
S’il ne devait y avoir qu’une raison de voter le 3 novembre, ce ne serait pas pour endiguer la corruption. On y travaille déjà. Les prochains conseillers municipaux seront tellement surveillés qu’ils seront vaccinés pour une génération.
La bonne raison, c’est ce qui pend au bout du nez de nos petits-enfants avant la fin du siècle ; ce dont les villes sont des protagonistes majeures et des victimes désignées ; ce que le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a bien documenté : les conséquences des changements climatiques.
Vous ne voyez pas le lien avec les élections municipales ? Voyez le dossier «Réussir sa ville, mode d’emploi». Vous comprendrez mieux le carcan juridique — et l’aveuglement — qui accule parfois les villes du Québec à des gestes nuisibles. Dans certains cas, leurs décisions sont aussi adaptées aux défis de l’époque qu’une bougie l’est pour faire démarrer un ordinateur.
Quand une municipalité comme Laval permet la construction en zone inondable pour augmenter ses revenus fonciers au mépris des conséquences, quand d’autres villes favorisent l’étalement urbain pour la même raison et augmentent ainsi l’utilisation des automobiles, elles nuisent à tous les Québécois.
Il sera grandement temps, le 3 novembre, de se doter d’élus municipaux conscients des risques que les changements climatiques nous font courir à tous. Le Québec a besoin de conseillers courageux, qui savent qu’ils doivent non seulement préparer leurs villes aux changements climatiques, mais aussi lutter contre la hausse des gaz à effet de serre.
Les municipalités doivent se densifier, résister aux promoteurs, améliorer les transports en commun, planter des arbres pour lutter contre les effets des canicules à venir.
Signé par 250 experts d’une quarantaine de pays, le rapport du GIEC donne le vertige (comme le rapporte la blogueuse Valérie Borde dans son billet).
D’ici la fin du siècle, des dizaines de grandes villes côtières, comme New York ou San Francisco, auront besoin de coûteuses protections contre la montée des eaux des océans (de 26 à 82 cm !).
Au cœur des terres, l’augmentation des pluies surchargera davantage des infrastructures déjà vieillissantes, notamment les égouts. Bonjour les débordements. Ces dépenses vont grever les budgets.
Au Canada, les phénomènes climatiques extrêmes se multiplieront. On verra d’autres évacuations comme celle de Calgary, en Alberta, à l’été 2013.
Canicules, sécheresses, tempêtes entraîneront leur cortège de gens à reloger, d’infrastructures à rebâtir et d’impôts à payer.
Le verdissement des villes doit devenir une priorité. Il faut planter des arbres maintenant si nous voulons qu’ils absorbent la chaleur dans 20 ans.
Des experts comme le cardiologue François Reeves, de la Cité-de-la-Santé, à Laval, sont formels : verdir aujourd’hui, c’est réduire le nombre de maladies pulmonaires et cardiaques demain.
Les instances municipales devront avoir le courage de tarifer davantage leurs services, au risque d’être impopulaires. La taxe municipale sur l’essence (pour les investissements dans le transport en commun) a rapporté un million de dollars à Gaspé l’an dernier, 95 millions à la Communauté métropolitaine de Montréal. Qu’attendent les autorités de Québec pour l’imposer à leur tour et améliorer le transport collectif dans leur ville ?
De Fermont à Montréal en passant par Québec, Laval et Havre-aux-Maisons, pas une municipalité du Québec ne sera épargnée par les changements qui s’annoncent. Vos conseillers municipaux devraient s’en préoccuper. Si ce n’est pas le cas, combattez-les. Votez le 3 novembre.
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Le défi de Lévis
« Sur 179 villes canadiennes, Lévis se classe au 139e rang pour le transport en commun », dit Antoine Dubé, un des six candidats à la mairie. Il invite ses concitoyens à faire de Lévis la ville qui aura le plus haut taux de participation le 3 novembre.