Perdurera. Se maintiendra – ‘intact’. Longtemps encore. Ça se voit. Déjà.
Mais surtout, qu’on le reconnaisse ou pas, LA Question du sens, i.e. de Noël, oui, mais en rapport avec celui de la… vie même en soi, se pose aujourd’hui avec une acuité inégalée. Puisqu’apparaissent en ce moment les « valeurs », « premières », qui sont nôtres.
D’aucun.e.s, en effet, arguent qu’il faudrait ‘continuer à vivre’ et, pour ce, laisser mourir ou ‘simplement’ r’isoler davantage encore les seul.e.s plus vulnérables. « P’t’être bien ». Toute idée, sauf criminelle, a droit de cité, a droit d’être énoncée. A fortiori lorsqu’essentielle ou existentielle. Sauf que ce qui se voit mis en lumière ce faisant, c’est la conception ou représentation qu’on se fait de sa valeur (la vie) ou de la valeur de nos valeurs. Leur ordre de grandeur.
Car à partir de l’instant où l’on propose de vivre et laisser mourir ou dépérir à l’écart, la fameuse égalité — (e.g. du droit à la vie) — en prend un coup. Enfants et aîné.e.s requérant attentions ou soins spéciaux, différant de ceux du « middle age », pour qu’il y ait véritable égalité (de droit à la vie).