La preuve que les arbitres francophones ne favorisent pas le Canadien

Au-delà des palabres, que disent les chiffres : y a-t-il favoritisme ? La réponse courte : non.

Photo: François Lacasse/Getty Images
Photo: François Lacasse/Getty Images

FouineurTout ou presque a été dit sur la controverse déclenchée par l’animateur de Hockey Night in Canada, Ron MacLean, à propos d’un supposé favoritisme des arbitres québécois envers le Canadien de Montréal. Mais les chiffres, eux, que disent-ils ?

La semaine dernière, le comparse de Don Cherry a affirmé que la Ligue nationale de hockey (LNH) n’aurait pas dû laisser un Québécois arbitrer le quatrième match de la série de premier tour entre le Canadien de Montréal et le Lightning de Tampa Bay, après la décision controversée d’un autre arbitre québécois lors de la rencontre précédente. À mots couverts, c’est bel et bien d’une accusation de partialité dont il était question.

Devant le tollé suscité par son intervention, Ron MacLean s’est rapidement excusé… de manière assez maladroite. Pour résumer grossièrement, il a affirmé ne pas penser que les arbitres québécois étaient de simples partisans du CH déguisés en blanc et noir, mais plutôt avoir craint que Jon Cooper, l’entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay, le pense, étant donné la bourde de Francis Charron durant le troisième match de la série.

Après tout, cette vision d’une certaine partisanerie des arbitres québécois est répandue dans la LNH. En 2011, les caméras de l’émission 24/7, de la chaîne câblée HBO, avaient filmé Peter Laviolette, alors à la tête des Flyers de Philadelphie, se désoler des décisions prises par l’arbitre Frédérick L’Écuyer lors d’un match à Montréal. « C’est typique de Montréal », s’était-il exclamé sur son banc.

Est-ce vraiment si typique de Montréal ? Au-delà des palabres, que disent les chiffres : y a-t-il favoritisme ?

Andrew Berkshire, de SBNation.com, s’est plongé dans les statistiques pour répondre à cette question. La réponse courte ? Non, les arbitres québécois ne prêchent pas pour la paroisse du Canadien de Montréal.

Le journaliste a analysé les matchs du CH en saison régulière arbitrés par des francophones, entre 2009 et 2014. C’est donc le travail et l’intégrité des arbitres Stéphane Auger, Marc Joannette, Justin St. Pierre, Frédérick L’Écuyer, François St.-Laurent et Francis Charron qui étaient mis en cause.

Or, les chiffres montrent que le Canadien a bénéficié de 50,5 % des jeux de puissances accordés lors des matchs arbitrés par des francophones, soit moins que leur moyenne globale lors de la période étudiée.

Et qu’en est-il des arbitres, individuellement ? L’un d’entre eux a-t-il le CH tatoué sur le cœur sous son uniforme ? Berkshire a scruté la saison 2013-2014 pour évaluer la partialité des arbitres susnommés – à l’exception de Stéphane Auger, désormais retraité.

Ce que le tableau ci-dessous nous enseigne, c’est que mis à part Francis Charron, le moins expérimenté du lot et arbitre de seulement cinq matchs en cinq ans à Montréal, ils favorisent davantage l’équipe visiteuse lors des matchs au Centre Bell que lorsqu’ils officient dans le reste de la Ligue nationale de hockey.

©SBNation.com
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Loin de mettre en évidence un quelconque favoritisme, l’étude chiffrée de Berkshire aurait plutôt tendance à mettre en lumière une plus grande sévérité des arbitres québécois envers le Canadien, sûrement  – et c’est là l’ironie de la chose – pour prouver qu’ils ne sont pas partiaux.

Malgré cette preuve de professionnalisme, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que ce débat ne se rouvre. Les clichés ont la vie dure…

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Ce n’est pas le nombre de punitions qu’il faut regarder, c’est le moment où elles sont décernées. Le CH a toujours l’avantage numérique au moment où il en besoin: en début ou en fin de période en fin de match, quand il tire de l’arrière ou pour protéger une avance, etc.
Si les chiffres disent souvent n’importe quoi, l’histoire, elle, ne ment pas…