Un pu**** de site Web

Ce qui semble d’abord être une vulgaire blague pour geek est en réalité une solution Web pour les pays en développement.

Photo: Thomas Imo/Photothek
Photo: Thomas Imo/Photothek

Le site motherfuckingwebsite.com est laid. Très laid même. Il ne s’agit que d’un court texte, sans image, sans menu et sans outils de partage sur les réseaux sociaux.

Son créateur n’en clame pas moins que sa page Web est «fucking perfect». Et il a raison.

Il m’a fallu un moment pour comprendre qu’il était sérieux. Avec ses jurons à tous les deux mots et des références au « jQuery », la page ressemble davantage à une blague faite par et pour des geeks.

Trois arguments sensés émergent toutefois de son discours, et je vous les partage ici, la vulgarité en moins.

Un : motherfuckingwebsite est extrêmement léger ; le site se télécharge en une fraction de seconde. Pour vous qui bénéficiez d’une connexion haute vitesse, cela ne change rien. Mais pour ceux, nombreux, qui se trouvent dans une région du monde où les photos apparaissent ligne par ligne sur leur écran, c’est un atout de taille.

Lors d’un reportage récent au Cameroun, j’ai tenté de me connecter à Facebook pour prendre les coordonnées d’un contact. J’aurais donné tout l’or du monde pour supprimer les photos et les messages instantanés afin d’accéder rapidement à l’information qui m’intéressait, soit deux petites lignes de texte. À l’inverse, j’ai dû attendre de longues minutes, pendant lesquelles j’ai allègrement usé d’un vocabulaire digne de motherfuckingwebsite.

Deux : motherfuckingwebsite est adaptatif. Cela signifie que la page s’ajuste automatiquement à la taille votre écran. Vous pourrez ainsi voir motherfuckingwebsite.com sans problème, que vous y accédiez avec un ordinateur, une tablette, un téléphone intelligent ou, ajoute le créateur, un «Tamagotchi».

Je n’ai jamais vu de Tamagotchi – ces petits animaux virtuels dont il faut prendre soin – ayant une connexion Internet. Mais dans bien des pays, des gens accèdent au Web depuis l’écran minuscule de leurs téléphones non intelligents. Ils peuvent donc lire les insanités de motherfuckingwebsite sans problème.

Heureusement pour eux, le site de L’actualité est également adaptatif. Si vous modifiez la largeur de la fenêtre de votre navigateur web, vous remarquerez que le texte s’adaptera de lui-même à la taille de l’écran.

Trois : motherfuckingwebsite fonctionne. Qu’une page Web fonctionne peut sembler une évidence si vous utilisez un navigateur comme Chrome, Mozilla ou Safari. Près de 5 % des personnes connectées dans le monde utilisent toutefois une vieille version d’Internet Explorer et reçoivent régulièrement des messages d’erreur en surfant sur les sites modernes de la Toile.

Bref, motherfuckingwebsite est «parfait»… pour les pays en développement. «Dommage que rien de plus intelligent n’y soit écrit», direz-vous. Le créateur du site, un designer Web américain du nom de Barry T. Smith, partage votre avis.

En réalité, motherfuckingwebsite est un coup de marketing pour promouvoir le service Web créé par Barry T. Smith : txti.

txti permet de créer des pages similaires à motherfuckingwebsite.com avec, de préférence, du contenu plus éloquent. Le service est simple, gratuit, sans publicité. Barry T. Smith souhaite ainsi créer un espace sur le Web où tous les usagers, y compris ceux qui n’ont pas accès aux dernières technologies, peuvent s’informer et partager leur histoire.

Pour m’amuser, j’ai créé une version txti de ce billet. En voyant la vitesse à laquelle il s’ouvre, comparativement au temps de chargement de ce blogue, vous aussi laisserez peut-être échapper un «pu****» bien senti.

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J’adore ! Simple, rapide, efficace. Il fallait y penser. J’ai l’impression de revenir au temps des premiers journaux écrit, sans photos, sans flafla !

Et si c`était father fucking website, nous les mamans nous pourrions respirer un peu.

Une autre de ces utilisations non-honorante des

femmes… J`ai ai la nausée!!

Pierrette Morissette,

Gatineau