Cette semaine, les universités du monde entier ont opté pour des cours en ligne dans un effort mondial pour contenir le coronavirus. D’innombrables professeurs sont pris au dépourvu face au défi de transformer en cours en ligne ce qui reste de leurs cours normalement offerts en personne.
Je suis professeure au Programme de common law en français de l’Université d’Ottawa et j’enseigne en donnant des cours hybrides. J’ai aussi fait partie de l’équipe d’avocats qui a créé le Programme de pratique de droit, un programme d’apprentissage expérientiel juridique pour les futurs avocats en Ontario, à l’Université d’Ottawa. Voici quelques conseils basés sur mon expérience pour ceux et celles d’entre vous qui s’aventurent dans le monde du cours en ligne pour la première fois.
Disséquer votre cours
En général, un cours se compose de quatre éléments principaux : la transmission des connaissances (des cours magistraux ou des lectures), le « bouchage des trous » (des questions des étudiants), l’application des connaissances et des compétences (activités diverses), et les évaluations.
Dans divers cours universitaires, les deux derniers éléments sont souvent combinés. Ce qui fait que la première et seule occasion offerte aux étudiants d’appliquer leurs connaissances est dans le cadre d’une évaluation. Il n’est pas nécessaire que ce soit ainsi. En fait, il est particulièrement important dans les cours en ligne de donner aux étudiants l’occasion d’appliquer leurs connaissances avant l’évaluation finale. Sans le contact visuel avec les étudiants, il faut prendre des mesures pour s’assurer qu’ils sont sur la bonne voie et qu’ils comprennent bien la matière avant l’évaluation finale.
Assurez-vous que votre cours en ligne contient ces quatre éléments. Il n’existe probablement aucune solution qui convient parfaitement aux quatre éléments. Il est préférable d’utiliser différents outils pour chaque composante. Gardez à l’esprit que tous les outils pédagogiques en ligne dont nous nous servirons n’auront jamais été utilisés à cette échelle auparavant. Il est donc sage de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Examinez chaque élément individuellement et décidez quelle solution vous convient le mieux. Par exemple, vous pouvez préenregistrer des conférences sous forme de fichier audio (tel qu’un MP3). Pour la transmission de connaissances, utilisez un service de vidéoconférence, comme Zoom, Adobe Connect ou Teams. Pour les foires aux questions, organisez des discussions de groupe en vous servant des plateformes éducatives en ligne de votre université pour l’application du savoir, et demandez aux étudiants de soumettre leur devoir final par courriel.
Ne réinventez pas la roue
Renseignez-vous sur la plateforme d’apprentissage en ligne qu’utilise votre université actuellement. Un grand nombre de ces plateformes permettent d’afficher du matériel et de communiquer avec les étudiants (soit par des annonces à tous, soit par des forums de discussion ou même du clavardage direct).
À l’Université d’Ottawa, nous avons recours à Brightspace, une excellente ressource qui est facile à utiliser. Même si vous ne l’avez jamais employée auparavant, il est fort probable que la plupart de vos étudiants la connaissent. Bien des universités ont même des unités spéciales en place pour aider les professeurs à organiser leurs cours. Elles ont souvent des ressources (comme des vidéos avec instructions détaillées) qui expliquent comment utiliser la plateforme d’apprentissage en ligne. Consultez-les.
Pensez aux différents types d’apprentissage
Tout comme dans la salle de classe, les professeurs devraient s’efforcer de donner à tous les étudiants l’occasion de briller. Cela signifie adapter votre enseignement, vos activités éducatives et vos méthodes d’évaluation à différents styles d’apprentissage. Par exemple, vous pourriez permettre aux étudiants de contribuer aux discussions de groupe en écrivant un texte ou en faisant une courte vidéo d’eux-mêmes commentant les lectures. Vous pourriez également proposer de répondre aux questions individuelles des étudiants par courriel ou par Skype.
Adaptez votre matériel au format en ligne
Alors qu’un cours magistral d’une durée de deux heures peut fonctionner lorsqu’il est offert en personne, le même cours sur vidéo n’est pas la meilleure façon de stimuler les étudiants. Pensez à découper vos cours magistraux en minicours d’environ 20 minutes pour les rendre plus digestes. Si vous avez déjà rêvé de faire une conférence TED (technology, entertainment and design), voici l’occasion !
Pensez aux circonstances dans lesquelles se trouvent vos étudiants
Nos étudiants vivent des circonstances difficiles et les enseignants doivent donc être flexibles. Heureusement, cette flexibilité et l’apprentissage en ligne vont de pair.
Dès lors que nos cours se donnent en ligne, nous ne sommes plus limités à enseigner pendant des plages horaires prédéfinies. Cela nous ouvre un monde de nouvelles possibilités. Par exemple, des cours préenregistrés donnent aux étudiants la flexibilité dont ils ont tant besoin dans ces circonstances pour nous écouter quand ils le souhaitent. C’est l’idéal pour les étudiants qui ont des enfants à la maison ou pour ceux qui ont d’autres obligations. Si vous décidez d’offrir vos cours au moyen d’un service de vidéoconférence, enregistrez-les pour les étudiants qui ne seront pas en mesure d’y participer en direct.
La perfection est l’ennemie du bien
Les experts en pédagogie passent des années, voire des décennies, à concevoir des outils d’apprentissage en ligne. Nous n’avons pas ce temps, mais nos étudiants comptent sur nous tous pour faire ce que nous pouvons. J’ai accepté que mes enregistrements vidéos et audios seront truffés de tics verbaux (hum… euh…) et de rires, et de cris occasionnels (ou même fréquents) d’enfants en arrière-plan qui cherchent leur maman. Soyez là pour vos étudiants et communiquez avec eux régulièrement. Cela suscitera chez eux beaucoup de bonne volonté (c’est ce que j’espère).
Quelques ressources pour vous aider au cours des prochaines semaines :
• Transférez vos enregistrements vidéos sur Google Photos et partagez-les gratuitement à l’aide d’un lien confidentiel.
• Enregistrez vos cours avec Garage Band (sur un Mac) ou Audacity (PC).
• Partagez vos documents avec Dropbox.
• Ajoutez un enregistrement audio à vos diapos sur votre présentation PowerPoint.
La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.
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