L’heure du grand ménage

La mise au ban de Donald Trump sur les plateformes Web et la fermeture du réseau social Parler marquent un changement d’attitude important de la part des géants technos, qui amorcent avec plusieurs années de retard un grand nettoyage devenu nécessaire.

Photo : AP Photo/Patrick Semansky ; Montage : L'actualité

Il aura fallu la prise d’assaut du Capitole et la mort de cinq personnes, mercredi aux États-Unis, pour que les entreprises Web admettent ce que les observateurs décrient depuis longtemps : le laisser-aller général qui a lieu sur Internet peut avoir des conséquences graves dans le monde réel.

En l’espace de quelques jours, la plupart des plateformes (Facebook, Twitter, Snapchat, Shopify et plus) ont supprimé ou restreint les comptes du président américain Donald Trump, dont les propos semblent avoir encouragé les émeutiers du Capitole. Le couperet est tombé la même journée que l’élimination de milliers de comptes reliés à QAnon (un mouvement pro-Trump d’extrême droite né en ligne et qui s’apparente souvent à un culte), incluant celui d’Alexis Cossette-Trudel au Québec.

Habituellement lent à réagir — on se souvient que des messages d’arnaques Bitcoin publiés sur des comptes de célébrités avaient été laissés en ligne pendant quelques heures l’été dernier —, Twitter n’a pris que quelques minutes jeudi pour faire disparaître les différents comptes où Donald Trump tentait de se défendre après la perte de sa tribune personnelle.

Autre action importante, Apple et Google ont retiré Parler de leurs boutiques d’applications vendredi et samedi. Parler est un réseau social parallèle qui se veut pour la liberté d’expression, mais il est surtout un espace de rassemblement de la droite alternative, où l’invasion du Capitole aurait en partie été organisée.

Plus significatif encore, AWS, la division infonuagique d’Amazon qui hébergeait Parler jusqu’ici, a mis un terme à sa relation d’affaires avec l’entreprise. Dans le monde réel, c’est l’équivalent d’un commerce qui se fait évincer de son local et qui doit quitter les lieux en 24 heures seulement. Le réseau devrait d’ailleurs être hors ligne au moins d’ici la fin de la semaine, le temps qu’il puisse être rebâti ailleurs (et ça, c’est s’il arrive à se trouver un autre fournisseur d’ici là).

Nouvelle boussole morale ou esprit de préservation ?

Officiellement, le grand ménage de la semaine dernière se veut une façon de prévenir d’autres actes de violence qui pourraient entacher la transition présidentielle aux États-Unis. Les réseaux sociaux se justifient en disant que les appels à l’agressivité des comptes supprimés ne respectent pas leurs modalités de service.

Dans le cas d’AWS, ce n’est pas la présence de messages violents sur Parler qui est montrée du doigt, mais plutôt l’absence de modération pour les effacer.

La réaction efficace des plateformes Web cette semaine surprend, surtout si l’on considère leur lenteur et leur inactivité au cours des dernières années (Parler existe depuis deux ans, et l’absence de modération n’avait jamais été soulevée par AWS jusqu’à tout récemment).

L’urgence de la situation, la tentative de Donald Trump d’annuler les résultats de l’élection américaine et les réclamations des employés des entreprises technos peuvent évidemment expliquer l’apparition de cette boussole morale. La semaine dernière, le nouveau syndicat des employés de Google a en effet vilipendé YouTube pour son laxisme par rapport à Donald Trump, et une partie du personnel d’Amazon a exigé sur Twitter que l’entreprise abandonne Parler.

Les plus cyniques ne manqueront pas non plus de soulever que le changement de gouvernement aux États-Unis pourrait y être pour quelque chose. Dans une entrevue sur la chaîne Bloomberg, le professeur à l’Université de New York Scott Galloway comparait en novembre l’arrivée de Joe Biden à la présidence à des parents qui devancent leur retour à la maison et dont les enfants doivent rapidement faire le ménage après une fête.

Les actions des derniers jours sont donc aussi une façon pour les entreprises technos de démontrer qu’elles peuvent s’autoréguler avant que des réformes ne leur soient imposées par le prochain gouvernement.

Un grand ménage ne règle pas le problème

Peu importe la motivation, le résultat est le même : les plateformes Web effectuent ces jours-ci un grand ménage, avec plusieurs années de retard.

Le propre d’un ménage est toutefois qu’il est toujours à recommencer. Si les entreprises technos veulent réellement freiner la radicalisation de leurs utilisateurs, elles doivent avant tout changer leurs habitudes.

À l’heure actuelle, il n’est par exemple toujours pas possible d’alerter Twitter au sujet d’un message constituant de la désinformation. Les vidéos conspirationnistes continuent d’amasser des millions de vues sur YouTube et les propos incendiaires sont encore favorisés par l’algorithme de Facebook.

Un grand ménage était essentiel. Mais c’était aussi la partie la plus aisée. Il reste maintenant à voir si les vraies décisions difficiles seront prises pour remettre de l’ordre sur le Web.

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Malheureusement, cela peut aussi être vue comme autre exemple de » la gauche » qui contrôle « la droite ». « La gauche » est au pouvoir, « la droite » ne peut plus s’exprimer.

Très dangereux comme situation.

J’ai beaucoup, beaucoup de difficultés à accepter qu’on coupe le droit de parole.

Le monde n’est pas bipolaire comme vous le laissez entendre. Il y a certes des pays plus totalitaires mais les démocraties représentent une myriade d’opinions et de tendances où on ne peut dire que la gauche ou la droite est au pouvoir. C’est dans les excès qu’on peut subir une telle situation mais on est loin d’être rendu là et on ne peut taxer Twitter ou Facebook de gauche… ce serait ridicule.

Question? Dans votre paragraphe en titre vous mentionnez (Réseau parler) ?..en reference à Twitter ? Si c’est le cas cher ami vous faites drolement fausse route. Twitter est une marque de commerce utilisée universellement Et deux, vous nuisez à la compréhension du texte.
Merci

Parler est une application comme Twitter. On pouvait téléchargé cette application dans Google play, Amazon et autre du genre.

Et après, ce sera quoi ?
Aussitôt que quelqu’un aura une pensée opposée à celle de la gauche, clic… parti… aucun recours ? C’est ça votre démocratie ? Il y a deux noms à cette situation, c’est ¨tribunal populaire¨ et ¨tribunal des tout puissants du Web¨.
Je comprends que la violence verbale ou écrite n’a pas sa place nulle part, mais il n’appartient à personne à part les juges de condamner et priver qui que ce soit de sa liberté d’expression . Les lois existent, alors, qu’on les applique.
La rectitude politique, ça suffit.

Ah, encore la gauche qui mène tout. C’est très réducteur et ça sent le fascisme à plein nez. C’était la marotte des nazis de faire croire au monde que c’étaient les communistes qui étaient les méchants alors que c’étaient eux-mêmes qui avaient mis le feu au Reichstag. Quant à la soi-disant gauche, on a vu où l’extrême gauche est allée et ce n’était pas plus reluisant que l’extrême droite. Alors, le monde en noir et blanc c’est dépassé.

M. NPierre, pour mettre les choses au clair, disons que je me positionne plus à l’extrême centre, loin des deux extrêmes. Votre 2e phrase démontre exactement mon point : ceux qui ne pensent pas comme la gauche sont des fascistes et des nazis.
Des deux côtés, je trouve qu’il y a de bonnes idées en y allant avec discernement . Ex: je suis contre le racisme, mais je ne suis pas pour une immigration incontrôlée et non nécessaire. Cela peut se discuter, mais avec certains, c’est comme vous dites, c’est noir… sans aucune nuance. Je constate donc le contraire de votre dernière phrase: le monde en noir et blanc n’est pas encore dépassé. Désolé.

Grande différence entre droit de parole et encouragement a une révolution ou insurrection, surtout en démocratie.

@ Michel :
Je ne dis pas le contraire, mais est-ce une raison pour censurer leur droit de parole, non ! Toutes les grandes nations actuelles, démocratiques ou non, se sont bâties au départ d’une révolution, et très peu d’entre elles étaient ¨tranquilles¨.
Si Trump, par ses propos, a encouragé à la rébellion, à l’insurrection, eh bien, qu’on lui intente un procès avec les preuves à l’appui. Il appartiendra aux juges et à la justice de décider de son sort. Pas à vous, pas au web, pas à moi.
La police vous donne un ticket pour excès de vitesse, vous contestez, il y a comparution en cour: la police devra ¨prouver¨ que vous rouliez trop vite, sinon vous êtes acquité. C’est ça la justice. Si vous n’avez plus le droit de vous défendre, vous n’avez plus de liberté. Aussi simple que cela.

La décision des réseaux qu’elle absence de courage , sous de fausse prétention , ils décident d’agir a ce moment précis, drôle de timing . Les patron décident d’agir suite a la demande de groupe d’employés , c’est une blague . Agiront ils a la demande de leurs employés sur d’autre enjeux sociétal important exemple la liberté d’expression , l’Uniformation du discours , des idées ? L’accaparation de milliard de dollars par un petit groupe d’homme et femmes . Je ne suis pas un partisan de Trump . Au delà de Trump , la liberté d’expression demeure non négociable . Quand les réseau sociaux , certaine chaine de média décident de censurer la président des Etats unis ou autre personnage publiques ca deviens dangereux pour la démocratie. Agir ainsi et penser que les discours qui dérangent disparaitront demeure un calcul simpliste .