
Bandez les yeux d’un singe, faites-lui lancer des dards sur les pages économiques d’un journal, et vous obtiendrez des placements tout aussi rentables que ceux prescrits par un expert, a déjà écrit un économiste américain. Cela vous décourage ? Peut-être serez-vous tenté de confier vos épargnes à un robot.
Non, ce n’est pas de la science-fiction. Les robo-advisors, ou conseillers-robots, gèrent déjà plus de 19 milliards de dollars aux États-Unis, et divers cabinets — dont ShareOwner, NestWealth et WealthSimple — offrent de tels services aux Québécois depuis plus d’un an.
Évidemment, un R2-D2 cravaté ne viendra pas chez vous pour discuter de vos finances autour d’un café ; tout se passe en ligne. Vous ouvrez un compte, vous choisissez un portefeuille en fonction de vos objectifs et de votre tolérance au risque, puis un ordinateur prend le relais.
L’algorithme investit automatiquement les sommes que vous versez dans votre compte — CELI, REER ou autre —, rééquilibre votre portefeuille selon les fluctuations des marchés et fournit des données sur la performance de vos placements.
- À LIRE AUSSI : Construire un chalet en utilisant Google
Bref, le robot effectue tout le travail qu’un humain devrait normalement faire. Résultat : les frais de gestion sont réduits de manière draconienne.
La jeune pousse WealthSimple — dans laquelle Power Financial Corporation a investi 10 millions de dollars au printemps dernier — facture ainsi 0,5 % par année, comparativement à une fourchette de 1,5 à 2,5 % pour des fonds communs. Une petite économie qui, à long terme, peut avoir des répercussions considérables sur le rendement réel de votre épargne.
«Les conseillers-robots sont particulièrement intéressants pour les personnes qui ont un petit portefeuille», estime Dan Bortolotti, chroniqueur au magazine MoneySense. Avec moins de 100 000 dollars à investir, trouver un conseiller financier talentueux s’avère «très difficile», explique-t-il, et un ordinateur constitue une meilleure option qu’un «vendeur de fonds communs plus désireux de toucher une commission que de prodiguer des conseils».
Au-delà de cette somme, mieux vaut opter pour une personne en chair et en os, qui pourra offrir une solution sur mesure, notamment en ce qui a trait à la fiscalité. Même chose si vous vous demandez combien économiser pour votre retraite, quand arrêter de travailler ou comment maximiser les rentes gouvernementales : ces questions relèvent d’un planificateur financier et non d’un ordinateur.
Cela dit, même avec une machine, la prudence reste de mise. Un algorithme ne sera peut-être pas tenté de piger dans vos économies, mais Dan Bortolotti estime que le marché canadien est trop petit pour que tous les cabinets de conseillers-robots survivent. «Demandez où sont conservés les actifs et quelles sont les assurances. Si le cabinet fait faillite — et c’est un risque bien réel —, vous devez être protégé.»
- À LIRE AUSSI : Le son des appels cellulaires toujours aussi mauvais