Sans le vouloir, Bell aurait vraisemblablement révélé un des secrets les mieux gardés du hockey professionnel: l’état financier du Canadien de Montréal. Par le biais d’un document anodin préparé pour le CRTC et obtenu par La Presse, Bell révèle que le consortium dont le Canadien fait partie (et dont Bell est copropriétaire) – le Groupe CH – a réalisé un profit de 65 millions de dollars sur des revenus de 300 millions – une marge de 22 % – en 2010. À eux seuls, le Canadien et le Centre Bell ont enregistré un profit de 56 millions, le reste provenant d’evenko, la filiale de promotion de spectacle de Groupe CH.
À deux exceptions près, la révélation est unique dans l’histoire moderne du club. En 2006, dans le cadre d’un reportage réalisé par le magazine Forbes, l’équipe avait estimé avoir perdu 226 millions pour la période allant de 1998 à 2006; et en 2004, La Presse rapportait que le club avait perdu 138 millions entre 1997 et 2003.
Les résultats financiers de l’équipe étaient alors malmenés par la faiblesse du dollar canadien et par la qualité exécrable du produit sur glace (Sergei Zholtok! Turner Stevenson!). En quête d’une solution à ses problèmes financiers, le Canadien s’était engagé dans une lutte contre la Ville de Montréal dans le but de faire réduire son compte de taxes foncières pour le Centre Bell, tandis que la LNH tentait de soutirer une aide financière pour ses clubs canadiens auprès du gouvernement fédéral. (Nul autre que Stephen Harper, à l’époque président du National Citizens’ Coalition, était parmi les premiers à célebrer l’échec des négociations entre Gary Bettman et le ministre libéral John Manley.)
Maintenant qu’il a renoué avec les profits, le Canadien se fait beaucoup plus discret. Il faut dire qu’avec 65 millions en profits annuels, une petite gêne s’impose.