
Apple a lancé son premier iPhone le 29 juin 2007, et a entraîné au passage la démocratisation des téléphones intelligents, jusque-là surtout réservés aux gens d’affaires. Jamais un gadget n’aura eu une influence aussi grande en si peu de temps sur l’industrie des nouvelles technologies et sur la société en général.
Nous sommes toujours connectés
En 2008, un an après le lancement de l’iPhone aux États-Unis, 8,1 % des Québécois seulement possédaient un téléphone intelligent ou un assistant numérique (le nom que l’on donnait parfois à l’époque aux téléphones Palm ou BlackBerry), selon l’enquête NETendances du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO). En 2016, ce pourcentage serait passé à 58 % au Québec, et atteint même 81% chez les 18 à 34 ans, toujours selon le CEFRIO.
Non seulement nous possédons majoritairement des téléphones intelligents (surtout des appareils Android), mais ceux-ci sont constamment reliés à Internet, et ceux qui nous contactent s’attendent souvent à une réponse immédiate, que ce soit par téléphone, courriel ou messagerie.
Une nouvelle économie prend son envol
La plus grande nouveauté de l’iPhone ne date pas de 2007, mais plutôt de 2008. Il aura en effet fallu attendre un an pour qu’Apple lance sa boutique d’applications App Store. Celle-ci, avec la boutique Google Play par la suite, a carrément lancé une nouvelle économie, qui a permis à nombre de jeunes entreprises de prospérer.
Apple aurait d’ailleurs remis à elle seule 70 milliards de dollars américains à ses développeurs à ce jour.
La recharge quotidienne devient la norme
Alors que les téléphones devaient auparavant être rechargés tous les quelques jours seulement, Apple a changé la donne, en lançant un appareil qui devait être branché tous les soirs, et même parfois pendant la journée. Que ce soit avec une montre intelligente ou un autre appareil du genre, cette recharge quotidienne est désormais monnaie courante, et les chargeurs pour téléphones sont omniprésents dans les festivals ou les terminaux d’aéroports.
Pour le meilleur, mais surtout pour le pire, Apple est aussi parvenue à faire accepter aux consommateurs le fait d’acheter des appareils sans pile amovible, ce qui était une aberration il n’y a pas si longtemps.
Tout le monde est un photographe

Avec sa qualité d’image supérieure à celle des téléphones sur le marché à l’époque, l’iPhone a littéralement fait exploser la quantité de photos prises par tout un chacun. On ne prend plus 36 poses à l’occasion, mais plutôt plusieurs photos par jour, que ce soit pour conserver un souvenir des moments importants vécus par son nouveau bébé, montrer un plat qu’on a mangé ou partager un égoportrait sur les réseaux sociaux (qui ont évidemment aussi eu de l’influence sur la démocratisation de la photographie mobile).
Les appels vidéos (et plusieurs autres technologies) ont finalement la cote
Même si les premiers visiophones ont été lancés dans les années 1970 et que les applications de vidéoconférence pour ordinateurs ont pris leur envol au début des années 2000, de nombreuses personnes de tous âges ont adopté cette technologie récemment, avec FaceTime d’Apple. FaceTime demeure d’ailleurs une raison pour beaucoup d’utilisateurs de longue date d’Apple de rester dans l’écosystème de l’entreprise.
Les appels vidéos ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres des nombreuses technologies (GPS, montage photo, etc.) qui ont été propulsées par l’iPhone et ses concurrents grâce à leur omniprésence et à leur simplicité d’utilisation. Le téléphone intelligent est d’ailleurs au coeur de la démocratisation de la vie numérique que l’on observe depuis plusieurs années.
La durée de vie des appareils diminue
Apple ne détient pas le monopole des appareils à la vie courte, mais l’arrivée de l’iPhone a certainement créé un changement de mentalité pour bien des acheteurs. Alors qu’on pouvait espérer conserver un bon système audio des dizaines d’années il n’y a pas si longtemps, devoir remplacer un appareil électronique après deux, trois, quatre ou cinq ans est désormais chose courante. Que ce soit à cause de l’obsolescence programmée, des changements technologiques rapides ou des services logiciels qui évoluent avec le temps, l’iPhone est maintenant intimement associé à cette nouvelle réalité.
Apple passe de David à Goliath
Steve Jobs a toujours joué la carte de la petite entreprise qui se battait contre les géants, mais cette image est difficile à conserver depuis l’arrivée de l’iPhone. La société à la pomme est la plus grande capitalisation boursière mondiale depuis 2012, et pourrait bientôt être la première de l’histoire à dépasser la valeur de 1 000 milliards de dollars américains.
Le jeu vidéo se démocratise

Autrefois réservé à un public de niche, le jeu vidéo touche à présent des gens de tous les âges, en partie grâce à l’arrivée des téléphones intelligents, qui permettent de jouer n’importe où, n’importe quand, sur un bel écran.
L’écran tactile s’impose
Le premier iPhone a permis de démocratiser non seulement la technologie tactile multipoint (pour agrandir une image en éloignant ses deux doigts, par exemple), mais aussi les écrans tactiles capacitifs, largement supérieurs aux écrans résistifs qui dominaient le marché en 2007 et qui devaient généralement être utilisés avec un stylet.
Aujourd’hui, ces écrans sont la norme, tant dans les téléphones que dans les montres, les tablettes ou les voitures. Curieusement, les écrans des ordinateurs MacBook d’Apple sont d’ailleurs parmi les rares à ne pas avoir adopté cette technologie.
Ne rien faire : un concept de plus en plus rare
Ne rien faire et se perdre dans ses pensées est un concept de plus en plus rare depuis la démocratisation des téléphones intelligents. Observer les autres dans l’autobus, tomber dans la lune en attendant quelqu’un au coin de la rue, rêvasser en déjeunant le matin : ces petits moments, qui sont tout sauf une perte de temps, sont désormais remplacés par l’envoi de courriels, l’ajout de commentaires sur Facebook et la lecture de chroniques sur le Web.
Une question à ceux qui ont lu ceci sur un téléphone : qu’auriez-vous fait au cours des dernières minutes si vous n’aviez pas eu d’appareil mobile entre les mains ?
Un fabuleux progrès certes.
Mais lisent-ils plus les Lumières pour autant ?
Voilà ce que serait le Progrès définitif…
J’aurais lu le journal, un magazine ou continuer d’apprendre une langue seconde. Ou encore de prendre le temps de réfléchir sans distraction extérieure.
Merci pour votre article.