Intelligence artificielle: « Travailler local » ?

L’intelligence artificielle a le vent dans les voiles dans les grandes entreprises, et ce vent les mène tout droit à Montréal.

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Après les campagnes « Manger local », pour promouvoir l’agriculture de proximité, et « Acheter local », pour encourager les fabricants et les commerçants d’ici, l’arrivée au Québec des géants technos à la recherche de talents en intelligence artificielle pourrait entraîner l’émergence d’un nouveau slogan : « Travailler local ».

L’intelligence artificielle a le vent dans les voiles dans les grandes entreprises, et ce vent les mène tout droit à Montréal, où la présence de chercheurs de renom et d’un écosystème dynamique de jeunes pousses fait de la métropole québécoise un endroit attirant pour s’établir.

« Dans un domaine émergent comme l’intelligence artificielle, embaucher des gens de talent est la clé », expliquait récemment Mike Schroepfer, directeur de la technologie de Facebook. Le réseau social a annoncé en septembre l’ouverture d’un nouveau centre de recherche à Montréal, une façon de « se rapprocher des chercheurs là où ils sont ».

Facebook n’est pas la seule à avoir pignon sur rue à Montréal. Google, Microsoft, IBM et Samsung, pour ne nommer que celles-là, ont toutes choisi de s’installer ici.

« À la vitesse à laquelle la demande croît, on s’attend à ce qu’il y ait près de 6 000 emplois dans le secteur d’ici les cinq prochaines années », prédit Jean-François Couturier, directeur de comptes principal en technologies pour l’agence de placement Randstad Canada.

L’éclosion de l’intelligence artificielle est une excellente chose pour la ville. Outre la création d’emplois et les investissements dans le milieu de la recherche universitaire, l’arrivée des multinationales technos risque d’avoir un effet d’entraînement sur tout l’écosystème des jeunes entreprises.

La guerre pour la recherche de talents, qui a mené les géants de la Silicon Valley à Montréal, devrait toutefois se poursuivre ici. À l’heure actuelle, Randstad Canada n’a répertorié que 343 candidats ayant une expérience en intelligence artificielle à Montréal. On est loin des 6 000 emplois à pourvoir.

Dans un marché à l’avantage des postulants, une surenchère est à prévoir, et les entreprises locales risquent d’avoir de la difficulté à concurrencer les chéquiers sans fonds des multinationales.

L’idée n’est pas de juger ceux qui poursuivent leur carrière dans une multinationale étrangère. Loin de là. Choisir un nouveau gagne-pain est le fruit d’une combinaison de plusieurs facteurs, et les Facebook de ce monde ont généralement beaucoup à offrir.

Mais l’explosion de l’intelligence artificielle à Montréal pourrait tout de même être le bon moment d’ajouter le travail local à la liste des arguments à considérer quand vient le temps de choisir un nouvel employeur. Car dans un monde idéal, le boulot des meilleurs chercheurs locaux devrait créer de la richesse ici, et non à San Francisco.