
Les profs qui ont l’impression que les parents tentent de plus en plus de mettre le nez dans leur classe ont de quoi se réjouir: 90% des Québécois disent leur faire confiance. C’est plus que pour la police et même les groupes écolos!
«Au primaire, les parents font plus confiance aux profs que les profs font confiance aux parents», affirme Rolande Deslandes, professeure titulaire au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Selon cette spécialiste des relations écoles-familles, plus les enfants avancent dans leur scolarité, plus la confiance des parents envers les enseignants diminue.
Les chefs d’entreprise en mal de reconnaissance, eux, songeront peut-être songer à déménager ailleurs au Canada. Ils s’y sentiraient peut-être plus valorisés qu’au Québec. Seulement un Québécois sur deux fait confiance aux dirigeants du monde des affaires, alors qu’au Canada, sept personnes sur 10 en ont une bonne opinion.
«Sans doute le reflet de notre vieux fond catholique», dit Serge Racine, fondateur et ex-PDG de Shermag, ce fabricant de meubles de Sherbrooke, pour expliquer cet écart de perception.
Que les gens d’affaires se consolent, ils ne sont pas seuls à souffrir d’un déficit de crédibilité au Québec. Politiciens, journalistes et syndicalistes jouissent tous d’un niveau de confiance plus élevé dans le reste du pays. Exception notable, les écologistes.
En ce qui concerne les politiciens, à peine plus de trois Québécois sur 10 font très ou assez confiance aux politiciens provinciaux. Dans les autres provinces, c’est près de six sur 10. Même constat en politique fédérale: les élus obtiennent la confiance de moins de 30% des Québécois, alors qu’ils ont la faveur d’un peu plus de la moitié des autres Canadiens.
«C’est inquiétant», dit Jacques B. Gélinas, auteur de Le virage à droite des élites politiques québécoises (Écosociété, 2000). Ce sociologue et conférencier estime que les élites d’une société doivent servir de modèles. Lorsque les citoyens doutent de leurs élites, toute la société y perd. «Qui servira d’inspiration?» demande-t-il.
Selon Jacques B. Gélinas, les Québécois se sentent plus près que les Canadiens des politiciens provinciaux. «Or, plus on se sent proche du pouvoir, plus on est critique.»
Alain Giguère, de CROP, est plutôt d’avis que les attentes envers les institutions sont plus grandes au Québec. Et plus les attentes sont élevées, plus les risques de décevoir sont grands. «Dans le reste du Canada, les gens comptent davantage sur eux-mêmes que sur l’État», dit-il.
Les journalistes, syndicalistes et politiciens ont tout de même une petite raison de se réjouir: leur cote était plus basse encore il y a 15 ans!
En fait, au Québec, outre les dirigeants de l’armée et les autorités religieuses, seuls les chefs d’entreprises ont vu la confiance à leur endroit diminuer en 15 ans. «Les gens ont l’impression que les patrons ne se préoccupent que de leurs profits», dit Alain Giguère.
Serge Racine se plaît de temps en temps à rêvasser à la belle époque de l’émergence de Québec Inc., avec son lot d’entrepreneurs vedettes qui faisaient la couverture des magazines économiques. «Comme des rock stars !»