Même s’il s’agit de mon baptême de l’air virtuel, mon décollage de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau à bord d’un Cessna 172 se fait tout en douceur.
Je suis l’autoroute 40 pour quelque temps, puis je décide de couper par le mont Royal pour atteindre centre-ville de Montréal. Le réalisme y est déconcertant. Les nuages au-dessus de moi rappellent ceux que l’on traverse en avion et l’eau du Saint-Laurent pourrait avoir été filmée tellement ses mouvements semblent vrais. Siège social d’Hydro-Québec, Complexe Desjardins, brasserie Molson : même les immeubles que je vois sont une reproduction exacte de ceux dans la vraie vie, logos compris.
Je tourne vers le nord, question de survoler mon appartement dans Villeray. Soudainement, la qualité diminue. Je reconnais les rues, mais les triplex de mon quartier sont remplacés par des bâtiments industriels génériques.
« Quel est le nom de votre quartier ? », me demande David Dedeine lorsque je lui fais part de l’anecdote. M. Dedeine est le directeur créatif et cofondateur d’Asobo Studio, le studio français choisi par Microsoft pour développer la prochaine version de Microsoft Flight Simulator.
Le directeur recherche le quartier montréalais sur son téléphone, interrompant brièvement notre entrevue réalisée dans un événement de presse où L’actualité était invité. « C’est typique ce qu’il est en train de faire là. On travaille en fonction des problèmes », m’explique son collègue Lionel Fuentes, programmeur du moteur de jeu chez Asobo Studio.
Pour améliorer le réalisme de Villeray, l’équipe ne modélisera pas chacun des immeubles. La planète est beaucoup trop grande pour recréer tous les édifices à la main. Le studio français pourra toutefois s’assurer que les détails des images satellites sont bien reconnus par ses algorithmes. Ceux-ci recréeront ensuite automatiquement des édifices reprenant l’architecture montréalaise.
« Il faut faire confiance au système », résume David Dedeine. L’opération est toutefois risquée. « C’est un peu l’effet papillon. Corriger des immeubles à Montréal peut avoir des répercussions au Japon », illustre pour sa part Lionel Fuentes.

« Les monuments ne peuvent toutefois pas être recréés automatiquement. Quand il y a quelque chose d’unique et d’important, comme la tour Eiffel, la statue de la Liberté ou les pyramides, on doit les modéliser à la main », avoue David Dedeine. Dans un autre vol, j’avais d’ailleurs noté que le Rocher Percé semblait avoir été écrasé dans Microsoft Flight Simulator. Comme tout Gaspésien qui se respecte, j’ai évidemment demandé que la situation soit corrigée d’ici le lancement du logiciel.
La modélisation de monuments est l’exception dans le développement de Microsoft Flight Simulator. Pour que le logiciel fonctionne à l’échelle planétaire, celui-ci doit se baser sur des systèmes procéduraux. C’est la reproduction automatique des arbres (il y en a 1,5 billion dans le jeu), de montagnes, de cours d’eau, de plus de 40 000 aéroports, de deux millions de villes, de toutes les routes de la planète et des immeubles qui permet au joueur de voler à basse altitude et de retrouver ses repères visuels partout dans le monde.
En 37 ans d’existence — Microsoft Flight Simulator est la plus vieille franchise toujours active de l’entreprise, précédant même Office et Windows —, c’est la première fois que le simulateur permettra de piloter à vue de la sorte.
« Nous avons maintenant accès à des images satellites de la terre entière à 30 centimètres près. De nombreuses zones offrent une précision de cinq centimètres, et des milliers vont jusqu’à trois centimètres », se réjouit Jorg Neumann, responsable de la franchise Microsoft Flight Simulator. Ce sont ces variations de cartes qui expliquent d’ailleurs la différence de réalisme entre Ville-Marie et les autres quartiers de Montréal, ou entre New York et Trois-Rivières.
Le simulateur utilise en tout 2000 téraoctets de données Bing Maps. Et puisque ces cartes sont constamment mises à jour, les territoires que l’on survole dans Microsoft Flight Simulator seront aussi actualisés avec le temps. Une connexion Internet sera nécessaire pour jouir de la meilleure expérience possible, mais un mode hors ligne sera aussi offert, promet Asobo Studio.
Voler dans les nuages

Les images satellites au sol ne sont pas les seules données utilisées pour augmenter le réalisme du simulateur. Les conditions météorologiques dans le jeu sont aussi reliées à celles dans la vraie vie. Les nuages sont reproduits avec justesse, même lorsqu’on les traverse. Un développeur d’Asobo Studio a d’ailleurs volé dans l’ouragan Dorian il y a quelques semaines, alors que celui-ci était encore dans les Caraïbes.
Ces améliorations n’affectent pas que la beauté de l’environnement autour du joueur, mais aussi le réalisme de la simulation, que ce soit pour reproduire les instruments de vols qui sont difficiles à consulter en plein soleil ou pour s’assurer que la météo et la géographie influencent le vent de la bonne façon, ce qui affectera ensuite l’avion.
Les cockpits ont aussi été améliorés par rapport aux dernières générations de simulateurs d’avions. Des modèles précis ont été numérisés et les environnements sonores ont été enregistrés, pour que les sons des moteurs et du fuselage soient les mêmes, par exemple.
« Tous les boutons et les écrans tactiles sont interactifs », note Martial Bossard, responsable de l’ingénierie logicielle et cofondateur d’Asobo Studio. Des éléments ont d’ailleurs été ajoutés à l’interface pour permettre au joueur d’apprendre à interagir avec ces appareils. « Ces systèmes sont importants, puisqu’ils permettent d’apprivoiser un avion dans lequel on n’a jamais volé », ajoute-t-il.
Un simulateur amélioré

Si le visuel de Microsoft Flight Simulator a été entièrement revu pour cette mise à jour — son prédécesseur Flight Simulator X date après tout de 2006 —, la chose est différente pour la simulation de vol elle-même.
« Quand nous avons commencé le projet, j’ai lu tout le code précédent à propos des simulations. C’était basé sur des années de recherche. Nous avons donc décidé d’en profiter et de l’améliorer plutôt que de repartir à zéro, en bénéficiant notamment des forces des ordinateurs modernes », explique le PDG et cofondateur d’Asobo Studio Sebastian Wloch.
Le gel, l’effet des bosses sur les pistes au décollage, la consommation de carburant, la simulation de l’aérodynamisme et des mouvements de l’air tout autour de la planète : presque tous les systèmes ont été améliorés pour satisfaire les pilotes professionnels et amateurs qui achèteront le logiciel.
Microsoft Flight Simulator sera d’ailleurs aussi lancé avec des outils pour permettre à des développeurs tiers d’offrir du contenu supplémentaire, comme ils le font déjà avec les différents simulateurs sur le marché. « Des développeurs ont reproduit pas mal tous les avions qui existent. Certains travaillent sur des modèles d’avions de lignes aériennes depuis dix ans. C’était important de leur permettre de continuer de le faire », précise Jorg Neumann.
Reste maintenant à voir si les pilotes pourront voir ou non le Rocher Percé à bord de ces grands avions lorsque le jeu sera lancé en 2020.
Très intéressé mais…
J’ai investi à de nombreuses reprises dans FS jusqu’à FSX. Microsoft a abandonné et l’entreprise Steam a pris la suite avec FSX. Mon ordi ayant brisé, j’ai dû racheter FSX via Steam. Déception, certaines fonctions ont disparues dont notamment les inverseurs de poussée sur les jets qui permettaient aussi d’inverser le pas des hélices du Beach King Air. Est-ce que ces fonctions seront à nouveau disponibles ?
Je l’ignore. La version avant lancement que j’ai essayée n’offrait que trois appareils, mais aucun jet, ni King Air.
La version alpha sera bientôt disponible, peut-être que nous aurons la réponse.