Quand les hockeyeurs se transforment en comptables

Les joueurs dont les taux d’imposition sont les plus élevés évoluent au Québec et en Ontario, au sein du Canadien de Montréal, des Maple Leafs de Toronto et des Sénateurs d’Ottawa.

© TSN
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Blogue_hockeyQuestion palmarès et histoire, les Canadiens de Montréal peuvent bomber le torse. Les 24 bannières de la coupe Stanley et les 17 chandails retirés en attestent (le n°5 de Guy Lapointe sera hissé dans les hauteurs du Centre Bell le 8 novembre prochain). Mais il y a un « mais ».

Si le poids de la tradition joue en la faveur du CH au moment de conserver ses meilleurs éléments et d’en attirer de nouveaux, un obstacle se dresse sur le chemin de chaque négociation (ou presque) : les impôts.

Selon une étude du réseau TSN, les joueurs dont les taux d’imposition sont les plus élevés évoluent au Québec et en Ontario, au sein des Canadiens de Montréal, des Maple Leafs de Toronto et des Sénateurs d’Ottawa.

À Montréal, l’histoire n’est pas nouvelle. Personne n’a oublié la controverse déclenchée par Gilles Lupien, qui, en 2006, avait jeté un pavé dans la mare en affirmant au National Post que si Montréal était une belle ville pour jouer au hockey, le système d’imposition en place effrayait de nombreux joueurs. De fait, à offre égale, son client Martin Lapointe avait préféré, en 2001, rejoindre les Bruins de Boston plutôt que les Habs.

Parmi les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), Andrei Markov (49,71 %), P.K. Subban (49, 71 %), Carey Price (49,70 %), Dion Phaneuf (49,22 %) et Erik Karlsson (49,15 %) composent le top 5 des taux d’imposition les plus élevés. Les deux défenseurs du Canadien ne toucheront ainsi que 3,52 millions des 7 millions de dollars inscrits sur leur contrat pour cette saison 2014-2015.

Shea Weber, qui, avec ses 14 millions de dollars, est le joueur le mieux payé de la LNH cette saison, ne paiera pour sa part ses impôts qu’à un taux de 39,6 % (soit 5,5 millions). Aux États-Unis, les villes les plus fiscalement intéressantes pour les joueurs sont Nashville, Dallas, Tampa Bay et Miami – ce qui n’est évidemment pas étranger au fait que le Tennessee, le Texas et la Floride sont les trois seuls États américains où il n’y a pas d’impôt sur le revenu.

« Bienvenue dans la LNH moderne », écrit Rick Westhead, qui fait le lien entre la flambée des salaires des joueurs et la hausse des sous demandés par le gouvernement. « À mesure que les impôts augmentent, les joueurs s’entourent d’armées d’agents et de comptables et sont plus avertis que jamais en matière de fiscalité », écrit-il.

Selon plusieurs agents qui officient dans la LNH, les joueurs qui sont agents libres sont très bien informés des juridictions où les taux d’imposition sont les plus bas. De plus, les joueurs non-Canadiens savent comment tourner à leur avantage la réglementation canadienne.

Par exemple, les hockeyeurs américains qui s’engagent en faveur d’équipes canadiennes peuvent utiliser leurs primes à la signature pour diminuer le montant de leurs impôts exigibles. Phil Kessel, des Maple Leafs, et Bobby Ryan, des Sens, en ont tous deux profité.

« Quand ils ont des joueurs américains, les agents intelligents essayent de transformer au moins un tiers de leur salaire en prime à la signature. C’est à peu près la limite qu’ils peuvent atteindre, car Revenu Canada n’aime pas les voir aller au-dessus de cela », a expliqué à TSN un cadre supérieur d’une firme comptable new-yorkaise qui compte plusieurs joueurs de la LNH parmi ses clients.

Les athlètes qui portent les couleurs de clubs américains peuvent par ailleurs déduire de leurs impôts les honoraires de leur agent (4 %, généralement) – un avantage dont ne bénéficient pas les résidents canadiens.

Les Européens jouant dans l’une des sept équipes canadiennes de la LNH savent quant à eux comment tirer profit du fonds de pension des joueurs de la ligue. En effet, ils ont la possibilité d’y verser une partie de leur salaire et, une fois l’heure de la retraite venue, payer un taux d’imposition de 20 % sur le montant total économisé.

Allan Walsh – un agent de premier plan dont l’un des clients n’est autre que Jiri Sekac, l’une des recrues du CH version 2014-2015 – estime que le fonds de pension peut aider les joueurs européens évoluant au Canada à « sauver » jusqu’à 15 % d’impôts chaque saison.

Don Meehan, autre célèbre agent, assure quant à lui que les joueurs ne cherchent pas tous des moyens de se soustraire à l’impôt. « En ce qui concerne les impôts, tous les joueurs sont conscients des enjeux. Mais certains ne s’en soucient pas et disent qu’ils gagnent tellement d’argent qu’ils préfèrent mettre ça de côté. »

Pour en savoir plus et pour voir le tableau complet des taux d’imposition et des sommes payées aux différents gouvernements par les joueurs de la LNH, rendez-vous sur le site de TSN.

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À tout compter, les joueurs les plus intelligents évitent Montréal (le Québec!) et/ou demandent une compensation financière qui sera éventuellement payée par les amateurs, pour les impôts exorbitants du Québec.

C’est de la belle théorie ça. Ces enfants gâtés de joueurs millionnaires avec leurs agents et leurs équipes de fiscalistes trouvent très facilement les moyens d’éviter une large part des impôts qu’ils devraient payer comme salariés. Pendant ce temps, le bon peuple finance leur salaire de fou en payant leur petite frette à Molson, leur forfait cellulaire à Bell et Vidéotron le double du prix que ça vaut !! Et ça, a partir de leur très petit, petit chèque de paie,..