
Le soccer est le sport le plus populaire sur la planète, mais les plus grandes nations du monde seront quasiment absentes du Mondial. C’est bien simple, le soccer a encore la moitié de l’humanité à conquérir avant de devenir véritablement un sport global, dit The Economist dans le dossier qu’il a consacré à la Coupe du monde brésilienne.
Des quatre pays plus grands que le Brésil, un seul fait partie des 32 sélections qualifiées pour la grande fête du soccer : les États-Unis.
« Bien que sa présence au Brésil montre que l’Amérique possède une bonne équipe nationale, il y a un certain nombre d’autres sports auxquels ses citoyens donnent davantage d’attention; en Inde, il y a un autre sport qui est tellement ancré dans la psyché nationale que le soccer ne semble pas avoir sa chance. En Chine et en Indonésie, les équipes nationales sont assez faibles, et ce sont les équipes de soccer d’autres pays qui ont des fidèles dévoués. Ni l’Indonésie, ni l’Inde n’ont jamais fait le voyage jusqu’en phase finale de la Coupe du monde durant les 84 ans d’existence de cette compétition; la Chine a participé à une reprise, en 2002, mais a échoué à remporter un match ou même marquer un but. Comment le soccer peut-il être le sport mondial si la moitié de la planète y joue à peine ? »
The Economist lance un pavé dans la mare avec cette question. Mais celle-ci est à double tranchant. Car ce qu’elle implique avant tout, c’est que le soccer a le potentiel de prendre encore plus d’importance à l’échelle planétaire. Et, selon le magazine britannique, le ballon rond semble plus prêt que jamais à conquérir les marchés qui se sont refusés à lui jusqu’à présent.
Les États-Unis, avec la Major League Soccer (MLS), en sont un bon exemple. Les nombreux critiques du soccer – on lui reproche le faible nombre de buts, notamment – ne le croyaient pas capable de titiller la popularité des quatre sports majeurs que sont le baseball, le basketball, le hockey et le football. Mais, aujourd’hui, les matchs de la MLS ne sont plus joués devant des stades de football vides. Au contraire, avec une fréquentation moyenne de 18 600 personnes par match, la MLS devance désormais la NBA et la LNH au nombre moyen de spectateurs. Selon un consultant de Futures Sport + Entertainment cité par The Economist, les États-Unis devraient être le troisième plus grand fournisseur de téléspectateurs durant cette Coupe du monde, derrière le Brésil et l’Allemagne. Un sondeur, Rich Luker, explique également que le soccer est le deuxième sport le plus populaire chez les Américains âgés de 12 à 24 ans, et que Cristiano Ronaldo et Lionel Messi font partie des 10 athlètes les plus populaires auprès des moins de 34 ans.
Et cette vague de popularité ne va aller qu’en s’accroissant, ne serait-ce qu’en raison de la démographie du pays. La communauté hispanique, généralement amatrice de soccer, a grandi de 43 % entre 2000 et 2010. Selon Rich Luker, la soccer devrait bientôt être quatre à cinq fois plus important au sud de la frontière qu’il ne l’est aujourd’hui.
L’Inde, où 400 millions de personnes allument leur téléviseur lorsque l’équipe nationale de cricket joue un match à enjeu, compte également sur l’attrait des jeunes pour le soccer. Le nouveau championnat de local, l’Indian Super League, ne s’y est pas trompé en affirmant dans un document promotionnel : « Le cricket était le sport des pères. Le soccer est le sport des fils ». Des vedettes étrangères du soccer, ainsi que quelques acteurs de Bollywood et même une des plus grandes vedettes de l’histoire du cricket, Sachin Tendulkar, prendront part dès septembre à la fantaisiste Indian Super League, qui génèrera sans nul doute beaucoup d’attention.
Les clubs européens comme Manchester United, Liverpool et Barcelone, bien conscients de l’effet sur leur popularité que représenterait la découverte d’une pépite indienne, ont par ailleurs décidé d’ouvrir des académies de soccer en Inde.
En Chine, l’impopularité du soccer est plutôt due au communisme. Sous Mao Zedong, qui jouait au soccer en tant que gardien de but, à l’école, la Chine était trop isolée pour témoigner de la popularité croissante du soccer. Même sous Deng Xiaoping, un autre amateur de ballon rond, le soccer restait difficile d’approche car il fallait une autorisation pour tenir une réunion de 10 personnes ou plus. Mais alors que la NBA a depuis gagné une belle popularité dans l’Empire du milieu en encourageant la pratique du basketball grâce à la construction d’infrastructures, les clubs de soccer semblent se satisfaire de leur engagement timide mais lucratif, qui se résume à la tenue de matchs d’exhibition.
Jusqu’à récemment, la ligue chinoise de soccer avait tablé sur le recrutement de vedettes étrangères, joueurs comme entraîneurs, pour faire parler d’elle. Evergrande Real Estate Group, propriétaire d’un club dans la province de Guangzhou, s’est d’abord fait l’apôtre de cette stratégie – avec succès – en se payant notamment l’entraîneur de l’équipe d’Italie championne du monde en 2006, Marcello Lippi. Depuis, Evergrande a cependant beaucoup investi pour promouvoir le talent local. Une académie de soccer de 2 300 étudiants, qui disposent de 50 terrains pour parfaire leur jeu, a ainsi été construite en 2012 dans cette province chinoise. L’objectif est clair : faire d’Evergrande une équipe composée exclusivement de joueurs chinois d’ici à 10 ans, et en faire par la suite des vedettes.
« Dans son côté glamour, son attrait chez les jeunes, ses investissements internationaux, son lustre consumériste et son intégration facile avec les nouveaux médias, le soccer peut être considéré comme un modèle de globalisation, et pour beaucoup de pays qui n’excellent pas encore dans ce sport, cela le rend d’autant plus attrayant », conclut The Economist.
À lire : cliquez ici pour découvrir le fascinant reportage du magazine britannique dans son intégralité.
Est-ce vous que j’ai entendu à Ron cette semaine? Un Français qui parlait justement de la Coupe de ballon coup de pied comme on dit au Québec. Un sport qui ne passionne guère les auditeurs de Ron.