Si l’arrivée hâtive des décorations vous fait rouler des yeux comme un millénarial, tenez-vous loin des vitrines en ce novembre hivernal. S’il vous semble que les magasins sortent les guirlandes de plus en plus tôt, vous n’êtes pas en train de vous transformer en grincheux. Si les citrouilles ont été retirées aux sons de Pa Ra Pa Pam Pam, et ce n’est pas parce que l’Halloween a été reportée, mais bien parce que les commerçants sont anxieux. Le 25 décembre, lui, ne changera pas de date… et cette année, ils ont peur de manquer de temps.
En raison de la date mobile de l’Action de grâce américaine (célébrée le 28 novembre cette année, comparativement au 22 l’an dernier) et de celle immuable de Noël, la saison « officielle » du magasinage des Fêtes sera amputée de six jours. Ce qui inquiète particulièrement les marques, c’est que le calendrier 2019 offre une fin de semaine de moins pour faire les emplettes.
Face à cette crainte de manquer de temps, de nombreuses marques ont choisi de lancer leurs offensives de Noël avant qu’on ait fini de trier les bonbons. D’après Ad Age, une publication spécialisée en publicité et marketing, Walmart a amorcé ses offres de Noël le 25 octobre sur son site américain. La marque de vêtements Gap, qui connaît des difficultés, a débuté sa quête pour faire son chemin sur notre liste de cadeaux le 23 octobre, une semaine complète avant Halloween. Target et Amazon ont aussi sorti leurs annonces de livraison rapide et gratuite.
Les commerçants sont si pressés en raison de l’impact énorme que représentent les achats des Fêtes dans leur bilan annuel. Pour la catégorie des jouets et articles de passe-temps, novembre et décembre génèrent 44 % des ventes annuelles. Pour les téléviseurs et les appareils audio-vidéo (oui, Statistique Canada doit mettre à jour ses catégories), c’est le tiers des ventes. Même les épiceries enregistrent des ventes records lors du dernier mois de l’année.
Malgré tout le bruit autour de la déconsommation, les détaillants n’auraient pas à s’inquiéter de ce sprint des Fêtes plus condensé, si on se fie aux intentions des Canadiens. Une étude de la firme PWC affirme que la majorité d’entre eux prévoient maintenir leurs achats à un montant similaire à l’an dernier. Un Canadien sur quatre prévoit même dépenser davantage qu’en 2018.
Et vous, dans la course, résisterez-vous à l’appel d’Amazon ?
En plus des sommes investies en transport et pour le festin, ce sont quelque 600 $ de cadeaux que chaque Canadien mettra sous le sapin. Avec des achats avoisinant la centaine de dollars en moyenne par catégorie, les jouets, les produits électroniques et les cartes-cadeaux représenteront la moitié des présents échangés. Au total, la dépense des Canadiens pour les Fêtes s’élèvera à quelque 1 500 $ en moyenne. Et ce n’est pas toujours de gaieté de cœur, alors que 80 % d’entre eux estiment que l’incitation à la consommation et à la dépense associée à la période des Fêtes les énerve vraiment.
On sait que les gens qui font leurs emplettes à la dernière minute finissent par payer quelques centaines de dollars en plus pour gâter leurs proches. Alors, il est recommandé cette année de diminuer votre liste ou de vous y prendre un peu d’avance, si vous ne voulez pas rejoindre les 17 % de Canadiens inquiets de l’impact de la saison des Fêtes sur leur carte de crédit.
Moins nerveuses que les détaillants, plusieurs marques répondront au manque de temps par une invitation à magasiner directement sur leur site en ligne. Alors que les uns et les autres rivalisent pour s’accaparer une partie de notre portefeuille, des voix s’élèvent pour encourager les consommateurs à privilégier l’achat local. Sous le thème « J’achète dans ma zone », une campagne cible directement le géant américain qui domine une proportion de plus en plus importante du commerce en ligne. Et vous, dans la course, résisterez-vous à l’appel d’Amazon ?