Une cliente entre chez Leav, une boutique éphémère mise en place au début décembre au Centre Eaton à Montréal, qui offre quelques dizaines de produits faits au Québec. Le commerce ressemble aux autres établissements du centre commercial, à une différence près : il n’y a aucune caisse enregistreuse pour payer. La cliente regarde un peu et jette son dévolu sur un sac de café. Elle sort son téléphone, numérise le code-barre du paquet à l’aide d’une application web, place le café dans son sac et quitte l’établissement, sans montrer son reçu numérique ni son achat à personne.
« On a pris des technologies utilisées dans les entrepôts et on les a adaptées pour l’avant du magasin, pour permettre aux clients de payer avec leur téléphone », résume Olivier Roy, l’un des cofondateurs de Leav, une jeune pousse créée il y a un an à peine par trois anciens camarades de classe qui ont maintenant 21 ans. Ce mois-ci, l’entreprise présente pour la première fois sa technologie au grand public et aux commerçants, à qui elle souhaite vendre le concept.
Leav utilise principalement deux technologies différentes dans sa boutique éphémère : des codes-barres uniques (chaque exemplaire d’un produit est doté de son propre code-barre) et des étiquettes RFID, une technologie qui permet notamment de payer sans contact avec les cartes de transport en commun comme OPUS.

Quand un client entre dans la boutique, une affiche au mur l’invite à lancer un site Web à l’aide d’un code QR (ces codes carrés inspirés des codes-barres qui permettent de partager facilement des adresses Web). Lorsqu’il numérise le code-barre d’un produit avec son téléphone, celui-ci est ajouté à son panier d’achats. Il ne lui reste plus qu’à payer avec sa carte de crédit. Une base de données dans le nuage enregistre alors que l’exemplaire du produit qu’il a entre les mains a été payé.
Quand le client quitte la boutique, des antennes RFID situées au-dessus de la porte détectent qu’un objet sort de l’établissement. Puisque l’étiquette RFID unique est associée au code-barre unique du produit, le système est capable de déterminer que l’achat a été effectué correctement. Le client ne se rend compte de rien. S’il n’avait pas payé le produit, le système aurait identifié l’objet comme étant volé, et une alarme se serait activée. « Ça remplace l’aimant qui est enlevé à la caisse », résume Charles-Étienne Simard, un autre cofondateur de l’entreprise.

Le concept de payer sans caisse n’est pas nouveau. Aux États-Unis, le géant du commerce en ligne Amazon propose d’ailleurs dans quelques villes Amazon Go, une sorte de dépanneur sans caissiers.
La différence entre Amazon Go et Leav est toutefois de taille. Pour entrer dans Amazon Go, il faut inscrire ses informations personnelles dans une application et les boutiques sont envahies de caméras qui observent le client de tous les angles. Avec Leav, aucune information personnelle n’est enregistrée (même pas le numéro de carte de crédit). L’expérience est donc moins invasive pour le client.
Elle est aussi moins chère. « Les petits commerçants ne peuvent se payer une technologie comme Amazon Go, et même les caisses enregistreuses pouvant être utilisées par les clients dans les épiceries sont chères », observe Charles-Étienne Simard. Au minimum, Leav ne demande qu’un ordinateur et des codes-barres, puisque les commerçants ne sont pas obligés d’intégrer le système de sécurité avec étiquettes RFID. Le procédé est donc abordable et accessible à tous.
Même s’il n’y a pas de caisse enregistreuse à la boutique éphémère Leav, rien ne force les commerçants à pousser le concept à l’extrême de cette façon, précise Olivier Roy. « On va coexister avec les caisses pendant encore plusieurs années », prédit-il.
Ceux qui ne voudront pas payer avec leur téléphone pourront donc le faire de façon traditionnelle. Et puisqu’ils seront moins occupés à faire payer les clients, les caissiers auront plus de temps pour aider dans la boutique. « Un employé qui n’est pas affecté à la caisse génère plus de ventes. Et plus de clients vont acheter s’ils n’ont pas à faire la file. Pour les commerçants, c’est une solution idéale », croit Olivier Roy.
La présence du personnel risque d’ailleurs de réduire la tentation du vol à l’étalage, qui pourrait être plus grande dans un commerce sans aucun caissier (et sans les centaines de caméras d’Amazon Go).
Encore en développement
Leav n’est pas prête à conquérir le monde pour autant. La solution doit être peaufinée (l’intégration d’Apple Pay et de Google Pay n’était, par exemple, pas encore terminée au moment du passage de L’actualité dans la boutique) et des fonctionnalités doivent être ajoutées (pour que le système s’intègre à toutes les plateformes de paiement utilisées par les commerçants, notamment). L’entreprise, qui est pour l’instant financée par des investisseurs privés, en plus d’être épaulée par l’incubateur MT Lab, espère d’ailleurs faire une ronde de financement en 2021, ce qui pourrait lui permettre d’accélérer son développement.

Le prototype mis en place au Centre Eaton est toutefois parfaitement utilisable dès aujourd’hui, ce qui a nécessité de la part des cofondateurs des semaines de travail de plus de 110 heures au cours des derniers mois. Il était toutefois important pour les jeunes entrepreneurs d’avoir un prototype viable à temps pour la période des Fêtes, afin de faire essayer la technologie au plus grand nombre de clients possible.
« On sert des gens de tous les groupes d’âge, avec tous les types de téléphones. Ça nous permet de voir comment ils utilisent la technologie et comment on peut l’améliorer pour en faire une version commercialisable », note Olivier Roy.
La boutique éphémère de Leav, qui offrira différents produits québécois au moins jusqu’au début janvier, est aussi une carte de visite qui permet de présenter la technologie aux autres commerçants, pour répondre à leurs questions et mieux connaître leurs besoins. « Ce qu’on veut maintenant, c’est trouver des partenaires pour mettre sur pied des projets pilotes le plus rapidement possible », note Charles-Étienne Simard.
Le besoin d’une technologie du genre est criant, estime l’entrepreneur. La solution de l’entreprise est après tout sans contact, ce qui est pratique en temps de COVID-19, et elle aide les commerçants qui ont des problèmes à trouver du personnel. « On peut aider à affronter la crise dès maintenant, mais ce n’est pas tout, explique Charles-Étienne Simard. On répond aussi à un besoin qui est là pour plusieurs années. »
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