Chaque dimanche, le rédacteur en chef adjoint de L’actualité, Éric Grenier, vous invite à lire (ou à relire) dans son infolettre Rétroviseur un des reportages les plus marquants de la riche histoire du magazine. Vous pourrez ainsi replonger au cœur de certains enjeux du passé, avec le regard de maintenant.
Le rythme des nouvelles est entré dans son cycle estival, et c’est pour cette raison qu’une bonne partie de l’actualité des derniers jours a été consacrée au hockey. Avec le grand pow-wow annuel du repêchage de la Ligue nationale de hockey, le partisan moyen de la Flanelle (plus aussi sainte qu’à l’époque d’Aurèle Joliat) avait les yeux rivés sur le choix de la direction de l’équipe. Car, grâce aux performances abominables du Canadien ces dernières années, les règles de la ligue lui permettent de crier tôt à cet encan de poulains. Et de choisir de jeunes purs-sangs présumés. Le Canadien est en réfection majeure, comme le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, alors il compte sur ces recrues pour s’extirper des bouchons de bas de classement. Puis pour filer sur la voie rapide des séries. Mais encore faut-il bien sélectionner !
Avec le grand défenseur autrichien David Reinbacher comme choix de premier tour, joueur issu d’un pays où le hockey jouit de la même cote de popularité que le cricket au Québec, l’amateur moyen s’est levé jeudi matin dubitatif, même s’il ignore ce que signifie le mot. David qui ? s’est-il demandé. Comme Carey Price quand il a été invité à nommer le choix de la direction de l’équipe, mercredi vers 20 h 30 : « David… euh… m’en souviens pas… »
Il y a 30 ans cette semaine, ça avait été un peu la même commotion quand Serge Savard avait opté pour un joueur au frêle gabarit (5 pi 9 po, même pas 180 lb) dans ce sport de gorilles. Un certain Saku Koivu.
Trois ans plus tard, son accession aux rangs professionnels s’était plutôt déroulée dans une grande excitation partisane, nous rappelle Carole Beaulieu dans ce portrait publié en avril 1997.
Celle qui allait être rédactrice en chef de L’actualité pendant 19 ans, bien qu’as reporter en décembre 1996, n’avait réussi à obtenir qu’un petit-déjeuner avec la nouvelle coqueluche de la ville. Elle n’avait jamais écrit sur le sport. C’est ce qui avait peut-être refroidi les ardeurs du service des relations de presse, qui a la réputation d’avoir une très forte emprise sur l’image de l’entreprise.
« Ce matin-là, dans la salle déserte du resto L’Ovation, au Centre Bell, Saku marchait vers moi, l’air ennuyé. Sans ses patins, il était un peu plus petit que moi », a-t-elle écrit plus tard, se rappelant cette rencontre marquante au moment de la retraite de l’ancien capitaine de l’équipe (Saku Koivu détient le record de longévité à ce poste, à égalité avec Jean Béliveau).
Ce petit-déjeuner a finalement duré beaucoup plus longtemps que le temps nécessaire pour manger des rôties. « Mon père, ma mère et mon petit frère sont en ville. Veux-tu souper avec eux ce soir ? » l’homme de Turku a-t-il demandé à Carole. « Bien sûr, j’ai accepté. »
Et cette soirée nous a donné quelque chose comme le plus beau portrait de Saku Koivu que j’aie pu lire. Probablement parce que, justement, Carole Beaulieu ne connaît peut-être rien au hockey, mais elle en sait beaucoup sur la vie. Déjà, en lisant les mots de Carole, on peut sentir quelle sorte d’homme il était, celui qui lui permit de revenir au jeu à la fin de la saison 2001-2002, malgré un diagnostic de cancer sept mois plus tôt.
Bonne lecture !
Éric Grenier, rédacteur en chef adjoint
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