Repensons l’école pour mieux enseigner le français

On n’améliorera jamais la diplomation et la performance des élèves si la pédagogie ne s’adapte pas aux façons d’écrire du XXIe siècle et si on ne reconsidère pas les buts de l’école.

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Je dois dissiper un malentendu. Jusqu’à présent, j’ai beaucoup insisté sur la nécessité d’adapter l’enseignement du français aux logiciels d’aide à la rédaction et aux stratégies de correction. Cette position concerne d’abord le cégep, car je pense un peu différemment pour le primaire et le secondaire.

Pour des élèves de 6 à 17 ans, il est important de maintenir un enseignement basé sur des moyens plus traditionnels comme le crayon, le stylo et le par cœur. Mais il faut, en même temps, adapter cet enseignement à l’environnement technologique actuel, à dose mesurée, selon l’âge.

L’apprentissage au crayon, au stylo et à la craie est absolument nécessaire jusqu’à 15 ou 16 ans. La raison est d’abord d’ordre cognitif et neurologique. La calligraphie sollicite plusieurs fonctions du cerveau qui viennent renforcer l’apprentissage. Des processus neurologiques extrêmement importants se dégagent du simple effort de mise en forme. Il faut donc impérativement qu’une partie de la pédagogie s’appuie sur la calligraphie.

Cela dit, vous ne trouvez pas ça bizarre, vous, qu’on néglige le clavier ? On initie des millions de jeunes au mystère de l’écriture en leur faisant remplir des cahiers de belles lettres bien droites, et après, rien. Personne ne leur montre à bien se servir des touches d’un clavier, et encore moins des multiples niveaux qu’elles comprennent. On les prépare bien mal pour la suite.

Certains vont dire : « Bah, tous les jeunes savent ça de nos jours. » En tant que père de jumelles qui terminent leurs études collégiales, je constate qu’elles ont des lacunes typiques des autodidactes. Ce n’est pas vrai que « ça s’attrape », et l’école devrait avoir un rôle à jouer là-dedans.

Les élèves devraient être initiés au clavier en 5e ou 6e année, puis aux fonctionnalités de certains logiciels essentiels dès la 1re ou 2e secondaire. En français, Word. En maths, Excel. Encore là, les lacunes sont criantes.

Mais pourquoi arrêter là ? Nous avons la chance d’avoir des outils langagiers hyper-performants et 100 % québécois. Quand les jeunes sont rendus à 15 ans environ, il faudrait leur expliquer sérieusement le fonctionnement du logiciel d’aide à la rédaction Antidote, mais aussi celui du dictionnaire Usito de l’Université de Sherbrooke, qui est le premier ouvrage de référence généraliste entièrement pensé en ligne et dont les usages sont nombreux pour l’enseignement. En 5e secondaire, on pourrait apprendre aux jeunes les avantages et les limites des logiciels de traduction. 

Et je suis d’avis que chaque élève de 1re secondaire devrait se voir offrir un ordinateur. Est-ce que ça coûterait cher ? À peu près 160 millions de dollars sur la base de 160 000 élèves à 1 000 $ par tête. Mais vous êtes-vous demandé combien ça nous coûte de continuer comme si les technologies n’existaient pas ? Quant aux enseignants, il faudra les former, mais en principe, ils sont censés acquérir et mettre à jour leurs connaissances de toute manière.

Une vision qui plaît à de nombreux pédagogues

J’ai longtemps cru que mon point de vue était excentrique, mais la publication de mes deux plus récentes chroniques — sur l’enseignement du français au cégep et la recommandation de la Fédération des cégeps, qui voudrait que l’usage des logiciels d’autocorrection soit généralisé dans ces établissements — a suscité plusieurs réactions positives montrant que les pédagogues qui partagent mes vues sont nombreux.

Certains sont même un peu frustrés par le programme actuel de français, qui reflète les limites de ses auteurs. Et l’automne dernier, en faisant de la recherche sur un autre sujet de chronique, je suis tombé sur des enseignants membres de l’Association québécoise des professeur.e.s de français passablement allumés et très au fait de la manière d’utiliser Usito et Antidote dans le cadre du programme.

« Ce n’est pas parce que les jeunes ont accès aux outils informatiques qu’ils savent s’en servir. Au contraire », dit Karol-Anne T. Auger, présidente de la section Centre-du-Québec de l’AQPF et enseignante au collège Saint-Bernard. « On a des outils plus performants qui méritent d’être enseignés et il faut assumer le passage au numérique. »

Elle résume ce qui se trame à un conflit intergénérationnel. « Bien des adultes (y compris des pédagogues) ne veulent pas qu’on donne plus de facilité aux jeunes. Ils en ont arraché, alors il faut que les enfants en arrachent. Le français doit être enseigné à coups de dictées et de par cœur, “comme dans le temps”. Je regrette, mais les études montrent qu’ils ont souffert pour rien et qu’il existe des instruments qui permettent d’arriver aux mêmes résultats autrement. »

Les buts de l’école

Je suis le premier à dire que l’un des buts de l’école est d’amener les jeunes à pouvoir écrire correctement. Mais il est faux de croire qu’on doit tout mesurer en fonction des besoins et des ambitions d’une élite lettrée, dont je fais partie, qui écrit constamment et qui excelle forcément à cet exercice quotidien. La plupart des gens écriront peu, et moins avec le souci de briller que de ne pas trop mal paraître. L’essentiel, à mon sens, est qu’ils sachent reconnaître un texte pourri et qu’on les outille pour l’améliorer.

Cela pose nécessairement la question de l’évaluation. Est-elle un but ou un moyen ? Et si elle est un moyen, le moyen de quoi ? Dans un reportage publié il y a deux ans, j’ai montré que les bons profs sont bons parce qu’ils utilisent l’évaluation non seulement pour mesurer la performance des élèves, mais pour évaluer leur propre enseignement ! Les résultats en demi-teinte des diverses réformes mises en place s’expliquent par le fait que certaines directions d’écoles, certains centres de services scolaires et certains ministres comprennent ça mieux que d’autres.

En juin 2021, en raison du confinement, les étudiants de cégep ont pu, pour la première et seule fois, passer leur épreuve uniforme de français (EUF) en se servant de leur ordinateur et de leur logiciel d’aide à la rédaction. Comme de bonne, leur taux de réussite, de 96 %, était 16 points au-dessus du taux habituel de 80 % pour cet examen en cette saison. 

Devant ce succès, la ministre a décidé que le prochain examen se ferait avec les outils habituels — stylo et ouvrages de référence papier —, en plus de commander une étude sur la maîtrise du français à un comité d’expertes. Si les fonctionnaires du ministère de l’Éducation ou de l’Enseignement supérieur ont un problème avec le fait que 96 % des étudiants réussissent un examen en se servant du logiciel Antidote (qu’eux-mêmes utilisent quotidiennement pour tous leurs écrits), alors on doit conclure, comme Karol-Anne T. Auger, que leur idée de l’enseignement est une forme de sadisme intergénérationnel. « On est passé par là, vous n’y échapperez pas. »

Actuellement, le système est tellement braqué sur des procédés d’évaluation moyenâgeux que les enseignants de français en 5e secondaire et au cégep sont obligés de prendre un temps fou pour montrer aux élèves comment réussir des examens officiels qu’on leur demande de faire avec les mauvais outils. Et la niaiserie systémique est d’autant plus criante que cette épreuve n’a pas lieu d’être, puisque les étudiants réussissent presque à 100 % dans des conditions réelles d’écriture quand on les autorise à utiliser les bons outils !

La fin de semaine du 15 janvier, Le Journal de Montréal tartinait 12 pages sur la médiocrité des résultats des élèves de 5e secondaire aux examens ministériels de français. Passons ici sur le fait que leur conclusion me paraît douteuse (je vous écrirai pourquoi dans une autre chronique). Il me semble qu’on n’améliorera jamais la performance globale du système si on imagine l’école comme une ligue de hockey.

Une ligue de hockey vise à faire des champions, qui vont passer de pee-wee à bantam, midget, junior, A, AA ou AAA. L’école, elle, ne sert pas à produire des juniors AAA ou des professionnels. Son but démocratique est de donner les clés du fonctionnement en société.

À l’égard du français, l’objectif devrait être d’amener le plus grand nombre à un niveau minimal de compétence dans l’environnement technologique actuel qui est celui du clavier plutôt que de la plume. Nous savons tous que les meilleurs ne sont pas ceux qui décrochent un 100 % à la dictée, mais ceux qui apprendront toute leur vie. Si l’école peut pousser les moins bons à apprendre aussi toute leur vie, elle aura accompli un grand pas. Mais on n’y parviendra jamais en niant son époque et en jugeant les élèves à l’aune de critères d’un autre âge.

Les commentaires sont fermés.

En espérant que cet article se rendra aux oreilles du Ministère de l’éducation.
Cela m’aidera à rester (peut-être) motiver dans mon travail comme enseignante en immersion française (au secondaire).

¨à rester (peut-être) motiver¨… motivée… peut-être. Pour une ¨enseignante en immersion française¨ !

Vous voyez, dans le désir d’élever la jeunesse au-delà de la médiocrité quotidienne, une forme de sadisme. Vous avez du moins l’honnêteté d’admettre que ce qui est souhaitable à vos yeux est un nivellement par le bas.

Évidemment, non. Voir les deux autres chroniques, et quelques-unes parmi les précédentes.

C’est dommage, vous aviez bien commencé dans vos 6 ou 7 premiers paragraphes. J’étais plutôt d’accord avec vous. Ça s’est gâté par la suite.
Quand vous parlez qu’on devrait commencer à avoir recours aux logiciels de rédaction, c’est là que je décroche. Car, si nos jeunes apprenaient réellement à écrire et comprendre leur langue qu’est le français, ils n’auraient que très rarement besoin (pour ne pas dire jamais) de se corriger ¨artificiellement¨. Apprendre, c’est retenir, c’est se rappeler pour très longtemps. Une correction artificielle ne marque pas l’esprit et ne reste donc pas gravée.
Je réfute totalement votre paragraphe suivant :
( Elle résume ce qui se trame à un conflit intergénérationnel. « Bien des adultes (y compris des pédagogues) ne veulent pas qu’on donne plus de facilité aux jeunes. Ils en ont arraché, alors il faut que les enfants en arrachent. Le français doit être enseigné à coups de dictées et de par cœur, “comme dans le temps”. Je regrette, mais les études montrent qu’ils ont souffert pour rien et qu’il existe des instruments qui permettent d’arriver aux mêmes résultats autrement. » ) .
Cela démontre encore une fois votre tendance à toujours déconstruire tout ce qui permet de bâtir des bases solides et durables. Toujours niveler vers le bas pour ne pas léser les petits lapins fragiles à qui il ne faut absolument pas demander d’efforts.
On ne peut pas ¨reconnaître un texte pourri¨(sic) si on n’a pas appris à écrire. Je regrette, mais la souffrance ¨pour rien¨ n’a rien à voir la dedans comme vous dites. On a appris, donc, ça a servi à quelque chose, et pas nécessairement en souffrance.
En résumé, je favorise les ¨bonnes vieilles méthodes¨ qui ont démontré leur efficacité à celles qui dégradent année après année l’apprentissage de la langue. Et en accord avec vous, l’apprentissage des nouvelles techniques et outils à la toute fin du secondaire et Cégep. En moins d’un an, et ce y compris les autres matières, un ado bien guidé peut apprendre facilement ces nouvelles technologies et logiciels qui complémenteront son apprentissage global vers une profession quelconque.
Pour conclure, cette phrase : ( alors on doit conclure, comme Karol-Anne T. Auger, que leur idée de l’enseignement est une forme de sadisme intergénérationnel. « On est passé par là, vous n’y échapperez pas. » ) est d’un ridicule éculé. Je ne connais aucun parent qui souhaiterait que ses enfants en apprennent moins que lui, dans quelque matière que ce soit.

Je partage votre réticence concernant les correcteurs. S’ils détectent souvent des erreurs de distraction, ce qui s’avérer utile, ils mènent à l’occasion à des ambiguïtés que l’on doit résoudre par la connaissance de la grammaire.

Vous avez correctement reconnu la faute dans la première intervention : « Cela m’aidera à rester (peut-être) motiver » au lieu de « motivée ».

J’ai constaté la même erreur et j’ai transcrit la phrase dans Word. Le correcteur n’a rien vu. Alors, j’ai fait lire la phrase par Antidote, qui n’a pas détecté la faute non plus. Ce n’est qu’en enlevant l’incise « peut-être » qu’il l’a découverte…

Ceci n’est qu’un exemple.
Les correcteurs doivent être surveillés.

Tellement d’accord avec vous. Le jupon postmoderne (dérive identitaire notamment et individualisme) dépasse trop souvent des articles de Nadeau et des témoignages de son entourage « choisi » de spécialistes (j’ai parfois l’impression que ces nouveaux linguistes sont d’anciens cancres qui se sont donné la mission de ramener la langue à leur ancien niveau). Cela manque en général de profondeur d’analyse, d’envergure historique. On a le nez collé sur le problème et on pense à courte vue. Tenons compte du passé (deux à trois cents ans de production littéraire) et réagissons devant un futur qui semble vouloir se rapprocher horriblement d’un baby-talk irréversible et d’un alzheimer culturel quasi avoué.

Excellent article, assez rafraîchissant merci.
Je sais que les gouvernements font une fixation sur Word (dont les différentes versions sont plus ou moins compatibles entre elles, mais bon). J’ai utilisé OpenOffice puis maintenant LibreOffice que je vous invite à découvrir de même que votre lectorat, si vous souhaitez vous affranchir des outils Microsoft.

En ce qui a trait à Antidote, que j’utilise depuis 2005 (j’ai forcé la main aux responsables de l’époque grâce à la complicité d’André d »Orsonnens de Druide et de mon directeur informatique), je ne comprend pas pourquoi nos jeunes n’y ont pas accès plus facilement dans le cadre de leur apprentissage. C’est en quelque sorte un outil pédagogique supplémentaire, tout simplement
Si c’est bon pour des traducteurs professionnels, ça doit aussi être bon pour je jeunes apprenants.

Je suis d’accord avec les articles que vous écrivez. J’ai eu le réflexe au début de mes lectures d’un peu résister aux idées qui étaient nouvelles pour moi. Mais j’ai vite changé d’idée. La plupart des difficultés de grammaire sont des restants du désir d’une classe sociale supérieure française de se distinguer par sa capacité à maîtriser les règles qui n’ont souvent aucun autre sens que l’intérêt de comprendre la période où ces règles sont apparues. Et oui, il y a une fierté et un sentiment d’un avantage social à bien savoir écrire. Mais ne pas être capable de bien maîtriser toutes les règles actuelles du français ne devrait pas vouloir dire qu’on est voué à moins bien réussir dans la vie. À se décourager et à ne pas aimer étudier. Ok pour les par coeur et l’effort au primaire/secondaire, tel que vous le décrivez dans l’article. Mais rendu au cégep, les outils technologiques devraient êtres utilisés. Si quelqu’un n’a pas maîtriser les règles jusqu’à maintenant, il est trop tard, et cette personne ne deviendra pas prof de français. Au cégep, l’effort devrait être concentré sur les idées, les concepts complexes, etc.

J’ai passé des heures dans ma vie à apprendre les exceptions et les exceptions des exceptions. J’ai même fait deux ans de latin pour renforcer mes capacités en français. J’aurais pu apprendre l’espagnol au lieu et ça m’aurait été plus utile. Au secondaire. il m’aurait été possible d’obtenir moins 10% à un examen de math: 0% si toutes les réponses étaient mauvaises, et jusqu’à 10% de pénalité supplémentaire si ces mauvaises réponses comportaient des fautes de français! Ça nous forçait à faire attention en toutes circonstances. Et avant de recevoir un commentaire sur ma capacité à écrire:, oui, il y aura des fautes dans ce texte et je ne m’en sentirai pas (trop) mal. Avoir le désir de s’exprimer ne devrait pas être limité par la peur de faire des fautes… jusqu’à un certain point! Je fais une distinction ici entre fautes de grammaire et d’orthographe, et faute dans la structure d’une phrase ou d’un texte.

J’ai une réaction épidermique à voir « foto, éléfan, fillète ( ou bien serait-ce fiyète?) tellement je trouve que c’est laid. Mais pour les plus jeunes qui apprendraient de cette façon ce serait le nouveau normal… et les plus vieux ne seront pas là pour encore 50 ans! En autant que les vieilles règles soient acceptées en même temps que les nouvelles règles simplifiées jusqu’à ce que tous ceux qui ont souffert à apprendre les vieilles ne soient plus de ce monde. À la fin quarantaine, je trouverai ça laid longtemps mais j’espère que je m’y habituerais. Cependant, pas envie de désapprendre ce que j’ai tellement bûché à apprendre. On aura une L O N G U E période de transition, j’espère!

Pour les récalcitrants au changement, vous n’aurez pas le choix:
– soit on simplifie et standardise les règles comme d’autres langues romanes l’ont fait;
– soit on permet les outils technologiques afin que le temps passée à apprendre soit consacré à la structuration d’un texte et des idées plutôt qu’à l’accord des participes passés.

Et probablement que les deux vont se produire éventuellement. Les espèces qui survivent sont celles capable de s’adapter aux changements! (Biais d’une biologiste ici apparent.)

Je ne regrette pas les efforts mis à apprendre le français et les avantages que savoir écrire me donne. Mais dans la réalité actuelle, il y a beaucoup de choses nouvelles qu’il faut s’efforcer d’apprendre en littératie numérique. Simplifier les vieilles règles de français donne du temps pour étudier autres choses telles que d’autres facettes de l’apprentissage de la langue française, ou pourquoi le « bit coin » c’est mauvais pour l’environnement! ( Et je ne me souviens plus des règles d’accord pour « tel », alors je l’ai écrit tel que ça me venait!)

Bonne journée!

Je me souviens de la réponse d’un jeune Allemand à mon commentaire au sujet des dictées : « Les dictées, ça n’existe pas en Allemagne. Nous n’en avons pas besoin parce que l’orthographe suit la prononciation. » Ou vice-versa…
Idem en espagnol (même s’il reste encore, il faut le dire, beaucoup d’exceptions). L’espagnol posait autrefois des défis semblables au français actuel, mais des penseurs (et des politiciens éclairés) ont simplifié la langue pour que les apprenants puissent se concentrer sur des connaissances autrement plus utiles que des listes d’exceptions.
À partir du milieu du XXe siècle, la Chine a également simplifié plus de 2000 caractères courants. L’écriture originale (toujours utilisée à Hong Kong et à Taïwan) demandait tant d’efforts aux élèves du primaire qu’elle retardait l’apprentissage d’autres matières importantes.
En un sens, on peut dire que l’« américain » écrit prend souvent une forme simplifiée, plus proche de la prononciation, par rapport à l’anglais britannique. Les mots « theater, center, color, neighbor », par exemple, sont calqués sur la forme parlée, alors que leur équivalent british n’est qu’une plate imitation de la prononciation française.
Curieusement, si l’on considère seulement l’exemple du chinois de Chine, de l’anglais américain et de l’espagnol, on dépasse probablement 2 milliards de locuteurs qui utilisent quotidiennement une écriture simplifiée. C’est presque 30% de la population mondiale. Et on ne les entend pas s’en plaindre. 😉
Divulgation volontaire : j’ai utilisé Antidote pour la relecture de ce texte. Ça m’a permis de me concentrer sur le contenu. J’ose espérer que les lecteurs en feront tout autant… à savoir, se concentrer sur le contenu du commentaire, plutôt que sur d’éventuelles et malencontreuses fautes de frappe.

Article scandaleux, s’il en est un. J’enseigne moi-même le français au collégial depuis 28 ans. Le problème de la technologie, c’est de vouloir tout faire à la place de l’humain : retenir des connaissances essentielles, identifier ses erreurs, les corriger correctement. Plus besoin de connaître les règles, l’orthographe correcte des mots, les règles d’accord, Antidote est là pour vous ! Le savoir et le savoir-faire, c’est dans la tête que cela doit se trouver et non dans les puces informatiques. Le résultat de 96 % à l’épreuve ministérielle à distance est davantage attribuable aux cas de « plagiat » et de « participation collective » à la maison. Peu s’en sont cachés. Soyons sérieux. La techno doit rester un outil, mais pas le coeur d’un apprentissage.

Voici un texte que j’ai reçu par un des mes élèves qui étudie un manuel de mathématiques de sec 3 : « Benoit jai quaiment le gout d’arreter messemble javance pas a chaque probleme faut tj jaille te voir penses tu jpeux passer sa? ». Cet élève (33 ans) revient à l’école après 10 années d’une vie très tumultueuse. Il veut refaire sa vie et compte sur le système scolaire pour le qualifier suffisamment pour espérer entrevoir une meilleure vie dans l’avenir. Des gens comme Denis (nom fictif), il y en a des centaines au Québec qui n’ont jamais réussi, de toute évidence, à comprendre les « règles ». Pourtant, je comprends très bien son désarroi. Alors, que faire ? Que pouvons-nous faire pour lui ? Il compte sur nous.