Une lecture pour le nouveau ministre de l’Éducation

Les politiciens passent trop de temps à réformer les structures. Ils devraient plutôt se concentrer sur la réussite des élèves, dit le chercheur John Hattie.

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Pierre Moreau (Photo: Jacques Boissinot/La Presse Canadienne)

Le nouveau ministre de l’Éducation, Pierre Moreau, arrive en poste au moment où commence la consultation publique sur le controversé projet de loi qui signera la fin des élections scolaires. Des dizaines de groupes d’intérêts défileront à l’Assemblée nationale pour faire valoir leur point de vue.

Un formidable gaspillage d’énergie, dirait sûrement l’universitaire australien John Hattie, qui publiait il y a quelques mois What Doesn’t Work in Education : The Politics of Distraction (Pearson, 2015), un titre que l’on pourrait traduire par La politique de la distraction : Liste de ce qui ne fonctionne pas en éducation.

À son avis, les politiciens passent beaucoup trop de temps à réformer les structures, alors qu’ils devraient plutôt s’intéresser aux interventions qui ont un effet réel sur la réussite des élèves.

Ce chercheur, directeur d’un centre de recherche en éducation à l’Université de Melbourne, est vénéré dans les milieux scolaires depuis qu’il a publié, en 2009, Visible Learning, que beaucoup considèrent désormais comme la bible de l’éducation. L’ouvrage synthétise les résultats de plus de 50 000 études menées auprès de 80 millions d’élèves dans le monde et classe les interventions selon leur efficacité.

Parmi tous les facteurs pouvant influencer la réussite des élèves, c’est l’enseignant qui a la plus grande importance, par sa compétence, la qualité de la relation qu’il entretient avec eux, ses rétroactions et ses méthodes pédagogiques. Rien de bien surprenant quand on y pense, mais John Hattie a les chiffres pour le prouver.

Il enfonce le clou dans The Politics of Distraction, une plaquette de 35 pages qui va droit au but : les grandes réformes n’ont que peu d’effet sur la réussite des élèves. Les décideurs devraient donc cesser de vouloir tout réformer, une approche qui empêche de se concentrer sur des éléments qui amélioreraient l’éducation de façon beaucoup plus efficace. Ils doivent aussi éviter les propositions séduisantes aux yeux de l’électorat, mais qui ont à peine plus d’effet qu’un cataplasme sur une jambe de bois.

Le chercheur a dressé le palmarès des solutions les plus fréquemment proposées ici et là sur la planète et qu’il considère comme des « distractions » ayant pour résultat de détourner l’attention de ce qui compte vraiment. Ainsi, certains décideurs privilégient les idées qui apaisent les parents ou les profs, comme la réduction du nombre d’élèves par classe ou le virage technologique (des tableaux blancs interactifs, par exemple…). D’autres préconisent une réforme pédagogique, comme le Québec l’a fait il y a 10 ans. D’autres encore investissent dans l’architecture et le design pour rendre les écoles plus invitantes et augmenter la motivation des élèves.

Ces approches peuvent toutes avoir un effet positif, reconnaît John Hattie. Mais la plupart ont un coût trop élevé pour les bienfaits qu’elles engendrent.

Il en va de même de la gouvernance du système scolaire — ou des commissions scolaires, dans le cas qui nous occupe. Accorder plus d’autonomie aux écoles, miser sur la reddition de comptes, cela peut avoir un effet positif. Mais il est si faible en comparaison d’autres éléments, que « ce n’est pas là que l’on devrait mettre ses efforts », dit le chercheur.

Notre nouveau ministre de l’Éducation rétorquerait sans doute qu’il vise plutôt à économiser l’argent que coûte la tenue d’élections scolaires et à mettre plus de pouvoir entre les mains des acteurs locaux. Qu’importe ! À la lumière des écrits de John Hattie, il s’agit tout de même d’une « distraction », puisque cette démarche détourne le débat des enjeux de fond.

« Miser sur des enseignants et des dirigeants scolaires très compétents, valoriser ces compétences et les renforcer, c’est cela qui change les choses. C’est ce qui donne les meilleurs résultats », insiste le chercheur.

Quelqu’un pourrait-il faire cadeau de ce livre à Pierre Moreau ? L’ouvrage (en anglais) est offert gratuitement sur Internet.

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Pourriez-vous juste leur montrer à lire, écrire et compter correctement… je pense que c’est ça l’enjeu de fond. …

En complément de cet article, on peut ajouter que « Visible Learning » a aussi un site en français. Une page notamment retient mon attention :

— Classement de Hattie : Liste de facteurs pour la réussite scolaire
http://visible-learning.org/fr/john-hattie-classement-facteurs-reussite-apprentissage/

Il est très agréable de voir que la lecture est bien valorisée dans cette étude. Quand on a bien appris à lire (et à écrire) on peut apprendre pratiquement toutes les matières, puis progresser dans chacune d’elles.

Inutile d’envoyer le livre à monsieur Moreau. Il peut le télécharger et s’informer sur bien d’autres sujets directement sur le site Web.

Il conviendrait cependant de s’assurer que le Ministère de l’éducation dispose à tout le moins d’une connexion Internet. Ce qui ne saurait « peut-être » être assuré en ces sombres et ténébreuses périodes d’austérité, qui sont désormais — paraît-il déjà — choses du passé 🙂

Ah… »l’austérité »… Mais a-t-elle vraiment existée?

Pas sûr surtout que les DÉPENSES du gouvernement ont AUGMENTÉES pendant la dite « austérité…

Vous êtes sur une autoroute où la vitesse moyenne des voitures est habituellement de 100 km/h. Une réfection de l’autoroute permet d’aller plus vite et d’atteindre une vitesse moyenne de 120 km/h. Vous aviez l’habitude de rouler sur cette autoroute à la vitesse moyenne (100 km/h), mais la réfection ne vous permet que d’aller à 110 km/h. D’après-vous, même si vous aviez augmenté votre vitesse, vous vous rapprochez ou vous reculez par rapport aux voitures qui roulent à la vitesse moyenne ?

De même lorsque les dépenses annuelles de l’État doivent augmenter de 2 % pour maintenir les services d’une population qui croit et que le budget de l’État augmente de 1 % seulement, des services devront être coupés pour respecter le budget.

Le problème avec votre exemple, c’est que le Québec n’a pas les moyens d’avoir de l’essence dans le réservoir, donc encore moins de « rouler sur l’autoroute »

Ah… »l’austérité »… Mais a-t-elle vraiment existée?
Mais c’est que les ministres Couillard, Leitao, Coiteux l’ont mis en place et pubilisé.
Les ministres de l’éducation l’ont pratiqué sévèrement. Rappelez-vous que pour le premier
le manque de livres dans les écoles ça n’avait pas d’importance.
Pour le deuxième, ne disait-il pas qu’il serait déraisonnable d’investir en éducation.
Pour le troisième, on verra. Il revient au travail.

Les minstre en santé et en bien être social ont coupés allègrement.

Mais bien sûr, avec l’apparition des victimes collatérales, enfants adolescent et personnes agés,
dénoncés par ceux que vous considérez être de viles journalistes,
l’austérité à entendre tous ces ministres n’a jamais existé.
À peine une petite rigueur budgétaire !

Rigueur budgétaire n’est pas de l’austérité. Un peu moins d’enflure verbale vous ferait le plus grand bien.

Il ne faut pas nécessairement dépenser pus mais dépenser MIEUX et c’est exactement ce que tentent de faire les ministres en place. Par exemple, un gouvernement antécédent a installé des tableaux interactifs dans plusieurs écoles, donc, il s dépensé plusieurs millions de $ pour se faire, or, les résultats sont mitigés, voire nuls. Il a dépensé plus(comme vous le préconisez…) mais MAL selon moi.

Dans n’importe quel système, il y aura des « victimes » mais surtout au Québec où tout est régenté par l’État (dont sujet à devenir des victimes du gouvernement) et qui deviennent rapidement des instruments des groupuscules de pression et des grosses centrales syndicales qui les mettent de l’avant pour faire avancer leur propre cause. Exemple: les enfants en bas âge dans les chaînes humaines pour « sauver les CPE et l’école publique…) Y avez-vous cru???

Si vous n’avez pas encore compris ça, vous êtes drôlement naïf.

Prenez exemple sur le privé: structures allégées, direction et professeurs compétents et régulièrement évalués, présence syndicale minimaliste, parents très intéressés à l’éducation de leurs enfants (ils PAIENT!), infrastructures bien entretenues et modernes, etc…

Bref, tout le contraire de ce qui se passe dans la plupart des écoles publiques.

Avec notre omnipotente bureaucratie il est impossible d’agir de façon simple et directe, alors on s’emploie à tout compliquer !

L’ouvrage de John Hattie n’est pas valide d’un point de vue statistique. N’importe quel prof de maths pourra vous le confirmer.

Si on regarde les choses un peu dans le détail, ce sont 138 facteurs qui sont pris en considération en vue d’obtenir la réussite scolaire. Chacun de ces facteurs ont leur importance, mais certains le sont plus que d’autres. Les études faites sur le sujet reposent sur un échantillonnage assez important, environ : 50 000, ce qui n’est pas rien.

Statistiquement parlant, il y a certainement un marge d’erreur. Usuellement cependant, la marge d’erreur est proportionnelle à la taille de l’échantillonnage. Dans un ouvrage comme celui-ci, la fiabilité des réponses devrait être proche ou supérieure à 99%, puisque la variance devrait, compte-tenu de l’échantillonnage être inférieure à 1%.

Tout dépend en ces termes des répondants. Il faudrait bien sûr pour confirmer ou infirmer ce que j’écris, consulter la méthodologie.

Je serais cependant bien aise qu’un professeur de mathématique puisse nous expliquer et nous confirmer que tout ceci est comme vous l’écrivez : « pas valide d’un point de vue statistique ».

@François 1 : Il existe encore des gens donnent le secteur de l’enseignement privé en exemple ?
Franchement ! Ce secteur subventionné à 60% par nos impôts repose sur une image trompeuse .
Au fait , pourquoi ces écoles privées à 40 % refilent au secteur publique ses élèves à problèmes
après le 30 septembre de chaque année ? Assez de menterie !

L’école privée profite à TOUS les élèves québécois!

Si les élèves qui utilisent aujourd’hui l’école privée allaient au public, notre gouvernement aurait à débourser 40% DE PLUS PAR ÉLÈVE pour les éduquer. Plusieurs centaines de Millions de beaux $ de PLUS!!! Pour des résultats probablement pitoyables.

Selon une récente étude du professeur Pierre Lefebvre, de l’UQAM, « Les résultats suggèrent que la minorité considérable des élèves qui fréquentent l’école privée au secondaire explique en partie les résultats supérieurs du Québec aux tests PISA, tant dans les écoles privées que publiques (par effet de concurrence). Selon les estimés conservateurs, l’école privée ajoute approximativement une année d’études en termes des scores de lecture et math. De façon plus importante, pour le développement du capital humain, les résultats soutiennent l’existence d’un effet causal important de l’école privée sur les niveaux (hiérarchie) des compétences mesurées par PISA. »

La nouvelle concurrence que se livrent le public et le privé profite à TOUS! Les nouvelles écoles internationales publiques en sont la pétante preuve.

Les sempiternelles réformes scolaires au Québec sont faites par le ministère de l’ éducation! Le réel problème ne vient pas des commissions scolaires , il vient d’ en haut! Les réformateurs qui change la structure et les programmes au fil des courants politiques de nos grands penseurs!

L’ école privée ce qu’ elle ajoute de plus c’ est l’ assurance que les cours seront donnés; que les heures d’ enseignement seront données au complet et avec du personnel qualifié !

Cessons d’ influencer l’ enseignement par les politiciens, faisons le ménage dans les réformateurs ( hauts fonctionnaires du ministère) mettons de côté les influences politiques et revenons aux méthodes qui ont réussies depuis le début de la colonie jusqu’ en 1960 au tout début de révolution tranquille!