
Les politiciens sont obsédés par le temps présent. Ils vivent dans une microbulle où ne comptent que le plus récent sondage, la dernière crise, le commentaire piquant sur Twitter, leurs chances de réélection. Appelons ça du «présentisme».
Pourtant, le Québec aurait tellement besoin qu’ils soient davantage préoccupés par les conséquences de leurs décisions sur les générations futures ! Et prêts à les défendre contre vents et marées.
Alors que la population du Québec vieillit et que la menace des changements climatiques grandit, chaque décision gouvernementale devrait plus que jamais être évaluée à l’aune des conséquences qu’elle aura à long terme.
De tous les moyens dont nous disposons pour protéger l’avenir, la fiscalité est l’un des plus efficaces. Il faut espérer que le rapport de la Commission d’examen sur la fiscalité, présidée par le fiscaliste Luc Godbout, qui a été rendu public le 19 mars, suscitera la discussion. Et que le gouvernement saura s’en inspirer. Les Québécois ne peuvent pas payer plus d’impôts… mais ils ont besoin que les impôts et les taxes qu’ils paient déjà servent le mieux possible la croissance économique, l’investissement, l’incitation au travail pour le plus grand nombre.
Toute mesure fiscale éliminant des obstacles qui, actuellement, rendent peu séduisant le maintien au travail des plus de 60 ans, par exemple, sera la bienvenue. Trop de Québécois prennent leur retraite avant l’heure, par comparaison avec les travailleurs du reste du pays. Le taux d’emploi des Québécois de 60 ans et plus était de 19,4 % en octobre 2014, alors qu’il était de 23,5 % en Ontario. Au-delà de 65 ans, c’est encore pire. En janvier 2015, à peine 20 % des Québécois âgés de 65 à 69 ans travaillaient, alors qu’en Ontario c’était 26,6 % ! Les gens qui travaillent paient des impôts, avec lesquels l’État peut offrir des services.
Le budget printanier du gouvernement du Québec, attendu le 26 mars, annoncera sans doute le retour à l’équilibre budgétaire. Mais à quel prix pour les jeunes, minoritaires dans notre société, et qui bénéficient bien moins que les plus âgés des sommes dépensées en santé, par exemple.
Les jeunes économistes qui ont préparé récemment pour L’actualité un budget soucieux d’équité intergénérationnelle commenteront ce budget, tout comme ils le feront pour le rapport Godbout. Ne manquez pas cette occasion d’en discuter avec eux.
Un peu partout en Occident, le questionnement entourant l’équité intergénérationnelle grandit. Des organismes invitent même l’ONU à se doter d’un haut-commissaire aux droits des générations futures…
Pour bien vous informer à ce sujet, L’actualité inaugure d’ailleurs un nouveau rendez-vous : « La lutte des générations ». Cette rubrique tenue par le journaliste Jonathan Trudel sera de tous les numéros (en primeur pour les abonnés à la version numérique, et quelques jours plus tard dans notre site Web). Qu’il s’agisse de création d’emplois, de politique d’immigration, de développement durable, d’électrification des transports, le Québec doit affronter d’énormes défis. Mais ils sont certainement moins difficiles à relever que ceux de la Chine !
Ce grand pays d’Asie découvre à la dure que s’enrichir par tous les moyens sans tenir compte des conséquences pour l’avenir — sur l’environnement, par exemple — prépare de douloureux réveils. Le plus grand pollueur du monde est donc contraint de se transformer à toute vitesse en champion de l’écologie. Une révolution étonnante, dont l’émergence aura des conséquences jusqu’en Amérique du Nord. Les Canadiens auraient intérêt à ne pas y rester indifférents.
ÉGALEMENT À VOIR SUR LACTUALITE.COM :
Une vidéo amusante — et très instructive — sur la dette >>
Merci pour ce merveilleux numéro de L’ACTUALITÉ….
Pour être à la fine pointe des enjeux économiques et planétaires, ce numéro est celui à se procurer… L’innovation chinoise dans les technologies durables est source d’espoir.
Dommage qu’il nous faille attendre, nous aussi, de devoir porter des masques anti-pollution pour prendre conscience de la PRIMAUTÉ de cet enjeu sur tout lea autres, nonobstant ce qu’en pense le maire Tremblay ou Harper l’Évangéliste…
Qui aurait cru que la Chine pourrait nous montrer la Voie…
Bravo aussi pour le texte Naomi Klein…
Pourquoi garder au travail les gens de 60 ans le plus longtemps possible? Quand un travail doit être fait, si la personne de 60 ans prend sa retraite, on va la remplacer, donc quelqu’un d’autre paierai des impôts à sa place, et la personne retraitée en paiera encore elle aussi. Au total, dans certains secteurs, plus il y a de retraités, plus l’État empoche de revenus, contrairement à ce que vous dites.
Pourquoi pas? Parce que ce sont de moins en moins de jeunes qui doivent payer de plus en plus de grosses pensions aux plus vieux, pensions auquels ils n’auront eux-mêmes probablement pas droit. Les plus vieux qui sont en santé de plus en plus longtemps doivent être productifs plus longtemps, sinon tout s’écroule!
J’aime beaucoup vos éditoriaux. Je ne suis cependant pas d’accord avec vous quand vous dites que les gens qui travaillent paient des impôts avec lesquels l’État peut offrir des services. Les retraités paient aussi des impôts et sont aussi des consommateurs.