Des manifestations monstres se sont déroulées partout dans le monde ces dernières semaines pour dénoncer le racisme systémique et la brutalité policière après la mort de George Floyd, cet Afro-Américain décédé lors d’une arrestation musclée à Minneapolis.
Cette histoire malheureuse semble avoir éveillé de nombreux esprits en ce qui concerne le racisme systémique que subissent les Afro-Américains, mais aussi d’autres communautés culturelles, aux États-Unis.
Or, quelles sont les impressions de la population américaine à ce sujet ?
De nombreux sondages publiés dans les derniers jours ont exploré la question, dont un de la maison de sondage en ligne britannique YouGov pour le compte du magazine The Economist. Il a été mené du 7 au 9 juin auprès de 1 500 électeurs américains.
Une forte majorité d’Américains reconnaissent, au moins théoriquement, l’ampleur du problème lié au racisme dans la société.Toutefois, d’importantes fractures apparaissent lorsqu’on observe les résultats selon les allégeances politiques : trois électeurs démocrates sur quatre (75 %) estiment que le racisme est un problème « très important » dans la société, mais cet avis n’est partagé que par 21 % des électeurs républicains.
En contraste, seulement 5 % des démocrates croient que le racisme est un problème « peu » ou « pas important », alors que cette proportion grimpe à 38 % chez les républicains. Les données illustrent qu’il y a bel et bien un public pour la rhétorique partisane et parfois belliqueuse du président Trump, même si elle ne représente pas la société américaine dans son ensemble.
Deux tiers des Américains considèrent par ailleurs que les Blancs et les Noirs sont traités différemment par la police (65 %). Sur ce plan encore, le sondage révèle de fortes divisions partisanes :
En effet, seulement 1 électeur démocrate sur 10 juge que Blancs et Noirs sont traités équitablement par la police, alors que c’est l’avis de près d’un républicain sur deux (46 %). Les clans pourraient difficilement être plus éloignés sur cette question.
Les perceptions du mouvement Black Lives Matter suivent aussi les mêmes tendances. Alors que plus de trois électeurs démocrates sur quatre (77 %) perçoivent le slogan de façon positive, seulement un républicain sur quatre est de cet avis.
Ce mouvement pourra-t-il perdurer et forcer les gouvernements à mettre en place de nouvelles réformes pour protéger les minorités des abus des forces de l’ordre ? La pause estivale essoufflera probablement l’élan actuel, mais dans le contexte de la campagne présidentielle américaine (qui accélérera le rythme dès la tenue des conventions nationales républicaine et démocrate en août), nous pouvons parier que ces sujets chauds resteront d’actualité pour des mois encore.