Cette série est jusqu’ici à l’image de la saison régulière : les Canadiens détiennent une avance importante, bâtie sur deux matchs ultra-serrés. Reste que sur la glace, la situation tourne lentement à l’avantage des hommes de Michel Therrien.
Price contre Hammond, prise 2
Si Andrew Hammond a eu l’air passablement perdu sur les trois buts du Canadien, il n’en a pas moins disputé un excellent match, particulièrement en désavantage numérique. Il a été canardé de 14 chances de marquer en un peu plus de 11 minutes lors de ceux-ci. Si Max Pacioretty (qui d’autre?) l’a battu, Devante Smith-Pelly, Brendan Gallagher (4 chances chacun) et Tomas Plekanec (3 chances) ont été les plus insistants. (J’ai expliqué dans ce billet ma classification des chances par couleurs, mais pour résumer : les chances vertes sont de meilleure qualité, suivies des jaunes, puis des rouges.)

À forces égales, la partie a été beaucoup plus chaudement disputée, mais on a vu le Canadien monter en régime tout au long du match. Après avoir cédé l’avantage aux Sénateurs en première période (4-2), les Montréalais ont obtenu la majorité des chances au cours des trois périodes suivantes, 10 contre 6.
Max Pacioretty entre en scène
Outre son but en avantage numérique, le trio de Pacioretty a aussi été sur la glace pour le but de Subban et… celui de Clark MacArthur en première période ! À forces égales, Pacioretty, Desharnais et Smith-Pelly n’ont obtenu que 2 chances de marquer contre 3 cédées aux Sénateurs.
Une performance en demi-teinte ? Pas du tout ! Alors que Desharnais s’était fait poivrer par Jean-Gabriel Pageau et le 3e duo de défenseurs d’Ottawa lors du premier match, vendredi soir, il a plutôt, grâce à Pacioretty, tenu tête au tandem Karlsson-Methot.
L’effet domino qu’on évoquait il y a quelque jours a donc joué en faveur du trio de Tomas Plekanec. Mercredi, surveillé attentivement par Erik Karlsson et Marc Methot, le trio du tchèque avait connu une soirée pénible à forces égales : 4 chances de marquer obtenues sur 11 tirs tentés, alors qu’ils laissaient Ottawa obtenir 7 chances sur 19 tentatives.
Lors du deuxième match, Plekanec s’est plutôt retrouvé contre Gryba et Borowiecky. Le résultat a été percutant : 6 chances de marquer obtenues sur 19 tirs tentés, une seule chance concédée sur 9 tentatives. Le but gagnant de Galchenyuk achevait donc en beauté une soirée marquée, pour ce trio, par un incessant travail de sape en zone des Sénateurs.
C’est tout le top-6 du CH qui bénéficie directement de la présence de Pacioretty.
Le dilemme de Dave Cameron
L’entraineur des Sénateurs a dû être soulagé de constater que Mika Zibanejad, après un premier match pénible, s’est nettement mieux débrouillé contre Lars Eller. Mais il n’a toujours pas commencé à produire des chances de marquer. La situation est plus difficile pour Kyle Turris. Privé de l’appui de Karlsson et flanqué d’un Mark Stone diminué, il s’est fait franchement rétamer par Plekanec : 5-12 aux tirs, 0-5 aux chances de marquer à forces égales.
Parce qu’il sera à domicile, Cameron aura au cours des deux prochains matchs l’avantage de la patinoire. On entend par là que, lorsqu’il y a une mise en jeu, il décide des joueurs qu’il envoie après que Michel Therrien ne l’ait fait, ce qui lui permet d’avoir le dernier mot quant aux joueurs qui s’affronteront.
L’utilisation de cet avantage va être particulièrement cruciale pour les Sénateurs parce qu’il devient de plus en plus clair que le sort entier de l’équipe repose sur le fait d’associer les bons joueurs aux bons adversaires.
Si Karlsson et Methot font généralement la loi lors de leurs présences, les deux autres duos défensifs sont extrêmement vulnérables à certaines confrontations, entrainant dans leur chute les trios qui les accompagnent.
Le cas d’Eric Gryba et Mark Borowiecki est particulièrement frappant. Jouant contre Desharnais (privé de Pacioretty) au cours du premier match, ce tandem a connu une soirée presque parfaite. Contre Plekanec, ils ont coulé à pic.
L’alignement de Michel Therrien est complet, les rôles y sont bien affirmés et son équipe a su arracher deux victoires lors de matchs chaudement disputés. La balle est donc dans le camp des Sénateurs. Ottawa a jusqu’ici fait jeu égal aux chances avec ses adversaires. Mais on a constaté une baisse de régime au fil du deuxième match et l’avantage que confère Price au Canadien impose à ses adversaires de dominer sur le plan des chances de marquer s’ils veulent remporter la victoire.
Dave Cameron doit choisir : il peut modifier sa formation, au risque de la déséquilibrer son alignement, ou s’en tenir à ce qui l’a bien servi jusqu’ici, dans l’espoir de voir ses joueurs se ressaisir. Mais si la tendance récente s’accélère, il se retrouvera dès mardi le dos au mur. Tout un dilemme.