Vidéo : Conversation avec trois innovateurs de l’impact social

À l’occasion d’un webinaire organisé par L’actualité en collaboration avec la Sun Life, trois lauréats des Prix de l’impact social 2020 racontent leur parcours professionnel parfois semé d’embûches. Les innovateurs derrière La Tablée des Chefs, FabLab Onaki et Autisme sans limites donnent des conseils concrets pour réussir à faire grandir une entreprise ayant un réel impact auprès de la population.

« Pourquoi parler d’impact social au Québec aujourd’hui ? Parce que cela nous permet de découvrir la société d’une manière extrêmement positive et d’avoir de l’espoir ! » répond Monique Leroux, la présidente du jury des Prix de l’impact social 2020. 

Cette année encore, L’actualité s’est associé à Credo, une société montréalaise qui accompagne les organisations souhaitant adopter une approche qui bénéficie à la collectivité, pour la remise des Prix de l’impact social. Les lauréats sont autant d’exemples inspirants, qui donnent envie de faire des affaires ayant des conséquences positives pour la société.

À l’occasion d’un webinaire organisé par L’actualité en collaboration avec la Sun Life, trois lauréats (La Tablée des Chefs, FabLab Onaki et Autisme sans limites) racontent leur parcours professionnel parfois semé d’embûches et donnent des conseils concrets pour réussir à faire grandir une entreprise ayant un réel impact auprès de la population.

La Tablée des Chefs fait la preuve qu’une bonne idée en temps normal peut se transformer en idée de génie en pleine pandémie. Depuis 20 ans, l’organisme, qui a reçu le prix dans la catégorie Innovation dans les capacités d’impact, enseigne la cuisine aux jeunes du Québec, lutte contre le gaspillage alimentaire et nourrit les personnes dans le besoin. Lorsque la pandémie a éclaté, Jean-François Archambault a lancé le programme des Cuisines Solidaires : deux millions de repas ont été préparés par plus de 150 cuisiniers depuis le mois de mars.

Pour attirer des entreprises partenaires, Jean-François Archambault conseille aux entrepreneurs d’axer leur modèle sur une réponse à des besoins concrets. Il donne l’exemple de son programme d’enseignements dans les écoles. « On est présents dans 120 écoles et on veut l’être dans 150, parce qu’on sait qu’on a une liste d’attente de 30 écoles. On a fait le travail de cartographie des besoins. » Ce travail permet de prouver à de potentiels financiers que les besoins sont au rendez-vous, précise l’entrepreneur.

Les premiers temps, lorsqu’elle a présenté son projet, Céline Auclair a reçu beaucoup de réponses négatives. « Les milliers de non qu’on a reçus pour quelques oui, c’est inouï ! On a parfois des projets assez lourds à monter, et les propositions écrites sont souvent désincarnées », explique la directrice générale du FabLab Onaki, qui a une double mission : développer la fierté identitaire et enseigner la fabrication d’objets connectés à de jeunes décrocheurs autochtones.

Son conseil : il faut établir des contacts humains avec les bailleurs de fonds. En tissant un lien avec une personne capable de présenter le projet de façon plus personnelle, les organismes peuvent se faire un allié qui portera l’initiative à l’interne chez le bailleur de fonds. 

Outre une mention d’honneur dans la catégorie Renforcement des communautés, le FabLab Onaki est le coup de cœur de la Sun Life. « C’est un bel exemple d’organisme qui a un impact sur la communauté, qui est très innovateur et qui passe par la relève pour assurer la pérennité de la communauté », affirme Robert Dumas, le président de la Sun Life au Québec. « Il est d’autant plus pertinent parce qu’il souligne la beauté de notre diversité québécoise. »

« Au fur et à mesure qu’ils se connectent à leur identité, les jeunes autochtones du FabLab Onaki créent des choses qui peuvent servir à toute l’économie et toute la société », explique Céline Auclair. Elle donne en exemple l’histoire d’Alexander Cooper, un jeune Cri de la communauté de Waswanipi, dont l’ami d’enfance a perdu trois membres de sa famille, décédés après s’être égarés dans les forêts du Grand Nord en 2017. Un an après le drame, pendant sa formation de quatre mois au FabLab Onaki, le jeune homme de 24 ans a conçu une étoile Polaire numérique. L’objet en forme d’étoile, qui tient dans une main, émet des sons que les chiens pisteurs perçoivent, ainsi qu’une lumière très vive pour envoyer des signaux aux hélicoptères et aux avions de recherche. « C’est un exemple de résolution de problème dans leur communauté, mais la création peut servir à toute la société », dit Céline Auclair. 

Autisme sans limites veut pour sa part démontrer que les jeunes autistes peuvent aussi être d’excellents atouts pour la société. L’organisme propose des activités à de jeunes adultes autistes considérés comme « à haut niveau de fonctionnement ». Lise-Marie Gravel est la présidente d’Autisme sans limites et la maman de Kevin, 29 ans. « Quand mon garçon a reçu son diagnostic à 15 ans, le psychiatre nous a dit qu’il était très intelligent, mais que ce n’était pas nécessairement une bonne chose, parce que plus les autistes sont intelligents, plus ils sont conscients de leur état. […] En gros, il nous a dit que notre fils aurait une vie misérable et qu’il souffrirait toujours. Quand je suis sortie du bureau du psychiatre, j’étais dans tous mes états, j’étais scandalisée ! Je n’avais aucun problème à accepter le diagnostic d’autisme, mais que mon garçon soit malheureux et qu’il souffre toute sa vie, il n’en était pas question! »

Depuis trois ans, Autisme sans limites met sur pied des programmes en partenariat avec des musées, des entreprises et des écoles. Les membres du groupe suivent des cours de cuisine, visitent des musées, assistent à des conférences ou découvrent des entreprises. De plus, Lise-Marie Gravel a choisi de donner à chacun de ses partenaires un rôle particulier à jouer. Les étudiants bénévoles que l’organisme recrute dans les universités sont par exemple invités à participer aux sorties ou aux réunions de groupe. « Ainsi, non seulement on inclut nos groupes dans la société, mais on intègre aussi la société dans nos groupes. »

Pour favoriser la pérennité de son modèle, Lise-Marie Gravel voulait que la société bénéficie également de son organisation. En invitant les groupes dans des entreprises ou des établissements culturels, l’organisme donne une grande visibilité à l’implication sociale de ses partenaires. « Leurs clients voient ce qu’ils font, leurs employés et la population en général voient leur implication sociale… C’est vraiment donnant-donnant ! »

Ces organisations redonnent confiance dans l’avenir et dans la société, conclut Monique Leroux. La présidente du jury des Prix de l’impact social souhaite élargir ce mouvement et inspirer un grand nombre d’organisations à se tourner vers l’impact social. « J’espère qu’on va être capables de bâtir un écosystème extrêmement robuste sur les plans humain, social et environnemental, un mouvement d’énergie positive et d’impact positif dans la société ! »