Redonner le goût d’apprendre aux enfants

L’organisme montréalais Ruelle de l’avenir encourage la persévérance scolaire grâce à des ateliers éducatifs. La pandémie n’a pas signifié pour lui un brutal coup d’arrêt. Bien au contraire, elle lui a permis d’accroître son rayonnement…

Illustration : Mélanie Lambrick

L’histoire qui suit est celle d’un lauréat de la troisième édition des Prix de l’impact social, qui récompensent des entreprises et des organismes québécois qui travaillent de façon méthodique à changer le monde. L’organisme Ruelle de l’avenir a reçu le prix dans la catégorie Éducation. Pour lire tous les récits inspirants, c’est ici.

Parfois, une étincelle suffit. La même matière enseignée autrement, de façon plus ludique, et hop ! l’élève retrouve le goût d’apprendre. 

C’est l’objectif de la dizaine d’ateliers offerts depuis 2011 par l’organisme montréalais Ruelle de l’avenir à quelque 75 classes d’une trentaine d’écoles primaires qui desservent un milieu socioéconomique défavorisé sur le territoire du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). « Un travail d’autant plus nécessaire l’an dernier que la pandémie a souvent affecté le moral des enfants », souligne Francyne Charette, directrice générale de l’organisme sans but lucratif (OSBL) de 20 employés.

Une fois par semaine pendant cinq mois, un enseignant et ses élèves se rendent au local de l’OSBL, dans le quartier Centre-Sud de Montréal. Pendant 90 minutes, ils participent à un atelier supervisé par un éducateur spécialisé, sur le thème choisi par l’enseignant au début de l’année scolaire : multimédia, sciences et technologies, culture ou saines habitudes de vie. « Les ateliers n’ont rien de théorique », dit Francyne Charette. C’est l’occasion, par exemple, de réaliser ensemble un court métrage ou une capsule radio, ou bien d’avoir des discussions philosophiques lors de la rédaction d’un texte collectif.

La pandémie a amené l’organisme à mettre en place une nouvelle formule. Chaque semaine, une caisse a été envoyée à l’enseignant, avec le matériel et les instructions. L’éducateur spécialisé se rendait en classe une fois sur deux pour animer lui-même l’atelier.

Si la situation sanitaire le permet cet automne, Ruelle de l’avenir reprendra ses activités dans son local. Mais l’expérience de la pandémie servira : des caisses seront acheminées à une cinquantaine de classes. L’organisme pourra ainsi aider plus d’élèves que les 1 300 accompagnés chaque année avant la COVID-19. Il reçoit en effet environ 300 demandes par an du CSSDM, ce qui fait « beaucoup de gens déçus », reconnaît la directrice générale.

Le choix se fait en fonction de l’indice de défavorisation attribué à chaque école publique par le ministère de l’Éducation. « On sélectionne celles qui ont un indice supérieur à 8 dans l’échelle, qui va de 1 à 10 », dit-elle. L’OSBL veille également à ce que les enseignants participants ne soient pas les mêmes d’une année à l’autre, afin qu’il y ait une rotation.

En dehors des heures de classe, l’organisme né en 1970 anime des ateliers parents-enfants. Ceux-ci visent à impliquer davantage les adultes dans la vie scolaire de leurs petits, en montrant les bienfaits qu’on retire à mener un projet ensemble (cuisiner un dessert, faire un dessin collectif, etc.). Par ailleurs, Ruelle de l’avenir offre différents camps d’activités (potager, robotique, etc.) tout au long de l’année, lesquels s’adressent aux adolescents et à leurs parents. 

La plus grande récompense de 2020 de Francyne Charette, raconte la principale intéressée : une lettre envoyée par les parents d’un garçon en 5e année qui ne répondait même plus aux questions de son enseignante tant il était démotivé. Au retour de l’atelier Biodiversité, il s’est exclamé, une lumière dans les yeux : « On a vu des poissons ! » Les parents en ont eu des larmes de joie. Tout comme la directrice générale.