Fortnite s’attaque à Google et Apple

Le créateur de Fortnite vient de faire plus qu’un pied de nez à Apple et Google : il vient de donner des munitions aux pays qui enquêtent sur les pratiques monopolistiques des deux entreprises.

Crédit : L'actualité

Frais de 30 % sur presque toutes les transactions, règles arbitraires concernant les logiciels qui peuvent ou ne peuvent pas s’y retrouver, ententes exclusives avec certains partenaires aux dépens des autres : les règles qui entourent les boutiques d’applications de Google et surtout d’Apple sur les téléphones intelligents sont dénoncées depuis plusieurs années par de nombreux développeurs, comme Epic Games, Spotify, Amazon ou Basecamp.

La situation est même au cœur d’une enquête pour pratiques anticoncurrentielles menée par la Commission européenne contre Apple cet été, à la suite d’une plainte du service de diffusion de musique Spotify. Pour Spotify, Apple abuse de sa position dominante en lui exigeant un pourcentage de ses ventes sur sa plateforme, tout en lui faisant concurrence avec son service Apple Music.

« C’est Apple qui fixe les règles applicables à la distribution des applications aux utilisateurs d’iPhone et d’iPad (…). Nous devons veiller à ce que les règles d’Apple ne faussent pas la concurrence sur les marchés où cette entreprise est en concurrence avec d’autres développeurs d’applications », avait alors noté Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne chargée de l’enquête.

Le Congrès américain s’est aussi penché sur la question à la fin juillet, lors d’une audience avec les patrons d’Amazon, Apple, Facebook et Google.

Bisbille dans le jeu vidéo

Le ton a monté d’un cran au cours des dernières semaines, avec les annonces concernant les services de diffusion de jeux Stadia de Google, Xbox Game Pass de Microsoft et Facebook Gaming, qui ne pourront pas être offerts sur l’App Store d’Apple.

Selon Apple, les services de jeux dans le nuage ne respectent pas les règles de l’App Store, notamment parce que chacun des jeux que l’on retrouve sur ces services ne peut être analysé individuellement par l’entreprise.

Notons que ces services de jeux dans le nuage pourraient être offerts sur l’App Store si leurs créateurs acceptaient de reverser 30 % de leurs revenus à Apple, ce qu’ils refusent. Résultat : le seul service de jeu par abonnement offert sur iOS est pour l’instant Apple Arcade, d’Apple.

La décision d’Apple a entraîné une levée de boucliers dans l’industrie. Même des amateurs inconditionnels de la marque à la pomme se sont prononcés contre la pratique.

Un duo de poursuites par Epic Games

Le mécontentement s’est transformé en mutinerie jeudi, avec l’annonce en matinée qu’Epic Games diminuait le prix de certaines transactions dans son jeu Fortnite, sauf pour les joueurs qui passent par les services de paiement d’Apple et de Google — une décision qui viole les politiques de l’App Store et de la boutique Google Play.

Dans le communiqué annonçant sa décision, Epic Games s’est attaqué aux deux géants en affirmant que la diminution ne s’appliquait pas à ces services qui prennent une cote de 30 % sur toutes les transactions, et en ajoutant que « si Apple ou Google diminuent un jour leurs frais, Epic va remettre les économies aux utilisateurs ».

L’affirmation d’Epic Games est plus qu’un pied de nez à Apple et Google : elle offre aussi des munitions aux pays qui enquêtent sur les pratiques monopolistiques des deux entreprises.

En quelques heures, Apple et Google ont banni Fortnite de leurs boutiques respectives.

Epic s’y attendait. L’entreprise a mis en ligne une vidéo promotionnelle pastichant la célèbre annonce 1984 d’Apple, qui montrait l’entreprise comme celle dont l’ordinateur Macintosh allait libérer le monde de l’omniprésent IBM. Dans la version de 2020, Apple est le nouveau IBM, et Fortnite est la force révolutionnaire qui pourra sauver les joueurs.


En une seule vidéo, Epic Games s’attaque à deux des principales forces d’Apple : son image branchée et son iPhone, qui risque de perde son statut de téléphone intelligent de choix pour les joueurs de jeux vidéo.

Peu de temps après, l’entreprise a aussi déposé des poursuites aux États-Unis contre Apple et Google, affirmant que les deux entreprises profitent de leurs positions monopolistiques pour agir d’une façon anticoncurrentielle.

Dans les poursuites, qui pourraient prendre des années avant d’aboutir à des changements concrets, Epic Games ne demande pas d’argent d’Apple et de Google, ni de traitement préférentiel, mais plutôt que les règles soient changées, ce qui pourrait avoir des répercussions pour tous les développeurs d’applications mobiles dans le monde. L’application de rencontres Tinder a d’ailleurs rapidement apporté son soutien à Epic Games après le dépôt des poursuites.

La question est maintenant de savoir si les deux géants plieront devant la mutinerie et adouciront leurs règles de leurs boutiques d’applications, ou s’ils tenteront par tous les moyens de préserver intactes ces véritables vaches à lait, qui rapporteraient environ 10 milliards de dollars par année à Google et 19 milliards par année à Apple.

Les commentaires sont fermés.

Fortnite s’attaque à Google et Apple
Merci de nous fournir de telles explications informatives!

Bravo! De faire dispàraitre les monopoles qui tuent les petits. Il y a des limite a faire des milliards.